Étienne Blanc © Tim Douet
Étienne Blanc © Tim Douet

Municipales 2020 à Lyon : qui est Étienne Blanc ?

Encore méconnu à Lyon, Étienne Blanc, maire de Divonne-les-Bains et premier vice-président du conseil régional, sera le candidat Les Républicains à Lyon en 2020. Un homme politique autant salué pour ses talents d’orateur que critiqué pour son passé millonniste et son positionnement, qualifié de “très à droite” par ses opposants.

Nouveau venu sur la scène politique lyonnaise, Étienne Blanc a annoncé cette semaine sa candidature aux municipales à Lyon en 2020. Le premier vice-président du conseil régional, est encore peu connu entre Saône et Rhône. “L’homme est courtois. Cela tranche avec la brutalité de Laurent Wauquiez”, juge l’ancien président du conseil régional Jean-Jack Queyranne, qui le connaît depuis 1998. Un point de vue partagé par Jean-Charles Kohlhaas, élu RCES à la région : “C’est vrai qu’il est beaucoup plus rond et moins abrupt que Laurent Wauquiez, qui coupe la parole et n’écoute pas. Mais, s’il est ouvert au dialogue, il ne donne jamais gain de cause.” Hubert Bertrand, qui a siégé dans l’opposition d’Étienne Blanc à la communauté de communes du pays de Gex, ne dit pas autre chose. “Ce n’est pas quelqu’un de désagréable. Si l’on devait choisir quelqu’un pour partir en vacances, on choisirait plutôt lui que Wauquiez. Si, politiquement, nous n’étions pas d’accord, nous avons travaillé ensemble de façon courtoise”, estime le maire de Saint-Genis-Pouilly, qui regrette cependant la pratique “sectaire” d’Étienne Blanc dans le pays de Gex : “Il défendait l’intérêt exclusif de ceux qui pensaient comme lui.” Hubert Bertrand salue malgré tout le “talent oratoire indéniable” du (toujours) maire de Divonne-les-Bains. Un atout, s'enthousiasme Alexandre Vincendet, le président de la fédération LR du Rhône : “C’est un orateur exceptionnel. Il fait partie de ces hommes politiques avec une capacité oratoire hors du commun et ça va peser lourd dans la campagne.”

“Un faux modéré”

Si ses opposants louent le sens du contact humain d’Étienne Blanc, ils sont beaucoup plus critiques sur sa ligne politique. “Il cache très bien son jeu, mais est au moins aussi rétrograde que Laurent Wauquiez. C’est la droite la plus extrême que l’on puisse imaginer”, attaque Jean-Charles Kohlhaas. “Il ne faut pas oublier que c’était le premier lieutenant de Millon et il ne l’a jamais contesté, abonde Jean-Jack Queyranne. Je pense que c’est un faux modéré. Je ne dirais pas qu’il est plus dur que Wauquiez, mais que les deux sont plutôt très synchro. Étienne Blanc est un vrai homme politique de droite : conservateur, mais sans agressivité et brutalité.” “Des caricatures”, selon Alexandre Vincendet. “Étienne Blanc a deux valeurs cardinales : loyauté et fidélité, envers sa famille politique, envers ses convictions et ses concitoyens. C’est quelqu’un de profondément humain qui a des valeurs sur le fonctionnement des institutions, l’Europe, la décentralisation, le développement durable. Je pense que son positionnement est le centre d’équilibre de la politique lyonnaise”, déroule le maire de Rillieux-la-Pape, sans doute désireux de balayer tout procès en parachutage.

Procès en parachutage

Le procès craint par Alexandre Vincendet a déjà débuté. “Les Républicains doivent être très mal pour parachuter un maire de l’agglomération de Genève pour être candidat à la ville de Lyon. C’est une vision de la politique qui me coupe les bras”, tance Jean-Charles Kohlhaas, qui ne voit pas comment Étienne Blanc peut convenir à Lyon : “Les électeurs centristes ne pourront pas s’y retrouver avec lui. Même la droite lyonnaise est humaniste, et il n’est pas dit que ce qu’il a fait avec Millon en 1998, il ne le refasse pas à Lyon, où la majorité au second tour sera relative.” Hubert Bertrand ne voit pas son homologue du pays de Gex réussir à Lyon : “S’il correspondait très bien à la population très aisée de Divonne-les-Bains, Lyon est très différente. Pour nous, Lyon est une ville de la bourgeoise éclairée. Lui est plutôt issu d’une bourgeoisie plus sectaire. Il peut avoir un effet momentané parce que ce talent oratoire peut séduire, mais ça va être plus compliqué durant la campagne.” Jean-Jack Queyranne est moins tranché : “Il peut correspondre au caractère lyonnais de courtoisie, d’écoute, de tempérance et de relationnel.” Alexandre Vincendet en est lui persuadé, Étienne Blanc est le candidat idoine à Lyon : “Il colle parfaitement à l’histoire politique lyonnaise. Il vient de l’UDF et a été un soutien actif de Raymond Barre. Il est lyonnais jusqu’au bout des ongles”. L’intéressé a dix-huit mois pour le prouver.


LE PARCOURS POLITIQUE D’ÉTIENNE BLANC

Candidat à l’élection municipale de 2020, comme il l’a annoncé à Lyon Capitale ce mercredi, Étienne Blanc a déjà une longue carrière politique derrière lui. Débutée en 1983, avec son élection au conseil municipal de Bourg-en-Bresse. Une ville où il s’installe en 1978 quand il ouvre son cabinet d’avocat après des études de droit. Tout s’enchaîne très vite pour ce fils d’un industriel de la région lyonnaise. Élu maire de Divonne-les-Bains (dans l’Ain frontalier de la Suisse) en 1991, il entre au conseil régional l’année suivante. Où il devient rapidement le bras droit de Charles Millon.

  • Rappel historique : après les élections régionales de 1998, Charles Millon (UDF), à égalité avec la gauche plurielle, décide d’accepter les voix des élus du Front national pour obtenir la majorité absolue. Le tollé est énorme dans la région et même dans l’Hexagone. Charles Millon est exclu de l’UDF, avec Jacques Blanc (Languedoc-Roussillon) et Charles Baur (Picardie) ; l’élection est attaquée et une requête en annulation est déposée par Étienne Tête (Les Verts) – celui-ci argue d’un bref débat qu’il y aurait eu avant le vote entre Charles Millon et Bruno Gollnisch (FN) sur leurs programmes respectifs, débat qui contrevient au Code électoral. L’élection est annulée et l’exécutif dissous.

Étienne Blanc, vice-président de Millon pendant neuf mois, est durablement marqué. “Certains de mes amis politiques ont cessé de me dire bonjour. Et j’ai le souvenir d’une réunion publique à Grenoble, peu après le scrutin, qui s’est tenue sous les huées, les jets de tomates et même de melons”, a-t-il confié au journal L’Express. Il poursuit sa carrière dans sa mairie, au bord du lac Léman, et à l’Assemblée nationale, où il est élu trois fois député de 2002 à 2016. Un siège qu’il quitte pour revenir au conseil régional avec Laurent Wauquiez en 2015. Et redevenir vice-président, un peu plus de dix-sept ans après l’affaire Millon.

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