Ma fin d’après-midi avec les Gilets jaunes

Édito – Samedi, en fin d'après-midi, une quarantaine de Gilets jaunes est venue nous rendre visite à Sud Radio (propriété comme Lyon Capitale de Fiducial Médias). Avec Bruno Dubois, notre directeur d'antenne, nous les avons reçus, avec joie et enthousiasme. En fait, ils nous ont chaleureusement remerciés et encouragés.

"Vous êtes le seul média à nous respecter et à nous donner vraiment la parole. Et même quand vous recevez des gens qui ne sont pas d'accord avec notre mouvement, on peut toujours faire valoir notre point de vue, c'est équilibré et honnête, on tenait à vous le dire. Ça n'existe plus du tout dans les médias traditionnels, qui nous méprisent et racontent n'importe quoi, parce qu'on ne fait pas partie de leur monde et qu'ils ne comprennent pas -ou ne veulent pas comprendre- le nôtre."

On est ensuite allé boire un coup au bar-tabac près de la radio. Je n'ai pas pu payer ma tournée. J'étais leur invité. On a parlé, de la France, de l'Europe, de géopolitique, de philosophie, de musique, de littérature, d'économie, de PIB, du RIC, de la dette, de la vie...

C'est qu'ils sont diablement informés et cultivés les bougres ! Très loin de l'image dont certains les affublent, en criant à la théorie du complot, aux "mouvements souterrains" et autres forces occultes qui les "manipuleraient de l'intérieur". Tiens, j'aimerais vous y voir : essayez de les enfumer en les regardant au fond des yeux, qu'on rigole un peu...

Ils savent faire la différence entre la vraie vulgarité -patiemment enrobée dans des oxymores, des anaphores et des paraboles à deux balles- et la tendresse, BORDEL.

Il y avait des jeunes et des moins jeunes, des femmes et des hommes, des soudeurs, des aides-soignant(e)s, des agriculteurs (permaculture), venus d'Ardèche, d'Avignon ou de la région parisienne. Certains dormant dans leur fourgon pour être ici aujourd'hui et jaunir la campagne dès l'aube, sinon la battre.

Ils ne sont pas de droite. Ils ne sont pas de gauche. Ils se moquent bien de toutes les étiquettes qu'on veut bien leur coller sur le gilet pour les classifier, les hiérarchiser et au final les discréditer.

Ce sont des Français qui ont de plus en plus de mal à joindre les deux bouts et qui n'en peuvent plus d'un système qui leur promet sans cesse des lendemains qui chantent. Chanter, ils savent faire tout seuls, et plutôt pas mal. Les lendemains ? Merci pour eux, ils sont toujours debout. Les promesses ? Elles n'engagent, on le sait, que ceux qui les reçoivent. Et ceux que j'ai vus sont plutôt enclins à tout donner.

ILS VEULENT VIVRE DE LEUR TRAVAIL !

Il y a une semaine, j'écrivais, "chaque fois que je vois un Gilet jaune, j'ai envie de le serrer dans mes bras. On ne peut pas aimer la France et ne pas être touché par les Gilets jaunes". Ce soir, ce sont eux qui m'ont vraiment pris dans leurs bras. Les bras de la France, à la fois doux et noueux. Et les bras, c'est tout ce qui nous reste, quand on nous a fait les poches et qu'on a un gilet sur le dos.

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