Assemblée générale des Gilets jaunes de Lyon, lundi 7 janvier, devant la Bourse du travail © Lyon Capitale
Assemblée générale des Gilets jaunes de Lyon, lundi 7 janvier, devant la Bourse du travail © Lyon Capitale

À Lyon, les gilets jaunes s’organisent malgré les divergences

L’assemblée populaire des gilets jaunes de Lyon s’est réunie pour la troisième fois lundi soir à la Bourse du travail. Une réunion s’inscrivant dans l’organisation progressive du mouvement, qui ne va pas sans désaccords entre participants.

Faire converger les actions et revendications, s’organiser en respectant l’exigence d’horizontalité. Réunie pour la troisième fois lundi soir à la Bourse du travail, “l’assemblée populaire des gilets jaunes de Lyon” s’attèle à faire émerger une structure, non sans heurts et balbutiements. Ils étaient un peu plus de 300 (contre 600 la semaine passée) à se réunir dans une salle de la Bourse du travail, encore une fois à l’appel du groupe facebook Gilets Jaunes Lyon Centre. Sans perdre de temps, ses administrateurs veulent rassembler l’assistance en commissions de travail, dans le prolongement de l’assemblée précédente. “Il faut faire un bilan de ce qu’il s'est passé samedi, il y a eu des choses scandaleuses”, objecte une voix sortie de la masse, interrompant l’un des organisateurs au micro. Après un temps d’hésitation, ce dernier s’incline devant l’approbation de la foule.

Des actions contestées

“J’étais membre de la commission action la semaine dernière, nous avions proposé un rassemblement à Fourvière et écarté un départ de Gerland”, rappelle le contestataire une fois arrivé au pied de l’estrade en bois, faisant face aux rangées de participants. “J’ai appris sur facebook la veille que le départ du matin était déplacé et qu’on se retrouvait à Gerland l’après-midi, s’énerve ce cinquantenaire à barbe blanche. Il faut toujours partir de Bellecour, c’est le point de rassemblement connu de tous.” La modification a été décidée par les administrateurs de Gilets Jaunes Lyon Centre. “Il y avait des raisons de sécurité, les street- medics (soigneurs volontaires en manifestation, ndlr) nous ont avertis qu’il y aurait des groupes d’extrême-droite à Fourvière, se défend l’un d’entre eux. Et l’hommage aux gilets jaunes décédés et blessés partant de Gerland était prévu par deux autres groupes qui n’ont pas voulu y renoncer, donc nous avons essayé de fusionner”.

Au-delà du week-end dernier, les gilets jaunes évoquent les suites à donner à la mobilisation. “Il faut déposer les autorisations en préfecture”, estime un cinquantenaire clignant nerveusement des yeux. "À chaque fois qu’on sort on se fait gazer, à quoi ça sert ?”, poursuit-il en haussant le ton face aux protestations. “Qu’on déclare ou pas, on se fait toujours gazer”, lui répond un autre participant. Les réflexions fusent sur les actions à mener : il faut aller à la mairie pour interpeller Gérard Collomb “sans qui Macron ne serait jamais devenu président”, lance un tribun. Plutôt que bloquer les automobilistes sur l’A7, “faire perdre du chiffre d’affaires aux commerçants en circulant sur les voies piétonnes” pour un autre. Si les idées ne manquent pas, leur mise en œuvre est moins évidente : “il faut que les gens qui proposent prennent un minimum en charge l’organisation”, s’agace un des administrateurs de Gilets Jaunes Lyon Centre.

Vers un programme commun

Dans cette fabrique du mouvement social, tout le monde n’est pas forcément le bienvenu. Les médias d’abord, ou sous conditions : en début d’assemblée, les gilets jaunes se prononcent largement contre la prise d’images de la réunion, excluant cameraman et photographes. Les journalistes papier sont autorisés à rester, sous condition d’un “droit de regard” sur leurs notes - une exigence restée lettre morte. Au sein de la “commission action”, un vote conduit Lyon Capitale vers la porte de sortie. L’extrême-droite ensuite, dénoncée par plusieurs intervenants : “combien de temps on va accepter que le Bastion social vienne dans nos manifs, nous pète la gueule dès qu’on chante des slogans antifascistes ou anticapitalistes ?”, s’indigne l’un d’eux, largement applaudi. “Nous sommes les gilets jaunes, sans étiquette de gauche ou de droite”, nuance une oratrice, renvoyant extrême-droite et extrême-gauche dos à dos.

Malgré les divergences, l’assemblée avance dans la définition de ses actions et doléances. Pendant le défilé au micro, des feuilles distribuées par la “commission revendications” circulent entre les chaises. Cochant des cases prévues à cet effet, les participants y indiquent le degré de priorité qu’ils attribuent à une cinquantaine de mesures proposées la semaine passée. De quoi déboucher sur un programme officiel d’ici à la prochaine rencontre. À la fin de la réunion, les actions du samedi 19 janvier sont votées par l’ensemble des personnes restantes (une petite moitié de la foule initiale). Contrairement à la semaine précédente, où les décisions de la “commission action” avaient seulement été annoncées. Les participants s’entendent pour se focaliser sur la Presqu’île, le rassemblement de 14h à Bellecour étant rétabli. Autre rendez-vous, acté sans avoir eu besoin d’être évoqué : une nouvelle assemblée populaire lundi prochain, toujours à la Bourse du travail.

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