Le cortège des lycéens et collégiens pour le climat à Lyon, le 15 mars. (ET/Lyon Capitale)

Tribune : le monde de la culture avec la jeunesse pour le climat

Le metteur en scène lyonnais Joris Mathieu a publié une tribune, co-signée par de nombreux acteurs du monde de la Culture, afin de soutenir le mouvement mondial de la jeunesse pour le climat.

A l'orée d'un week-end marquée par les mobilisation pour le climat, Joris Mathieu, metteur en scène et directeur du Théâtre Nouvelle Génération, CDN de Lyon, a écrit et publié, ce jeudi 14 mars, un texte de "soutien au mouvement lancé par la jeunesse du monde entier devant la situation climatique". Intitulée "Le monde de la culture se mobilise aux côtés du mouvement mondial pour la jeunesse", cette tribune a été co-signé par un ensemble d’acteurs de la culture. Elle a été relayée sur les réseaux sociaux avec un appel à signature. Le texte s'ouvre par un dialogue imaginaire "monté à partir du discours de Greta Thunberg le 3 décembre 2018 à la COP 24 et les vœux aux Françaises et aux Français du Président de la République le 31 décembre 2018". Lyon Capitale publie ici, une synthèse de cette tribune, dont l'intégralité est disponible en ligne (lire ici).

Synthèse du texte :

1- Les signataires saluent la maturité et la lucidité de cette jeunesse et disent en quoi ils partagent l'urgence de ses revendications pour retrouver une société équitable qui respecte l'humain et l'environnement.

"Il y a en ce moment un mouvement de la jeunesse qui prend forme partout dans le monde et en France. Un mouvement de la jeunesse qui fait preuve d'une lucidité, d'une maturité et d'un courage, qui manquent aux adultes en responsabilité que nous sommes. (...) Ce mouvement prend son essor et nous avons le devoir de nous laisser emporter avec lui. Nous devons y puiser l'énergie nécessaire pour nous mettre réellement à l'arrêt d'abord, avant de reprendre une meilleure route. Car il ne s'agit plus seulement de sortir le stylo pour amender, raturer, reformuler un scénario éculé, mais bien d'inventer une nouvelle histoire. Le défi est de taille et il est à relever collectivement."

"De là où nous sommes au travail, de là où nous sommes en responsabilité, nous faisons face aux paradoxes néfastes de la surproduction et de la surconsommation. Nous observons et vivons les effets de l'agression permanente que le système ultralibéral fait subir à la planète et à ces habitant.e.s. Cette interpellation sur l'absence de maturité suffisante des adultes, nous la prenons aussi pour nous. Car, oui, nous savons en effet qu'il est aujourd'hui nécessaire de mettre la machine à l'arrêt. Nous le savons mais nous ne le faisons pas. Et le Burn Out global nous guette."

2 - À travers le montage d’un dialogue, dans lequel se répondent les mots de Greta Thunberg lors de son discours à la COP 24 et ceux du président de la République lors de ces vœux aux Français et aux Françaises, les signataires soulignent le constat commun né de ces deux paroles : L'urgence d'affronter la réalité telle qu'elle est, et la nécessité d'accepter que nous vivons la fin d'un modèle économique, social et politique

"A bien des égards, le constat du président de la République, dans les vœux qu'il nous a adressés pour 2019, semble similaire à celui de la jeune suédoise. Après nous avoir dit que : "Le capitalisme ultralibéral et financier trop souvent guidé par le court terme et l’avidité de quelques-uns, va vers sa fin", il a formulé pour notre pays et ses résident.e.s : un vœu essentiel, un vœu de vérité et une invitation au débat."

"Nous nous saisissons aujourd'hui de cette invitation pour faire émerger ce qui ressemble à un vœu commun : celui d'entrer dans une nouvelle ère, celle de l'honnêteté intellectuelle. Ce vœu est bien aussi le nôtre et pour ne pas "débattre du faux", "pour ne pas nous égarer sous l’impulsion d’intérêts particuliers", et pour parler "sans ambiguïté", il nous semble essentiel de souligner d'abord que la réalité première tient en une phrase : Nous vivons la fin d'un modèle politique, économique et social."

3 - Ils soulignent le manque collectif d'imagination pour réussir à penser en dehors d'un système que nous savons mortifère, alertent sur notre devoir d'anticipation et sur notre incapacité à renoncer au confort.

"Attendre la fin, retarder la fin, sont des projets vains qui ne nous mènent qu'à l'inévitable catastrophe. Et nous savons pertinemment, toutes et tous, que nous avons le devoir d'anticiper."

"Nous manquons d'imagination parce que nous n'avons rien connu d'autre que le système dans lequel nous sommes nés. Même ses plus farouches opposants n'arrivent à se définir que par rapport à lui. La paupérisation, les divisions, les oppositions et le traitement des urgences que le capitalisme outrancier génère, nous ont vaincues. Nous défendre contre ses assauts quotidiens a fini par capter tout notre temps et toute notre énergie. Et face aux pronostics cauchemardesques pour notre planète, nous restons interdits, incapables de renoncer au confort - ou aux promesses de possible confort - que ce modèle nous offre."

4 – Ils s'engagent à être aux côtés de la jeunesse pour créer, penser, de nouvelles représentations du monde et de nouvelles manières d'y vivre et d'y travailler.

"Nous voulons dire à la jeunesse qui se mobilise aujourd’hui, et qui choisit sa forme d’engagement loin des débats formatés, que nous, artistes et directeur.rice.s d’institutions culturelles, serons à ses côtés. Que nous voulons nous mettre à son écoute et même à son école, pour imaginer demain. Que nous partageons avec elle l'urgence de chercher, symboliquement par l'Art, mais aussi concrètement dans nos manières de vivre, de travailler et de produire la rencontre, de nouvelles représentations possibles du monde."

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