La Ville de Villeurbanne présentait ce matin le rapport final de la mission "Accueillir à Villeurbanne". Parmi les quatorze propositions du jury citoyen missionné en 2017, l'occupation temporaire de bâtiments publics désaffectés a les faveurs du maire Jean-Paul Bret.
Va-t-on vers la création de squats labellisés à Villeurbanne ? C'est en tout cas l'idée soumise par la mission "Accueillir à Villeurbanne" engagée par la mairie il y a maintenant deux ans. Un jury citoyen, composé de 26 habitants, a présenté ce matin les conclusions de son rapport en présence du maire Jean-Paul Bret et du directeur général d'Est-Métropole Habitat Cédric Van Styvendael, à qui la mission a été confiée. Au total quatorze propositions pour favoriser l'accueil des migrants et des personnes en situation de fragilité. Parmi ces pistes, l'une d'entre-elles a retenu l'attention de Jean-Paul Bret : la possibilité de faire occuper temporairement par des "personnes aux droits incomplets" des bâtiments publics désaffectés. "Nous sommes déjà engagés sur cette proposition de "squats officiels", pour provoquer un peu, a avoué le maire. On sait que c'est une demande qui est régulièrement faite de la part des associations qui accompagnent les migrants". Chaque année, en moyenne, près de 1000 migrants passent par Villeurbanne "selon les chiffres du Forum Réfugiés", a précisé Jean-Paul Bret.
"Cela suppose une collaboration de la Métropole et de l'Etat"
Dans l'idée, la Ville souhaite prendre exemple sur ce qui s'est fait pour le projet de l'Autre Soie. Les locaux de l'ancien IUFM des Brosses ont été mis à disposition d'associations culturelles, de solidarité ou encore d'éducation à la citoyenneté dans l'attente de travaux. Le lieu avait notamment été aménagé pour recevoir entre 100 et 150 réfugiés en provenance de la jungle de Calais. Encore faut-il convaincre les autres partenaires que sont la Métropole et l'Etat. "Cela suppose de leur part une collaboration, a ajouté Jean-Paul Bret. Aujourd'hui, la Métropole est dans le jeu pour faire un inventaire des lieux potentiellement intéressants." Dans le cas d'une réquisition allant d'un à trois ans, la Ville pourrait prendre en charge les frais de fluides et les travaux d'entretien. Villeurbanne envisage aussi la construction de modulaires sur certains terrains.
"Il suffit de peu de choses pour qu'un lieu devienne accueillant"
Reste à trouver ces lieux d'une part, et à faire en sorte qu'ils conviennent à toutes les parties prenantes. "La Métropole a fait deux propositions mais elles ne me semblent pas très opérationnelles", a confié le maire villeurbannais. La première dans le secteur de La Feyssine habitée, où le terrain n'est, selon l'édile, "pas viabilisé" à cause de la proximité du canal ou encore de l'absence d'égouts. La deuxième dans la future zone d'aménagement concerté du quartier Grand Clément, où des squats ont déjà été ouverts. Le maire socialiste a par ailleurs souhaité saluer l'exemple des squats de Cusset tels que l'Amphi Z : "Quand on voit comment ils sont occupés sans encadrement, ça montre qu'il suffit de peu de choses pour faire qu'un lieu devienne accueillant." Dans le cas où une telle mesure serait mise en œuvre, Villeurbanne pourrait faire office de territoire d'expérimentation dans la métropole lyonnaise.
Un guichet unique et des bains-douches parmi les mesures
L'occupation temporaire de bâtiments publics désaffectés ne représente qu'une mesure parmi d'autres préconisées par le jury citoyen composé de volontaires et de tirés au sort. "On a voulu travailler autour de trois dimensions clés, a expliqué Cédric Van Styvendael. Il y a la compréhension du droit, l'écoute des personnes accueillies et la volonté de ne pas créer de décalage entre accueillants et accueillis." Pour cela, la mission prône notamment la création d'un lieu unique d'accueil de jour multi-services. Ce guichet aurait ainsi pour vocation de coordonner l'ensemble des acteurs de l'accueil. La mise en place d'une équipe mobile d'information et d'accompagnement sur l'accès aux droits est aussi évoquée, à l'image du bibliobus villeurbannais, afin d'aller vers les personnes en situation de fragilité. La mission espère aussi initier des événements interculturels afin de favoriser l'intégration des migrants. Autre projet contenu dans le rapport, la création de bains douches municipaux. "L'hygiène étant très importante, c'est une mesure que j'aurais tendance à prioriser", a précisé Jean-Paul Bret. Depuis la fermeture des bains douches du 1er arrondissement en 2016, il n'existe aujourd'hui plus qu'un seul dispositif de ce genre à Lyon, dans le 7e arrondissement.