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Toujours plus de cyclistes à Lyon : La Ville à Vélo imagine l'avenir

Chaque année, l’usage du vélo progresse entre 10 et 15% sans discontinuer depuis 10 ans à Lyon. Et le phénomène ne s’estompe pas. Au contraire. Cela sera un véritable enjeu des campagnes électorales de 2020 à Lyon et dans la Métropole. La principale association de promotion de l’usage du vélo à Lyon livre à Lyon Capitale ses aspirations pour 2020.

Association de promotion de l’usage du vélo dans la métropole lyonnaise, « La Ville à Vélo » a de plus en plus l’oreille des élus lyonnais et grands-lyonnais. L’association, qui revendique près de 1200 adhérents actuellement, vise les 2000 adhérents au printemps 2020, pour être dans les 3 plus importantes associations cyclistes françaises.

Fabien Bagnon, co-président de « La Ville à Vélo » fait le point pour Lyon Capitale sur les grands chantiers de 2020, année évidemment électorale. Et précise les aspirations de l'association pour la période 2020-2030.

LYON CAPITALE : Comment jugez-vous l’évolution de la pratique vélo à Lyon ?

FABIEN BAGNON. Sur l’usage, l’amélioration est impressionnante. Sur l’année 2018, on est sur une augmentation de 10% par rapport à 2017. C’est presque modeste, car sur les 10 années précédentes, on était en moyenne à +14%. La dynamique continue. On n’est pas sur un usage ponctuel, sur un effet de mode. C’est une tendance bien ancrée et qui doit se poursuivre. L’amélioration du maillage augmente la fréquentation. À chaque fois qu’un aménagement est réalisé, qu’un point noir saute (le prochain sera celui du pont de la Mulatière), le trafic en quelques mois explose. L’usage du vélo était quelque chose de marginal. Aujourd’hui, cela suscite l’intérêt. On tournait autour de 600km de voies cyclables en 2014. On avait beaucoup milité pour un changement de braquet. Ça n’a pas complètement répondu à notre demande, mais il y a eu de réelles avancées. Gérard Collomb s’était fixé l’objectif des 1000km de voies cyclables sur la Métropole. La métropole tourne autour de 70-75km d’aménagement cyclable par an (pistes, bandes, voies vertes). C’est déjà bien. Et si on développe les aménagements en périphérie, ça ne va faire qu’amplifier le mouvement.

Les mentalités ont évolué sur le vélo ?

Il y a une évolution culturelle depuis 6 ans qui est très nette. On a été entendus en 2014, mais on n’était pas forcément encore vus comme une mobilité crédible et de masse. Avec l’évolution culturelle et l’évolution du trafic, les principaux élus prennent vraiment cette solution au sérieux désormais. Sur Lyon et Villeurbanne, ça commence à devenir un transport de masse. On  veut marteler le fait que ça peut aussi devenir un transport de masse pour la première couronne de la Métropole. La donne a aussi changé avec le vélo à assistance électrique. On peut projeter l’usage du vélo sur des distances supérieures. Avant, les élus s’amusaient quand on leur parlait du vélo, ils pensaient que c’était réservé à des gens uniquement sportifs.

Vous allez faire signer quelque chose aux élus en 2020 ? Un pacte ? Vous allez vous situer comment ?

Je ne suis pas sûr qu’on ait besoin de leur faire signer, il y a déjà un vif intérêt. On travaille sur un réseau express vélo. On est en train d’en définir les grandes lignes. Un travail, un maillage qu’on publiera cet été. En parallèle, on demande des aménagements plus qualificatifs, notamment pour permettre un usage vers d’autres populations. Clairement, il y a de plus en plus d’usages différents, avec par exemple des jeunes enfants avec leurs parents. On considère que la ville doit être cyclable à tous les âges de la vie. C’est un discours qu’on va faire monter. On ne voit pas pourquoi la ville ne deviendrait pas cyclable de 5 à 105 ans. Aujourd’hui, on a surtout des étudiants, des gens qui vont travailler et quelques retraités. Mais globalement, il faut proposer des itinéraires plus rassurants.

Quelles sont vos grandes revendications pour 2020 (pour les municipales et les métropolitaines) ?

  • Un réseau express vélo entre les premières et deuxièmes couronnes et Lyon (lignes radiales et concentriques de banlieue à banlieue)
  • Une montée en gamme du réseau : aménagements plus larges pour répondre à la hausse continue du trafic et plus confortables pour permettre la pratique du vélo de tous les publics de 5 à 105 ans.
  • 2000 km d'aménagements cyclables sur la Métropole de Lyon (contre 1000 actuellement) et 600 km sur Lyon
  • 70 000 places de parking, dont 7 000 sécurisées
  • Une Métropole 30km/kh
  • Une presqu’île apaisée et cyclable digne d'une grande métropole européenne.
  • La possibilité de mettre les vélos dans les trams et les métros en dehors des heures de pointe

 L’effort doit-il être fait en dehors de Lyon et Villeurbanne, sur les villes à proximité ?

Sur Lyon et Villeurbanne, on commence à avoir un réseau maillé satisfaisant. L’effort doit être poursuivi dans les arrondissements les moins centraux de Lyon et sur la Presqu’île. On demande aussi que la zone 30 qui est en cours de déploiement se généralise à Lyon et Villeurbanne. L’une de nos demandes est de passer en Métropole 30, comme à Grenoble. Pour Lyon et Villeurbanne, on va demander une montée en gamme. Il fallait finir de mailler sur Lyon et Villeurbanne pour rendre un maximum de territoires cyclables. Certains aménagements commencent à être un peu sous-dimensionnés par rapport à la fréquentation.

Comment voyez-vous l’arrivée en masse des trottinettes ?

On n’a pas de réticence particulière. Il faut juste que le gouvernement relégifère sur leurs positionnements sur la chaussée. À partir du moment où elles rouleront à plus de 6km/h, on va les retrouver sur des aménagements cyclables. Ça nous va. C’est une opportunité. Ça renforce encore l’usage des aménagements cyclables. Ça les optimise aussi. Ça nous permet aussi de peser vis-à-vis des élus. Les mobilités se développent, il faut des aménagements, et plus larges. C’est logique avec le rééquilibrage de la voirie.

Vous militez aussi pour une évolution de la part modale ?

Oui.  À Lyon, on est encore à 60-65% d’espace de façade à façade alloué à la voiture, en stationnement ou en circulation. L’objectif de la Métropole est à 8% de part modale. Nous, on pense que c’est extrêmement modeste pour 2030. On peut espérer atteindre 10% en 2026 puis 15% en 2030 sur Lyon-Villeurbanne.

Que répondez-vous aux critiques sur les cyclistes qui ne respectent pas le Code de la route ?

On est largement interpellés là-dessus. On appelle à un partage le plus harmonieux possible de la voirie, on en est loin, au respect des autres usagers. Pendant quelque temps, c’était un peu un sujet tabou. Il y a de fortes tensions sur la voirie. Chacun a l’impression d’être dans son bon droit. Ça nous parait assez normal d’appeler à plus de respect.

À Lyon, quels sont les grands chantiers ?

Les quais du Rhône rive droite doivent être aménagés. Ça n’a pas bougé depuis les années 70. Cette rive droite est restée avec une emprise voiture extrêmement forte. Et puis il y a la Presqu’île. Actuellement, il n’y a aucun axe cyclable fort sur la Presqu’île. Ce sera l'une de nos revendications fortes. Quand on fait Perrache - Hôtel de Ville, c’est très compliqué… Il faut une Presqu’île cyclable digne d'une grande métropole européenne.

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