Bruno Bonnell a beau jurer que “les européennes seront un moment charnière”, il a bien du mal à enflammer la salle à moitié vide du meeting “national” des listes En Marche – pardon, de la liste “Renaissance” – ce 11 avril à Villeurbanne. Il faudra cette fois trouver mieux que le seul argument d’une arrivée, probablement massive, des partis d’extrême droite au Parlement européen pour mobiliser les électeurs le dernier dimanche de mai.
C’est un paradoxe : les Français répètent leur envie d’une Europe plus démocratique et boudent les élections de son instance la plus démocratique, élue à la proportionnelle, ce qui permet à certains parlementaires investis et iconoclastes de faire un travail parfois admirable. Beaucoup d’autres ne profitent des facilités et indemnités parlementaires que pour exister dans le débat national, ne se rendant à Bruxelles et Strasbourg que pour copier-coller des textes fournis par des lobbyistes. Ce n’est pas le cas des deux élues sortantes de la région qui sont en bonne position pour retrouver leur siège : l’écologiste Michèle Rivasi, dont personne ne conteste l’utilité de son travail d’alerte sur les lobbys, même si elle aurait pu éviter de s’enticher d’anti-vaccins scientifiquement disqualifiés, ou la socialiste Sylvie Guillaume, très active pour trouver des solutions européennes aux questions migratoires. Toutes deux seront en 2e position sur leurs listes respectives. Ailleurs, il faudra regarder un peu plus dans les abysses pour trouver des candidats régionaux en position éligible : bien que 17e de la liste Renaissance, la cancérologue Véronique Trillet-Lenoir semble avoir plus de chance de voir Strasbourg que la revenante Nora Berra (2e de la liste UDI), le philosophe-garde du corps Benoît Schneckenburger (12e de la liste France Insoumise) ou encore Philippe Meunier (LR) et la Savoyarde Marie Dauchy (RN), premiers régionaux mais seulement 21e et 24e de leurs listes respectives. L’abandon des grandes circonscriptions régionales semble avoir favorisé les candidatures parisiennes et les batailles d’egos censées régler les questions de leadership dans les différentes nuances d’opposition. Nous essaierons d’inverser la tendance le temps d’une soirée en les invitant à un grand débat européen devant les étudiants de l’IEP de Lyon*.
Ce sera un début de soirée pour parler Europe, donc pas de la bataille désormais ouverte entre David Kimelfeld et Gérard Collomb, qui font un effort commun pour se tenir à distance d’européennes trop mal engagées pour apporter un quelconque bénéfice à celui qui mouillerait sa chemise. Gérard Collomb fait pourtant partie de ceux qui ont le mieux théorisé l’intérêt pour les métropoles comme Lyon de jouer la carte européenne. Dans un documentaire de Guillaume Tanhia et Jean-Olivier Arfeuillère réalisé en 2003, il voyait déjà sa ville redevenir “une grande capitale européenne”, renouant avec la période de la Renaissance durant laquelle Lyon était une capitale économique incontournable : “À l’époque, on vivait dans une Europe des villes, et Lyon était totalement à l’aise. Puis est venue la période de l’État-nation, or l’État-nation, c’est la capitale. Lyon est une ville-frontière, un peu en marge. Et quand renaît tout d’un coup une Europe, que les frontières tombent, notre situation géographique valorise à nouveau la ville”, expliquait-il alors. Quinze ans plus tard, on peut reprocher à Collomb de toujours s’approprier le développement d’une ville portée par bien d’autres moteurs, mais il faut lui reconnaître qu’il est parvenu à en transformer l’image, sans doute d’abord aux yeux des Lyonnais eux-mêmes. De la culture à l’industrie, en passant par le tourisme d’affaires, beaucoup d’entre eux font désormais le pari d’enjamber l’échelon national, où ils seront toujours perçus comme des “provinciaux”, pour miser sur l’Europe. Un pied à Lyon, l’autre dans le monde.
Rennes#PSG. Pire qu'une bronca, l'indifférence envers Jupiter, c'est dire !