Ce mois-ci c’est la photographie qui est à l’honneur dans notre itinéraire d’expositions, qui nous mènera jusqu’à Valence (Salgado le vaut bien). Et bien plus loin encore grâce aux œuvres elles-mêmes, des Amériques à la Syrie en passant par Dubaï. Bon voyage, et n’oubliez pas d’emporter un livre.
Salgado, des Amériques à Valence
De 1977 à 1984, Sebastião Salgado parcourt l’Amérique latine. Il visite des villages montagnards souvent inaccessibles et photographie son périple, qui évoque la persistance des cultures paysannes et indiennes ainsi que leur résistance culturelle. Des murailles de l’Altiplano à la Sierra Madre, est évoquée une simplicité de la vie rurale et le mysticisme qui l’entoure. On peut retrouver les photographies dans un ouvrage devenu une référence.
Sebastião Salgado / Autres Amériques – Jusqu’au 15 septembre au Centre du patrimoine arménien (Valence)
Le petit théâtre photographique de Lagarde à la Croix-Rousse
Michel Lagarde, décorateur, scénographe, dessinateur et comédien, s’est improvisé photographe en enrichissant ses dessins par la photo. Certaines d’entre elles se présentent comme des tableaux qu’il modifie grâce à l’utilisation d’un pinceau Photoshop. Il nomme “dramagraphies” ses autoportraits photographiques empreints d’humour et d’une dérision de doux dingue. Il s’inspire des polars, des bandes dessinées, des gravures du XIXe siècle, de la peinture flamande et d’images populaires marquantes pour raconter des histoires croquignolesques. Tel un metteur en scène, il réalise des tableaux, sortes de divisions d’une pièce de théâtre avec ses décors, et dirige méticuleusement ses personnages inventant un rôle assez farfelu. Il s’amuse dans des caricatures scénographiques à la fois baroques, inventives, dans une tradition du comique de situation, du canular et d’une provocation amusée.
Michel Lagarde / Dramagraphies – Jusqu’au 22 juin à la galerie Vrais Rêves
Les jeux perpétuels de Bernard Pras chez Pallade
Né en 1952, Bernard Pras pratique l’assemblage, le collage, l’inventaire, la confrontation ou l’anamorphose. Images connues de l’histoire de l’art et images d’aujourd’hui se mélangent, se conjuguent, se répondent et jouent des tours à qui regarde. Chacun se retrouve devant des images célèbres, voire mythiques, qui sont tour à tour détournées ou révélées. Magritte, Tintin et Milou, Sean Connery, Bashung, Giacometti, Les Joueurs de cartes, Descartes, Pierrot le Fou, Monsieur Paul (Bocuse), le tirailleur sénégalais de Banania, Marilyn Monroe, Che Guevara, le facteur Cheval revivent, considérés par un regard façon Arcimboldo.
Bernard Pras / Le 8e Continent – Jusqu’au 22 juin à la galerie Pallade
Dubaï, l’envers du décor au CAUE
Le photographe Franck Boutonnet et l’ethnographe Philippe Somnolet réalisent un travail documentaire utilisant la photographie paysagère sur les rapports entre la nature et la ville ; en l’occurrence Dubaï. L’envers de panneaux publicitaires, des arbres isolés, le présent en chantier et les travailleurs qui construisent le futur paysage de Dubaï constituent les quatre chapitres de cette exposition impliquant les interrogations politiques, économiques, climatiques qu’initient les villes et les systèmes de demain.
Beyond – Jusqu’au 29 juin au CAUE Rhône Métropole
Les lettres perdues d’Adrianna Wallis à Vénissieux
Née en 1981, française, diplômée des beaux-arts de Barcelone et vivant actuellement dans le Vercors, Adrianna Wallis crée son œuvre autour de l’oubli et de la mémoire qui deviennent une matière au travers d’objets humbles rendus poétiques. “Les lettres ordinaires (Les liseurs)” représente deux années de travail à partir de lettres manuscrites jamais arrivées ni retournées. À chacun de s’approprier ces messages fantômes. Des créations réalisées à partir de post-scriptum aux écritures surprenantes, une liseuse en laine, de grands froissements cyanotypés, une vidéo créent un univers entre intimité et universel, réel et imaginaire, loin de la communication numérique immédiate.
Adrianna Wallis / Les lettres ordinaires – Jusqu’au 6 juillet à l’espace Arts plastiques de Vénissieux
La Syrie et le temps à Regard Sud
Syrien, Walaa Dakak peint métaphoriquement des huiles sur toile, fusain et encres de Chine, sombres ou colorées, quasi abstraites, qui échappent à la représentation. Ils traduisent l’angoisse et le désir de vivre, comme revanches sur une réalité terrible.
Walaa Dakak / Labyrinthe du temps – Jusqu’au 20 juillet à la galerie Regard Sud
Les livres contre les barbaries, au musée de l’Imprimerie
Une invitation au voyage à travers les siècles, les continents, les événements mondiaux ou nationaux, sur les pas des livres annihilés, broyés, menacés, blessés, mais triomphant des vicissitudes de l’existence, de la barbarie, des autodafés, grâce à des sauveuses et des sauveurs aux destins hors des sentiers battus. L’exposition du musée de l’Imprimerie met en lumière cinquante de ces ouvrages et documents à la destinée exceptionnelle. Cinquante odyssées comptant de nombreux personnages, des intrigues étonnantes et méconnues qui vont transformer des livres en talismans et compagnons. Un ouvrage édité chez Actes Sud, BibliOdyssées – 50 histoires de livres sauvés, accompagne l’exposition. Il est préfacé par les écrivains Kamel Daoud et Raphaël Jerusalmy (ancien des services de renseignement militaire israéliens, ancien marchand de livres et ancien humanitaire).
L’Odyssée des livres sauvés – Jusqu’au 22 septembre au musée de l’Imprimerie et de la Communication graphique
ET UNE ŒUVRE À VOIR DANS L’ESPACE PUBLIC
Dans le cadre du 1 % artistique et de la construction du pôle universitaire des quais du Rhône, sur l’ancien site de l’hôpital St-Joseph–St-Luc, Franck Scurti a réalisé et installé une sculpture, Fire at full moon revisited 2018, conçue sur la réalité physique de la tombée de la nuit ; elle utilise les reflets sur les fenêtres et baies vitrées des bâtiments qui l’entourent. Reprenant le titre du tableau de Paul Klee (1913), Scurti a voulu en quelque sorte l’adapter. La Lune et une croix sont transposées en volume dans cet espace public que chacun peut s’approprier.