Métro de Lyon – Mars 2019 © Antoine Merlet
© Antoine Merlet

Lyon : "L'usager TCL doit aussi être acteur de la sécurité"

Tandis que le nombre de voyageurs sur le réseau TCL continue sur sa forte progression, celui des vols à la tire connaît lui aussi une augmentation. Patrick Aujogue, directeur sécurité chez Keolis Lyon, fait le point sur la situation actuelle.

Lyon Capitale : Quels sont les chiffres des vols à la tire pour 2018 sur le réseau TCL ?

Patrick Aujogue, directeur sécurité chez Keolis Lyon : La réalité des vols à la tire, elle est là. En 2018, nous en avons recensé 1627 sur le réseau. C’est plus qu’en 2017. Sur le premier trimestre 2019, on a déjà répertorié 612 vols à la tire. Ça laisse entendre que le chiffre de 2019 sera supérieur à celui de 2018. Il faut corréler ça avec l’augmentation de la fréquentation, ainsi qu’un réseau en pleine expansion.

Existe-t-il des solutions rapides face à cette hausse des vols ?

Lorsque vous avez des chiffres comme ça, la force publique et la justice ont leur limite. Le premier travail c’est d’informer la clientèle, chacun doit être vigilant pour soi-même et les autres. L’usager doit aussi être acteur de la sécurité. Quand vous voyez des personnes de tout âge à proximité d’une porte avec un téléphone portable dans la main, la probabilité de se le faire arracher est énorme. Une personne avec sac à main ouvert alors que tout le monde est serré dans le métro risque de se faire voler son portefeuille. On travaille tous les jours avec police, le Service interdépartemental de sécurité des transports en commun (SISTC), les magistrats du parquet viennent voir notre système régulièrement, analysent nos modes de fonctionnement, mais on doit aussi accompagner le client. Il doit rester vigilant, pouvoir dire à quelqu’un "Attention, votre portefeuille est trop exposé, votre sac est ouvert", prendre les bons réflexes.

Quels sont les profils des voleurs à la tire sur le réseau ?

On a des individus seuls qui vont chercher des opportunités comme un sac à dos ouvert, quelqu’un qui utilise son téléphone devant les portes du métro, un portefeuille ou une carte qui dépasse d'une poche. On va trouver également des réseaux plus structurés avec des jeunes femmes, voire très jeunes. Ce sont des groupes qui font des tournées dans les villes françaises et ont des modes opératoires très réfléchis. Ils repèrent les gens en fonction de leur âge, les touristes ou ceux qui ne sont pas précautionneux. Ils tentent de voir le numéro de carte bleue lorsque leur cible le tape sur une borne, puis ils vont tout faire pour récupérer la carte (lire ici). Dès qu’on repère des équipes, on diffuse des annonces sonores pour inviter les utilisateurs à être vigilants.

Comment l’agglomération de Lyon se situe-t-elle par rapport à d’autres grandes villes ?

Le réseau de Lyon est largement en dessous de la moyenne nationale pour les atteintes aux biens et personnes, mais aussi pour les atteintes aux agents. Pour les villes de plus de 250 000 habitants, on est sur 1,1 agression en moyenne par million de voyages. À Lyon, on est à 0,44 par millions de voyages, c’est deux fois en dessous de la moyenne nationale. On voit bien que le métro a été réfléchi et pensé en matière de prévention, une situation qu’on ne retrouve pas forcément ailleurs. Pour les atteintes aux agents, la moyenne nationale est à 1,74 par million de voyages dans les villes de plus de 250 000 habitants, 0,87 à Lyon.

Y a-t-il un sentiment d’impunité chez les délinquants ?

Quand vous avez un individu qui se fait interpeller le matin, qui est auditionné par la police, puis qui repart avec une convocation dans six mois et recommence l’après-midi, il y a un sentiment d’impunité. On a aussi des groupuscules très connaisseurs des subtilités juridiques et qui vont tout faire pour ne pas être identifiés. Ils vont jusqu’à se déclarer comme mineurs, car ils savent que si le magistrat est obligé de demander des tests osseux, ça entraîne des coûts particulièrement importants. Mais ce sentiment d’impunité est relatif. Les dossiers avancent, il y a des incarcérations derrière. Ça prend parfois un certain temps, mais quand les choses se mettent en marche, elles aboutissent souvent. Sans dire que tout est parfait, il y a aussi l’excellent partenariat qu’on mène avec le Service interdépartemental de sécurité des transports en commun (SISTC), fer de lance pour le flagrant délit. En 2017, ces agents ont effectué 218 interpellations pour vols aggravés, 87 pour vols à la tire. En 2018, on est sur 350 pour vols aggravés, 287 pour vols à la tire.

La tendance peut-elle s’inverser en matière de vols à la tire ?

On a de plus en plus de personnes les yeux rivés sur leur téléphone portable à côté des portes. La 4G dans le métro pourrait entraîner un développement des vols à la tire, car les cibles potentielles seront plus nombreuses. Je le redis, l’usager doit aussi être acteur de la sécurité, faire attention à son téléphone, son portefeuille, ne pas taper rapidement son code sur une borne sans le masquer, car un métro arrive et qu’il faut faire vite. Il ne faut laisser aucune opportunité, même les voleurs l’ont bien compris. Une fois on a arrêté un pickpocket, il avait sécurisé son téléphone portable avec un câble pour que personne ne le lui vole.

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