Paris en état d'urgence climatique, Lyon maintient son projet d'autoroute

À l'instar de New York, Milan ou Sydney, Paris s'est déclaré en "état d'urgence climatique". Pour Gérard Collomb à la ville de Lyon, comme David Kimelfeld à la métropole, une telle volonté aurait dû mal à être défendue avec conviction sans accusation de récupération verte. Pour l'instant, les deux élus sont pour la construction de la future autoroute urbaine de l'Anneau des sciences et leurs dernières actions climatiques manquent d'ambition.

Mardi 9 juillet, Paris s'est déclaré en "état d'urgence climatique" rejoignant ainsi Sydney, Milan, New York, mais aussi le Royaume-Uni et l'Irlande. La capitale souhaite mettre en place une "Académie du climat", ainsi qu'un "GIEC Paris". La première structure doit permettre aux jeunes et volontaires de pouvoir bénéficier d'un lieu participatif, éducatif et gratuit, sensibiliser le grand public aux problématiques climatiques, tout en mettant en place des projets environnementaux forts. Le GIEC Paris doit regrouper des experts pour permettre de relever les conséquences du dérèglement climatique dans la capitale et aider aux décisions politiques. Même si cette volonté doit encore faire ses preuves dans des actes concrets, le symbole est là.

Kimelfeld et Collomb toujours ramenés à leurs actions, projets et Anneau des sciences "climaticide"

En l'état actuel, difficile, voire impossible, pour le maire de Lyon, Gérard Collomb, et le président de la métropole, David Kimelfeld, de faire de même sans être mis face à leurs actions et projets parfois paradoxaux. Les séries de mesures pour le climat de Gérard Collomb restent de l'ordre des "petits pas" avec essentiellement de la rénovation thermique et économie d’énergie. Son projet de végétalisation de la rue Édouard Herriot avec des bacs contenants fleurs et arbustes à la place des voies de bus et emplacement cyclables a été largement critiqué (lire ici). Lors de la concertation, la majorité des participants ont salué la volonté de végétaliser, tout en condamnant celle de réduire la place des bus et vélos, sans quasiment toucher à celle des voitures. Du côté de David Kimelfeld, son initiative climat #OnSyMetTous doit encore prouver qu'il s'agit plus que d'un coup de communication (lire ici). Les idées des citoyens qui seront apportées dans les ateliers organisés jusqu'en septembre seront ensuite triées par un groupe miroir à la composition inconnue, puis par une dizaine d'élus. Cette gouvernance continue ainsi de soulever questions et critiques (lire ici). Quant à la volonté de David Kimelfeld de piétonniser la Presqu’île de Lyon, les scénarios présentés sont désormais bien moins ambitieux que celui de l'annonce médiatique (lire ici pour les scénarios et ici pour la promesse d'origine). Des voix commencent à s'élever pour la mise en place d'un plan D.

Des déclarations vertes peu audibles

Dans tous les cas, pour Gérard Collomb, comme David Kimelfeld, chaque déclaration "verte" les remet face à une réalité : ils défendent tous les deux le projet de l'autoroute urbaine de l'Anneau des sciences, censé boucler le périphérique de Lyon. Ce dernier est régulièrement accusé d'être "climaticide" par les différences marches pour le climat. Si Gérard Collomb n'y oppose aucune réserve et s'en fait l’ardent défenseur (lire ici), le second multiplie les "oui, mais", sans être en mesure de dégager une position forte et claire, pour l'instant. Le tracé envisagé, qu'il soit emprunté par des voitures électriques, essence ou diesel, met aujourd'hui plusieurs zones boisées en danger, incompatible avec toute déclaration "d'état d'urgence climatique" (voir le tracé ici). Car qu'importe les volontés futures, déclarations sur l'écologie, les faits actuels sont de cruels couperets qui annihilent tous grands discours ou promesses. Déclarer Lyon en "état d'urgence climatique" serait surtout le risque de prendre un retour de flamme pour le moins brûlant.

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