Photo : Florent Deligia

Lyon : camions et cars sur les berges du Rhône, le paradis menacé ?

Considérées en temps normal comme l'un des endroits les plus agréables pour marcher ou faire du vélo à Lyon, les berges du Rhône sont de plus en plus envahies par les camions, cars et navettes destinés aux bateaux de croisière. Faut-il faire un trait sur cette voie verte symbolique, synonyme de petit paradis de tranquillité pour certains ?

Lyon, un soir de semaine, alors qu'il n'y a aucun passager visible depuis une dizaine de minutes, un autocar reste inexorablement stationné sur la piste cyclable des berges du Rhône. Les vélos n'ont pas d'autres choix que de se déporter et de prendre l'espace dédié aux piétons. À plusieurs reprises, on frôle l'incident. Le conducteur du car ne parlant qu'allemand, la situation n'évoluera pas malgré les remarques des passants. Ce comportement est redevenu légion sur les berges du Rhône. Le matin comme en fin de journée, cars, camions, camionnettes et navettes circulent et se garent sur cette voie verte parfois sans faire attention aux cyclistes et piétons. Pourtant ces derniers sont largement prioritaires ici. Selon nos propres constations, il faut parfois crier pour être repéré par des conducteurs qui coupent la route ou ne sont pas attentifs à leurs angles morts.

Photo : Florent Deligia

Un symbole fort écorné

Les berges du Rhône sont pourtant un symbole fort à Lyon, les voitures y sont interdites depuis l'inauguration des lieux en 2007. Il s'agit en temps normal de l'un des endroits les plus agréables et sûrs pour faire du vélo ou marcher dans la ville. L'arrivée des bateaux de croisière avait entraîné le retour de véhicules sur le secteur. La ville comme la métropole avaient déjà signalé les abus aux croisiéristes et les nuisances s'étaient réduites. Depuis le printemps 2019, elles ont repris de plus belle, au point que désormais, cyclistes comme piétons craignent l'incident qui pourraient arriver un jour.

Des contrôles renforcés

Contacté par Lyon Capitale, la métropole de Lyon rappelle que "les conditions et horaires d’accès aux véhicules de livraison et cars de touristes navigation fluviale sont définies par un arrêté du maire de Lyon". L'accès à cette zone se fait par des bornes sur les quais hauts qui sont gérées par la métropole. Cette dernière assure qu'elle sera plus attentive ces prochains jours à ce même accès pour éviter les abus. Quant aux contrôles, ils sont assurés par la police municipale.

Ainsi, du côté de la ville, Jean-Yves Sécheresse, adjoint à la sécurité, ne retient pas ses mots sur l'attitude de certains partenaires ou salariés des croisiéristes : "Ils sont absolument irrespectueux, ils n'ont aucune raison de se garer là. Parfois les moteurs continuent de tourner pour rien, tout comme ceux chargés de la production électrique dans les bateaux, ils enfument ce secteur où vous avez aussi un espace pour faire du sport". L'élu poursuit : "S'ils reprennent leurs mauvaises habitudes, nous verbaliserons. Je vais demander à la police municipale de repasser régulièrement sur la zone".

Une charte avec les croisiéristes ? 

Aujourd'hui, Jean Yves Sécheresse se tourne vers la métropole pour demander un renfort des infrastructures, dans un contexte où Lyon devient une destination de choix pour les croisiéristes : "Il nous faudrait de vrais équipements portuaires sur le secteur, notamment pour éviter les moteurs qui tournent pour générer de l'électricité, mais aussi un fonctionnaire territorial sur place en permanence pour gérer tout cela. Nous accueillons de plus en plus de bateaux, on pourrait imaginer une charte de bonne conduite avec les croisiéristes". La demande se faisant plus fort, si elle le souhaite, Lyon pourrait se permettre de choisir les acteurs qui veulent y accoster de manière durable, voire d'imposer un cahier des charges comme une origine locale pour les denrées alimentaires servies dans les bateaux.

Si les croisiéristes choisissent de venir à Lyon, c'est aussi grâce à ces mêmes berges du Rhône, bel écrin pour accueillir des visiteurs. Ces véhicules semblent donc un bel exemple de sciage de branche sur laquelle ils sont aussi assis. En attendant, les contrôles devraient donc être renforcés ces prochains jours pour que l'équilibre sur les berges du Rhône n’en soit pas menacé et que le lieu reste ce qu'il doit être : le symbole d'une ville apaisée.

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