Cécile Coulon @Wikimedia – Frimousse Roche

Rentrée littéraire : le triomphe de la régionale Cécile Coulon

Cécile Coulon s’est déjà distinguée lors de cette rentrée, elle a obtenu le prix littéraire du journal Le Monde pour Une bête au Paradis. Un roman captivant qui oscille entre paradis et enfer rural.

Après la réforme territoriale de janvier 2016, la région Rhône-Alpes s’est agrandie et est devenue la région Auvergne-Rhône-Alpes. Vivant à Clermont-Ferrand, Cécile Coulon est donc désormais une habitante de notre région. C’est une bonne recrue. Précoce, elle a publié à 16 ans son premier roman, Le Voleur de vie, alors qu’elle était encore lycéenne ! À 29 ans, elle a déjà une bibliographie qui compte, entre autres publications, une demi-douzaine de romans (dont Trois saisons d’orage, prix du Livre Inter), deux essais (dont un sur la course à pied, Petit éloge du running, qu’elle pratique avec assiduité) et un recueil de poésies, Les Ronces, qui a obtenu en 2018 le prix Apollinaire, considéré comme le Goncourt de la poésie.

Une bête au Paradis, sorti fin août, confirme son talent, son écriture vive, acérée (elle dit "écrire à l’os") et son art de conteuse. Elle y tient son objectif : "Prendre mon lecteur à la gorge et ne plus le lâcher." Elle nous guide donc vers le Paradis, un éden rural qui vit en harmonie avec les saisons, même quand elles se détraquent, lorsque la chaleur devient caniculaire. Est ainsi baptisé un domaine composé de champs, de chemins, d’un étang et d’une ferme où l’on trouve le bestiaire habituel, sauf que les cochons y tiennent une place prééminente. Au début, le Paradis porte bien son nom. La grand-mère, Émilienne, y élève ses deux petits-enfants, Blanche et Gabriel, qui ont perdu leurs parents dans un accident de voiture. Elle est aidée de Louis, un adolescent, qu’elle a recueilli et sauvé d’un père violent.

Entre les joies, toutes rudes soient-elles, de la vie campagnarde, les obligations scolaires et l’amour inconditionnel de leur grand-mère, les deux enfants tentent d’oublier leur deuil. Ils pourraient presque y parvenir, ou faire avec. Si l’adolescence ne leur donnait d’autres désirs, et le cortège de tracas qui l’accompagne. Blanche découvre l’amour dans une pièce qui surplombe la cour de la ferme, alors qu’un cochon y est tué avec une effusion formidable de cris et de sang. Son amoureux est le BG ("bogosse") du village, Alexandre, le bienheureux... L’avenir semble tracé, l’intégrer à la ferme, et continuer avec son aide le rude métier de paysan. Il est fou de Blanche mais pas à ce point-là. Il a d’autres rêves. Et le paradis va, inexorablement, devenir un enfer. Nous ne vous dirons pas comment. Par crainte de "divulgâcher" un suspense que Cécile Coulon entretient savamment. De même qu’elle nous plonge dans les tréfonds psychologiques de ses personnages. Que l’on quitte avec regret, après une fin où la bestialité est à son comble.

Une bête au Paradis, Cécile Coulon, éditions L’Iconoclaste, 352 p., 18 €.

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