Bombino, à Paris en 2018 © Richard Dumas
Bombino, à Paris en 2018 © Richard Dumas

En concert à Lyon : Bombino, le prodige nigérien, enfin !

Passé au musée des Confluences en mai 2018, Bombino devait revenir en terres lyonnaises en janvier mais ce concert a dû être annulé, pour une question de visas. Le prodige nigérien arrive donc en novembre, mais son album en forme de retour aux sources du blues touareg n’a pas pris la poussière.

Où l’on reparle de blues touareg, cette merveille du monde qui n’en finit plus de venir squatter pour notre plus grand plaisir les scènes lyonnaises. Après une double dose des Algériens d’Imarhan et Les Filles d’Illighadad, représentantes féminines de ce mouvement hétéroclite attaché à la tradition folklorique tout en raccrochant avec grâce les wagons de la modernité, en 2018*, voici revenu le tour de Bombino après son passage au musée des Confluences à l’occasion de l’exposition “Touaregs”. Si Imarhan et Les Filles… appartiennent encore à la génération montante de cette scène – si tant est que l’on puisse l’appeler ainsi –, Omara Moctar aka Bombino en est devenu l’un des piliers au même titre que Tamikrest, juste un cran en dessous de la statue du Commandeur que représente Tinariwen, père de tous les musiciens touaregs en vogue sur les labels les plus branchés du moment et les scènes les plus courues.

Enfant d’Agadez marqué par la rébellion touarègue des années 1990 – il a passé pour cette raison une partie de son enfance à Tamanrasset, en Algérie – puis par la suivante qui a vu deux membres de son groupe exécutés, Moctar a connu le parcours classique du musicien du cru, apprenant la guitare sur un instrument offert par son oncle puis officiant dans les mariages – là où se repèrent les pépites parce que c’est aussi l’un des rares endroits où il est possible de jouer, les scènes de musiques actuelles ne courant pas les rues dans le désert.

Hendrix du désert

Formé par le maître local Haja Bebe, c’est aussi en écoutant Jimi Hendrix et Jimmy Page que Bombino a développé un talent et un son bien particuliers qui lui ont valu d’être rapidement présenté comme le Hendrix du désert. Et c’est bien cette capacité à mouler son atavisme musical dans les canons pop occidentaux, comme lorsqu’il s’est ouvert aux rythmiques reggae sur l’album Azel, qui en ont rapidement fait un bon client du paysage rock. Ce qui lui vaut de collaborer avec des artistes aussi différents que Group Doueh, autre formation saharienne (mais du Sahara occidental), Björk, Four Tet ou, pour Nomad (enregistré à Nashville), avec le Black Keys en chef Dan Auerbach.

Deran, son dernier disque, a des airs de retour aux sources – c’est pourtant le premier dont le titre n’évoque ni un lieu ni l’idée d’exode –, à l’acoustique parfois et à l’urgence puisqu’il a été enregistré en à peine dix jours à Casablanca sans le concours, comme ses précédentes œuvres, d’un prestigieux producteur. Il laisse toute la place, sans fioriture aucune, au groove et au doigté inimitable de cet immense guitariste. Et à son message qui, marqué par la guerre, évoque surtout la paix. En tamasheq, la langue touarègue, deran signifie “souhait”.

Bombino – Jeudi 14 novembre à 20h30 à l’Épicerie Moderne (Feyzin)


* Les dates citées dans cet article, paru initialement dans Lyon Capitale n°784 (janvier 2019), ont été mises à jour.

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