Equipage de la Police nationale à Lyon © Tim Douet
© Tim Douet

Municipales à Villeurbanne : priorité à la sécurité

Face aux problèmes créés par le trafic de cannabis, la municipalité villeurbannaise sortante avait lancé une grande concertation sur la dépénalisation. Un choix jugé aujourd’hui risqué électoralement. Les remontées des habitants sur la tranquillité publique ne sont pas élogieuses.

Le constat est partagé chez les habitants comme chez les candidats aux municipales : le prochain maire de Villeurbanne devra s’emparer du dossier de la tranquillité publique. “Nous avons un vrai problème en matière de sécurité, mais Villeurbanne, ce n’est pas Chicago”, nuance le candidat LREM, Prosper Kabalo, premier adjoint au maire sortant (PS). Le dauphin de Jean-Paul Bret, le socialiste Cédric Van Styvendael, admet aussi les difficultés qui ont émergé en cours de mandat : “Sur certains sujets, il faut accélérer. La sécurité et la tranquillité en font partie. Il ne serait pas raisonnable de se présenter devant les électeurs sans proposition sur ce sujet.” Au cours du mandat qui s’achève, Villeurbanne a pourtant procédé à une révolution interne. La police municipale a été armée et le recours à la vidéosurveillance accru. La vague d’attentats de 2015 et 2016 a eu raison des réticences de Jean-Paul Bret sur ces deux sujets.

“La sécurité, c’est vraiment le sujet qu’évoquent en premier les Villeurbannais. La situation est particulièrement délicate au Tonkin, où les habitants se plaignent du trafic de drogue au vu et au su de tous. Des gens décident de partir de Villeurbanne parce que le trafic sous leur porte est devenu insupportable”, note Laurent Legendre (LFI). “Au début du mandat, j’avais effectué un décompte des points de vente de drogue de la ville. J’en avais repéré dix-sept. On finit le mandat à soixante. Le trafic de cannabis pose un problème d’occupation de l’espace public”, confie un adjoint de la majorité actuelle. Lequel regrette aussi la manière dont la municipalité a réagi : “En lançant un débat sur la dépénalisation du cannabis, nous avons pu donner l’impression de déclarer notre impuissance face au problème.” Ce bilan devra être assumé politiquement par deux listes. Prosper Kabalo, le candidat d’En Marche, a fait partie de l’équipe sortante et accueille sur sa liste l’actuel adjoint à la sécurité, lui aussi transfuge du PS.

“On ne peut pas sans cesse renvoyer le problème à la ville”

“En dix ans, la population de la ville a augmenté de 10 000 habitants et les effectifs de la Police nationale sont passés de 252 agents à 137. On ne peut pas sans cesse renvoyer le problème à la ville”, plaide Cédric Van Styvendael. Ce qui n’empêche pas Marc Atallah, le candidat LR, de le faire : “Jean-Paul Bret laisse officier les dealers sous ses fenêtres avenue Henri-Barbusse. Cela montre l’état de déliquescence de la ville. Au Tonkin, l’entrée dans des immeubles est réglementée par des voyous. C’est bien de vouloir végétaliser la ville, mais ça ne sert à rien si tous les deux mètres vous tombez sur un dealer.” Élu de Rillieux-la-Pape, Marc Atallah se propose d’importer à Villeurbanne les méthodes expérimentées par la municipalité d’Alexandre Vincendet : renforcement de la police municipale et de la vidéosurveillance.


[Article publié dans Lyon Capitale n° 794 – Décembre 2019]

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