Lyon : une Cité pour prolonger la Fête des Lumières toute l'année

L’idée d’un lieu permanent dédié à la Fête des lumières à Lyon sera défendue par la majorité sortante dans la campagne municipale 2020. Elle pourrait faire consensus, la demande étant forte autour de la question.

Après l’institut Lumière pour le cinéma et la Cité de la gastronomie, place au Pavillon des lumières ? L’idée défendue par Jean-François Zurawik est également poussée depuis deux ans par Yann Cucherat, l’adjoint au maire chargé des grands événements. En 2017, l’ancien gymnaste est à Montréal et découvre la mise en lumière pérenne de la basilique Notre-Dame : “C’était juste somptueux. La Fête des lumières, ce n’est que quatre jours, il nous fallait un lieu pour le reste de l’année, où nous pourrions aussi mettre en avant notre savoir sur l’éclairage urbain auprès du grand public.” À Lyon, Lumen, une cité dédiée à la filière professionnelle, va ouvrir en 2020 dans le 2e arrondissement, mais il ne s’agit pas d’un lieu ouvert à tous pour faire vivre la Fête des lumières toute l’année. C’est cette idée qui devrait être défendue par la majorité de Gérard Collomb, lors de la campagne des municipales 2020.

“C’est un projet de campagne qui fait sens pour les territoires, un lieu plus grand public qui accueillerait touristes, Lyonnais, écosystème de la lumière, expose Yann Cucherat. Quand les familles lyonnaises reçoivent des amis à la maison en dehors de la fête, elles n’ont pas un lieu qui permettrait de la faire découvrir à leurs amis toute l’année. La fête est un événement majeur pour la ville de Lyon, qui résonne tout le long de l’année. Cette fête ne peut pas être conditionnée à quatre jours d’événement.”

Rétro, installation, labo…

Paris possède son Atelier des lumières, un centre dédié à l’art numérique où l’on retrouve notamment des projections d’œuvres de peintres. Pour Yann Cucherat comme pour Jean-François Zurawik directeur de la Fête, un pavillon avec l’ADN de Lyon permettrait de proposer des rétrospectives, des installations, des espaces interactifs ou expérimentaux. Les technologies pour reproduire la magie de la fête ne manquent pas : réalité virtuelle pour découvrir des installations en vue subjective comme si on y était, projection, réalité augmentée qui ajoute du contenu à une vidéo, anatomie des œuvres, making-of, expérience sur les rayons lumineux… Pour Yann Cucherat, un autre champ des possibles pourrait s’ouvrir autour de l’objet-lumière. “On a des personnes qui voudraient faire un musée de l’ampoule et qui seraient en capacité d’apporter des objets anciens”, dit-il. Si la Cité de la gastronomie déclenche aujourd’hui les débats sur le manque de vie dans son espace d’exposition, un pavillon de la lumière aurait la lourde tâche de transmettre toutes les émotions que l’on peut ressentir lors de la fête, ainsi que le caractère universel de ce “feu”, qu’il soit artificiel ou non.


NE PAS TOMBER DANS LA FÊTE PERPÉTUELLE

Si un pavillon de la lumière permettrait d’avoir un lieu fermé à l’année, Lyon ne veut pas tomber dans la Fête des lumières 365 jours par an sur les façades extérieures, même si des outils sont déjà en place. Ainsi, l’installation du palais de justice permet de proposer des tableaux de couleur en fonction des événements (elle était rouge lors de la conférence pour la reconstitution du fonds de lutte contre le sida, le paludisme et la tuberculose). Lors de la Fête des lumières, les artistes peuvent utiliser ce système, en temps normal, le soir, trois tableaux lumineux sont proposés, très discrets, accompagnant les Lyonnais dans la nuit avec des variations d’intensité. Avec ses différents plans Lumière, Lyon a su se doter d’une forte identité en matière d’éclairage, qui est entrée dans les habitudes avec notamment des teintes plus froides côté Rhône, plus chaudes côté Saône. Néanmoins, la ville ne peut contrôler les installations privées. “Ils peuvent être tentés d’utiliser la lumière comme facteur de différenciation, de s’exprimer individuellement. Le risque, c’est que cela se banalise, que tout le monde veuille faire la même chose, prévient Thierry Marsick, le directeur de l’éclairage urbain. L’un des enjeux, c’est la gouvernance de la lumière.” Pour l’instant, la ville a eu la chance de voir les acteurs privés venir discuter et se concerter avec ceux du public. Ainsi, très discret, le Crayon a une lumière qui varie pour marquer les jours de la semaine, la tour Incity possède un tableau qui change tous les mois. Pas encore de grande œuvre digne de la Fête des lumières pour l’instant, mais si l’exceptionnel devient quotidien, la lassitude pourrait vite prendre le dessus, tout comme la fin de l’émerveillement.


[Article extrait du dossier Fête des lumières paru dans Lyon Capitale n° 794 – Décembre 2019]

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