Discours de Gérard Collomb lors de sa réélection le 5 nov. 2018 © Tim Douet

À Lyon, le bilan financier des années Collomb en débat

Le traditionnel débat d’orientation budgétaire, figure imposée des conseils municipaux, a pris une tournure plus politique à trois mois des élections municipales. Gérard Collomb et ses différents opposants, sur sa droite comme sur sa gauche, se sont écharpés sur les raisons comme sur l’utilisation de finances jugées saines.

Le débat d’orientation budgétaire met toujours à l’affiche, à la Ville de Lyon, un jeu de posture où chaque groupe politique du conseil municipal triture les chiffres pour voir midi à sa porte. Cet exercice obligatoire, d’ordinaire très technique, a pris une tournure plus politique à trois mois des élections municipales. Gérard Collomb et sa majorité en ont profité pour faire le bilan de leur “bonne gestion”, chiffres à l’appui. L’épargne brute (différence entre les dépenses et les recettes) augmente, l’endettement baisse et le mandat devrait s’achever avec un ratio de quatre ans pour sortir de la dette. L’adjoint aux finances, Richard Brumm, a mis en avant les effets positifs de cette gestion : “Ce cercle vertueux a permis de passer les investissements de 600 à 650 millions d’euros et donc de proposer aux Lyonnais une offre élargie de services publics.” Les différents groupes de la majorité ont rivalisé sur le registre de l’autosatisfaction, teintée d’arrière-pensée électorale, comme si l’identité du prochain maire de Lyon en dépendait. “Depuis 2001, nous avons investi plus de deux milliards d’euros”, pointe Yann Cucherat avant de se lancer dans un inventaire des projets portés par Gérard Collomb ces dernières années. “Continuons la voie tracée, elle fonctionne si bien”, conclut par exemple le conseiller municipal Louis Pelaez, par ailleurs responsable de la communication du candidat Collomb.

Un cercle vertueux exogène ?

L’opposition, comme chaque année, a, elle, retenu le côté obscur des chiffres. “Vous ne serez plus maire de Lyon en mars prochain et les résultats plaident en votre faveur. Depuis 2001, plusieurs ratios financiers sont stables ou en légère progression. Mais il n’est pas nécessaire de faire une grande analyse pour voir que tout n’est pas si simple. Depuis 2002, la ville a 130 millions d’euros de dépenses supplémentaires et 175 millions de recettes en plus, financés par la hausse des taux d’imposition de 5 % en 2009 et 2015. Ces augmentations ont ponctionné 160 millions supplémentaires dans la poche des Lyonnais”, tacle ainsi Denis Broliquier, lui-même candidat au scrutin municipal. Stéphane Guilland, président du groupe LR, voit, lui, dans les bons indicateurs financiers des raisons exogènes : “L’épargne brute est due à la hausse des droits de mutation et celle du stationnement payant. La hausse des recettes a été impulsée dès le début par une hausse des taux de taxe d’habitation et de taxe foncière, dont l’effet positif a perduré tout le mandat.” Le porte-parole d’Étienne Blanc impute aussi à la contractualisation avec l’État, qui encadre les hausses des dépenses de fonctionnement, une partie des bons résultats. Les écologistes ont, eux, demandé que les fruits de cette bonne gestion soient immédiatement investis dans la rupture.

Business friendly

Avant que la guerre fratricide qui scinde la majorité et électrise ce mandat qui s’achève ne s’invite au débat et ne relègue les ratios financiers au second plan. Myriam Picot, la présidente du groupe des élus pro-Képénékian et Kimelfeld, a salué la gestion mais demandé un changement de logiciel : “Il faut passer de l’attractivité au renforcement de la proximité, car les équipements publics comme les crèches, piscines, écoles ou espaces verts sont insatisfaisants." La réponse de Gérard Collomb ne s’est pas fait attendre, toujours sur le thème de la décroissance dont il accable ses opposants : “Notre bilan, j’en suis particulièrement fier quand je vois comme notre ville a évolué. Si nous créons des dizaines de milliers d’emplois alors que des villes ou des régions ne se sont pas relevées de la crise de 2008, c’est parce que nous avons fait des efforts et suivi une ligne politique. Mon côté business friendly, on me l’a reproché, mais ça paie : nous avons pu faire la Confluence, la Part-Dieu ou Gerland. C’est cela que nous avons fait et on va continuer à le faire. Et c’est cela que l’on proposera aux Lyonnais.” Ils s’exprimeront justement en mars. Entretemps, le budget devrait être voté lors du prochain conseil municipal, en janvier 2020. Le dernier de la mandature et probablement d’une époque puisque Gérard Collomb a annoncé qu’en mars il briguait la présidence de la métropole.

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