Les associations vélo de Lyon viennent de présenter un plan ambitieux pour encourager le développement de ce mode de déplacement dans la métropole. Ce système complet vient d’être livré clé en main pour que les candidats aux élections municipales et métropolitaines puissent s’en emparer, mais aussi les citoyens.
Depuis le début de la campagne pour les élections municipales et métropolitaines, certains candidats n'hésitent pas à sortir la carte du vélo. Parfois certains vont jusqu'à pratiquer le bikewashing, où lorsque les déplacements à bicyclettes servent à faire oublier d'autres choses et se racheter une conscience verte (lire ici).
Fortes du succès grandissement des déplacements à vélo dans la métropole de Lyon, les associations dédiées ont choisi de proposer un "Système vélo". Porté par La maison du vélo, La ville à Vélo, la Clavette et Janus, cet ambitieux plan vise à faire passer la part modale de la bicyclette à 15 % d'ici 2026, 20 % 2030. Pour y arriver, les associations mettent en avant un important levier : 57 % des trajets effectués dans la métropole de Lyon feraient moins de 3 kilomètres, et 24 % des déplacements de moins de 3 kilomètres se feraient en voiture (les chiffres de la métropole sont plus pessimistes encore, lire ici).
Or, convertir la moitié de ces déplacements en voiture permettrait d'atteindre les objectifs. L’écosystème actuel reste cependant insuffisant et c'est là que s'impose "Le plan vélo", une boite à outils pour les candidats aux élections municipales et métropolitaines, mais aussi des arguments pour les citoyens.
Un système complet
Le plan est ambitieux, clé en main, transversal et tellement bien ficelé que les candidats n'auront pas grand-chose à faire s'ils veulent s'en emparer. Trois grands axes sont ainsi déclinés : avoir des services vélos variés et innovants, accompagner au changement et des infrastructures de qualité.
Les associations proposent de développer l'autoréparation de vélo, avec un maillage de vélo-station, une coordination des ateliers et la mise en place de fourrière à vélo, déployer des services de location toujours plus accessibles, favoriser l'intermodalité, mais aussi aider à l'achat pour franchir le pas. "Beaucoup de personnes arrêtent de faire du vélo après une simple crevaison ou après avoir déraillé, avoir un atelier à moins de 5 kilomètres de chez soi, c'est aussi la garantie de voir des gens ne pas abandonner", précisent les associations.
La formation n'est pas en reste avec un pan "savoir rouler", des cours pour les enfants, mais aussi adultes avec des vélo-écoles, ainsi que l'accompagnement des entreprises, pour in fine développer la culture vélo à Lyon.
Un "REV"
Le volet infrastructures de qualité repose sur un renforcement de l'offre de stationnement avec un triplement des arceaux (50 000) et un quadruplement des espaces sécurisés pour porter le nombre de places à 10 000. Pour le coup, cette proposition est la moins ambitieuse du lot, la demande étant suffisante pour remplir une telle jauge à Lyon à l'instant T (il suffit de voir les longues listes d'attente pour garer son vélo dans les parkings LPA pour s'en convaincre).
Les associations souhaitent également tendre vers une métropole zone 30, de généraliser les sas vélo, les zones de rencontre, les doubles sens cyclables et les cédez-le-passage vélo (car un cycliste qui passe au rouge ne le grille pas si un panneau spécial est présent, lire ici). Par ailleurs, un doublement des aménagements cyclables pour passer de 1 000 à 2 000 kilomètres de pistes pour résoudre les problèmes de continuité.
Il y a aussi le REV, un Réseau Express Vélo pour relier les communes de périphérie à périphérie et vers le centre de la métropole avec des pistes à haut niveau de service d'une largeur de 3,5 mètres. Elles seraient bordées d'axes lisibles, jalonnées et avec des services dédiés comme des stations de pompage et points d'information. "Le REV est une épine dorsale qui viendra en complément du maillage cyclable de la métropole. Dans certains pays, il y a des réseaux de ce type depuis 20 ans et des adolescents font 20 kilomètres par jour à vélo de manière sécurisée grâce à cela".
Alors que certains candidats imaginent des infrastructures à 10 voire 15 ans alors que l'urgence en termes de mobilité est aujourd'hui, le REV semble être l'un des chantiers qui permettraient de répondre aux problèmes le plus rapidement possible. Il suffirait d'une année pour amorcer la machine et conquérir ainsi de nouveaux publics.
Apaisement des villes
Pour mettre en place ce système, selon les associations, il faudrait doubler le plan mobilités actives de la métropole de Lyon pour le faire passer de 160 millions d'euros sur six ans à 320 millions d'euros. "Cela représenterait 34 euros par habitant et par an", (NDLR : plutôt 38 euros par an et habitant) précise le regroupement, tout en mettant en avant d'autres avantages : apaisement des villes, réductions de la pollution, effet sur la santé... "Au final, ça bénéficie à tous les habitants". Les élus qui voudront s'emparer de ce plan et le proposer dans leur programme pourront le faire via la plateforme de la FUB (voir ici).
"Nous voulons placer la question de la mobilité à vélo dans le débat, libre à chaque candidat d'afficher son soutien, total ou partiel, même si on préfère qu'ils soutiennent le plan dans sa globalité. On ne va pas s’afficher avec un candidat plus qu’un autre", rappelle les associations, "par contre, s'ils s'engagent nous surveillerons derrière qu'ils tiennent parole, nous ne souhaitons par qu'ils utilisent le vélo juste pour la campagne".
38 euros par an par habitant.
17 euros par an et par habitant actuellement, 38 euros avec ce plan. Aujourd'hui, ce sont 153 000 déplacements qui sont réalisés quotidiennement à vélo dans la métropole de Lyon. La marge de progression reste encore particulièrement forte. Dès lors difficile déjà pour les transports en commun de rivaliser en matière d’efficacité dans le ratio coût / bénéfice / nombre de personnes transportées et touchées.
Pour les possibles futures infrastructures routières, la comparaison est implacable. Le budget de l'Anneau des sciences, autoroute urbaine à l'ouest de de Lyon, serait au minimum de 150 à 200 millions par an, soit un coût annuel par habitant entre 107 et 142 euros, pour 60 000 déplacements annoncés en voiture par jour (voire plus s'il attire plus de voitures). Alors que les collectivités doivent faire face à des réductions de leur budget, le vélo compte bien s'imposer comme la solution rapide, pas chère et efficace.
mise à jour à 19h20 ; précisions sur le volume de trajets en voiture de moins de 3 km.
En complément d'une nouvelle génération de transports en commun, et avec une stratégie favorable aux véhicules électriques, nous déploierons ce plan vélo pour se passer du pétrole dans les déplacements en ville
Vous désirez amener le plus grand nombre vers le déplacement vélo, rien ne sert de multiplier les offres, Seul un réseau urbain de pistes cyclables en site propre bien séparées de celui des autres le permettra , ce ne sont pas quelques coup de peinture verte qui assurerons la sécurité des cyclistes , A votre avis pour quelle raison la Via Rhona as-t-elle un tel succès et on peut regretter sa mixité avec une partie de son réseau mais c'est un excellent début.