Centre-ville de Vénissieux © Antoine Merlet
Centre-ville de Vénissieux © Antoine Merlet

Municipales dans le Grand Lyon : Vénissieux, bastion rouge menacé

À la tête de la municipalité depuis 85 ans, les communistes sont de plus en plus contestés à Vénissieux, sur fond de paupérisation d’une ville qui compte près de 50 % de logements sociaux. La sécurité sera au cœur d’une campagne indécise. L’éclatement des listes pourrait profiter aux communistes, dont les scores baissent année après année.

Après la chute de Pierre-Bénite et de Vaulx-en-Velin en 2014, Vénissieux est le dernier bastion encore debout de l’ancienne banlieue rouge. La municipalité communiste est attaquée de toutes parts dans cette campagne. La chorale des critiques ébranle l’édifice tout en le renforçant. Comme en 2014, le salut des communistes pourrait passer par la dispersion des voix ; à l’époque, quatre listes s’étaient maintenues au second tour. La configuration pourrait être identique cette année. À Vénissieux, rien ne se crée, rien ne se perd, tout se transforme. Les Verts ont pris leur autonomie. Auprès de Michèle Picard, ils ont été remplacés par le PS, dans le cadre d’un accord métropolitain. Mais le leader des socialistes vénissians, Lotfi Ben Khelifa, a rallié la liste LREM menée par Yves Blein, le député de la circonscription. À droite, Christophe Girard (LR) et Damien Monchau (RN) surenchérissent sur la thématique de l’ordre républicain. Cet éclatement de l’offre, sans perspectives d’alliance, constitue pour Michèle Picard une solide assurance-vie électorale. Mais elle pourrait ne pas être suffisante.

La “lassitude” contre l’“expérience”

“Je ressens une vraie lassitude dans la population. Ils veulent du renouvellement après quatre-vingt-cinq ans de gestion communiste. La ville est sentie par les habitants comme emprisonnante. Elle aspire à profiter de la dynamique de la métropole, dont elle est à l’écart. Pour l’équipe communiste, le monde se divise entre les gentils, eux, et les méchants que sont la métropole, l’État ou la région”, pointe Yves Blein, qui fait campagne sans l’étiquette LREM. Sandrine Perrier, adjointe EELV de la majorité sortante qui prend son autonomie en 2020, livre un constat assez similaire : “L’équipe est politiquement essoufflée. Elle manque totalement d’ouverture et n’a plus de vision. La ville se sclérose et le ras-le-bol monte dans la population. Les communistes vont être poussés vers la sortie même s’ils ont encore des relais solides dans la ville. Au mieux, c’est le dernier coup, pour eux.” À ces critiques, Michèle Picard oppose son bilan et sort un copieux catalogue de 125 promesses pour le prochain mandat. “Nous sommes une équipe compétente, avec de l’expérience. Nous ne nous contentons pas simplement de promesses comme les autres. Nous tenons nos engagements. À chaque fois, nous remplissons le contrat passé avec les Vénissians”, avance la maire sortante, qui se présente pour la deuxième fois sur son nom après avoir succédé à André Gerin.

Paupérisation

Si les engagements sont plutôt tenus numériquement, c’est sur l’évolution de la ville que ses opposants insistent, dénonçant une paupérisation de la ville, incapable de prendre le train de la dynamique métropolitaine. “La politique des communistes consiste à tirer la ville vers le bas pour créer du vote révolutionnaire”, juge Christophe Girard, candidat LR menacé d’être débordé sur sa droite par le Rassemblement national. “C’est démagogique. Partout en France la société se dégrade, avec plus d’incivilités et moins de services publics. C’est ce qui a amené les Gilets jaunes dans la rue. Je n’ai jamais vu autant de professions en grève. La situation s’est dégradée à Vénissieux comme dans toutes les autres villes de la métropole”, veut retenir Michèle Picard.

C’est surtout sur l’insécurité que porte le débat. Vénissieux a beaucoup fait parler d’elle dans la rubrique faits-divers, plus particulièrement ces dernières semaines avec deux morts violentes dans des règlements de comptes liés au trafic de drogue. Damien Monchau, le candidat du Rassemblement national, promet de doubler les effectifs de police municipale pour les porter à une soixantaine d’agents, dans une ville de 66 000 habitants. Christophe Girard propose une enveloppe similaire. Sans avancer de chiffres précis sur le nombre d’embauches, Yves Blein fixe comme objectif de se rapprocher du ratio d’un policier municipal pour mille habitants. Michèle Picard renvoie quant à elle à la Police nationale la mission de lutte contre le trafic de drogue et veut renforcer les agents de voirie pour lutter contre les incivilités du quotidien.

Résultas des élections à Vénissieux


[Article extrait du dossier “Municipales et métropolitaines 2020” de Lyon Capitale n° 796 – Février 2020]

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