Édito - Le coronavirus aura presque un peu plus surligné la situation. Pour ces élections municipales et métropolitaines de Lyon, l'opposition principale n'est pas celle des partis, mais bien entre ceux qui pensent avoir encore le temps, et ceux qui estiment ne plus l'avoir. À Lyon, nous sommes tous les acteurs "d'une brève histoire du temps".
Cette campagne pour les élections municipales et métropolitaines à Lyon aura largement était placée sous le signe de la mobilité et de l'écologie, avant que le coronavirus COVID-19 vienne tout ébranler. Pourtant, malgré la crise actuelle, il reste un point fondateur incontournable, un dénominateur commun inéluctable : le temps.
En filigrane, deux approches radicalement différentes s'affrontent dans cette élection : ceux qui pensent avoir encore le temps, contre ceux qui ne l'ont plus. Il y a ceux qui promettent des projets qui arriveront dans 15 ans, voire plus, et d'autres qui veulent agir maintenant face aux urgences, qu'elle soit pour eux climatique, écologique ou sociale. Dimanche, les électeurs devront se prononcer pour une approche ou une autre. Un choix au-delà de toutes les considérations de partis, dans une agglomération de Lyon où les étiquettes ont rarement eu une signification forte, sauf lorsqu'elles sont observées depuis Paris.
Revenir au temps, dans un monde de voleurs de temps
Revenir "au temps", c'est reposer les pieds sur terre dans un monde où tout s'accélère, où les "voleurs de temps" sont devenus légions avec des Facebook, Twitter ou Google qui sont parvenus à monétiser notre attention (et par essence, notre temps... de cerveau). C'est voir le monde tel qu'il est aujourd'hui sans choisir la perpétuelle fuite en avant. C'est affronter le réel sans déjà se projeter vers un avenir plus ou moins loin dont on ne sait rien.
Les Lyonnais coincés dans les bouchons de 2020 ou laissant passer plusieurs métros, tramways ou bus bondés se passeront assez bien de promesses de jours meilleurs en 2035 qui n'engagent de toute manière que ceux qui y croient. En attendant, ils perdent leur temps. Si certains citoyens ont choisi de se tourner vers des solutions de mobilité comme le vélo quand cela leur était possible, c'est rarement pour sauver la planète, mais bien pour gagner du temps. Une reconquête des minutes qui s'égrainent entre un point A et un point B, une bataille pour gagner de précieuses minutes entre l'instant T et le dernier instant.
Coût global, dans un temps qui l'est aussi
À travers cette campagne, les candidats ont présenté leur projet, sans jamais les inscrire dans une globalité. Une approche qui demanderait de dépasser celle de l'agglomération, de voir au-delà de l'espace pour embrasser plusieurs dimensions : santé, bienfaits, coût total pour la société, addition à régler pour l'humanité, autant de gain de temps dans toute sa complexité. Des infrastructures à 5 milliards, d'autres pour 10 milliards ; des chiffres façon instantanés, des investissements comme de simples lignes de comptabilités, négations de leurs ramifications, oubli plus ou moins volontaire de leurs impacts et de leur inscription dans le temps.
Le coronavirus vient de nous faire passer dans une nouvelle temporalité avec ce coup d'accélérateur vers l'inconnu et paradoxalement, un coup de frein brutal vers notre relation à l'inconnu. Un ralentissement dans la mobilité internationale ou locale, dans notre relation aux autres. Nous voilà face au temps, avec chacun le choix d'embrasser l'idée qu'il en reste encore, ou que le sablier s'est presque vidé. Le temps tourne, reste à savoir ce que l'on en fait.
Joli article.
avec ce raisonnement, on n’aurait jamais fait de métro, de periph, de teo. on n’aurait même jamais construit la basilique. Que des projets à court terme. bof.
Bien vu