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La justice lyonnaise paralysée par le confinement

Ralentie en début d’année par le mouvement des avocats contre la réforme des retraites, l’institution judiciaire a été paralysée près de deux mois par les mesures de confinement. Malgré une reprise progressive de l'activité au tribunal depuis le 11 mai, un important retard dans les dossiers s’est accumulé. Au pénal, pendant cette période, seules les urgences sont traitées, en comparutions immédiates. Urgences vitales pour les femmes battues, alors que les affaires de violences conjugales se succèdent tous les après-midi.

Plus rien ne vient couper la perspective fuyante des fines lames de parquet foncé fusant vers la face nord du tribunal. Pas une robe, pas une botte, pas un cri. Nue, la salle des pas perdus somnole dans le printemps. Les traditionnels éclats de voix ont laissé place à un silence épais. À peine les échos des étages résonnent-ils. D’une coursive monte la voix d’une avocate qui téléphone à son client. Elle aurait dû être couverte par le brouhaha ambiant. Il est 14 h, le tribunal est désert. Sur les 530 professionnels qui animent le nouveau palais de justice chaque jour en temps normal, seule "une trentaine de magistrats" (10 pour le parquet et 20 pour le siège) et "une cinquantaine de fonctionnaires" se croisent désormais, illustre Thierry Polle, président de la juridiction. À la demande de la garde des Sceaux, les tribunaux français sont fermés au public depuis le 15 mars et l’entrée en vigueur des mesures de confinement. Plus un justiciable dans les murs. Les prévenus jugés en comparution immédiate, seules audiences maintenues, patientent au dépôt, en sous-sol. Les fonctionnaires de police habituellement affairés aux fouilles à l’entrée barrent le hall, alors que le grand portail à roulette est tiré comme rarement. Un homme se présente : “C’est fermé monsieur, – On m’a appelé ce matin.” Il décline son identité. Vérification : son nom ne figure pas dans la liste. “Votre rôle a été annulé monsieur.” Dans la salle C du tribunal, celle réservée aux audiences les plus importantes, où se pressaient les journalistes de tout le pays pour le procès Preynat il y a encore quelques semaines, les bancs sont vides. Une poignée d’avocats discutent d’une note de service de la magistrature dont ils ont eu écho, évoquant une reprise début mai. Personne n’y croit trop.

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