François-Noël Buffet © Antoine Merlet
François-Noël Buffet © Antoine Merlet

Métropole de Lyon - François-Noël Buffet : “Les écologistes ne sont pas à la hauteur”

Désormais allié à Gérard Collomb, le chef de file des Républicains se pose en seule alternative aux écologistes qu’il accuse de porter un projet qui enrayerait le dynamisme métropolitain. Il justifie son alliance avec son ancien adversaire sur l’autel d’une crise économique qui s’en vient. François-Noël Buffet rappelle aussi la répartition des rôles entre lui et Gérard Collomb.

Lyon Capitale : Quelles leçons tirez-vous de la crise que nous venons de traverser ?

François-Noël Buffet :  Je retiens d’abord que tout le monde n’a pas été logé à la même enseigne. Ceux qui ont un lopin de terre, une terrasse ou une maison individuelle ont pu passer le cap moins difficilement que ceux qui vivent en appartement. Il faudra en tirer une leçon sur les aménagements et les constructions pour préparer à d’autres crises de cette nature qui peuvent arriver demain. ll faut intégrer plus de balcons, de terrasses ou de parties extérieures aux bâtiments. Je pense qu’il faut aussi renforcer nos grands espaces publics pour que, quand ils ont droit de sortir, les habitants de la métropole puissent trouver du confort et de la qualité de vie. Nous devons végétalisme de manière plus dense la ville qui aidera aussi pendant les périodes de forte chaleur. Nous devons aussi aller plus loin sur la rénovation thermique qui permet de faire des économies d’énergie et de mieux s’isoler de la chaleur. Un confinement en pleine canicule serait dur à vivre. Je pense aussi que la métropole doit doter chaque famille d’une boîte de secours pour faire face aux premières heures d’une crise avec des masques et du gel hydroalcoolique.

Cette campagne de second tour vous la menez sur le thème de cette crise économique qui s’en vient. Malgré les milliards d’euros injectés, l’État n’a pas réussi à l’empêcher. Comment la métropole qui a des budgets bien inférieurs pourrait-elle solutionné le problème ?

L’économie tenait une place déjà importante dans notre programme mais la situation est devenue encore plus prégnante. Il faut désormais donner la priorité à l’emploi. Sur la région et la métropole, l’activité économique a baissé de 34%. 40% des entreprises ont fait entre 0 euro et -70% de leur chiffre d’affaires. Le PIB va reculer de 12 points. Le gouvernement annonce 800 00 chômeurs à la rentrée. Nous ne pouvons effectivement pas nous substituer à l’État sur le chômage partiel mais, en revanche, nous pouvons relancer la commande publique qui est bloquée depuis un an. Nous pouvons lancer un grand plan de rénovation thermique. Nous devrons aider rapidement les commerçants les plus fragiles en imaginant des prêts même d’un montant modeste pour les aider à passer cap. Nous relancerons rapidement les grands salons pour développer la filière affaires et celle du tourisme. C’est de cette manière que l’on peut aider le monde économique à repartir. Quand on présente un projet mobilité sur laquelle nouas allons mettre 4 milliards d’euros sur les transports, c’est une manière d’aider les entreprises.

Sur les transports justement vous aviez expliqué lors de votre campagne de premier tour que Gérard Collomb n’en avait pas fait assez pendant trois mandats. Idem sur le logement où vous dénonciez une politique qui a chassé les classes moyennes du cœur de l’agglomération. Depuis votre alliance, votre discours a changé. Les problèmes ont-ils disparu pour autant ?

Pour ce qui est de la maîtrise foncière et d’un parcours résidentiel complet, Gérard Collomb est acquis à cette cause. Nous nous sommes rassemblés pour faire face à la crise économique qui est devant nous. L’enjeu est d’éviter que la métropole tombe aux mains d’une alliance dangereuse. Sur les déplacements, les écologistes ne sont pas à la hauteur des enjeux. Ils veulent développer des pistes cyclables mais cela ne suffit pas à faire une politique de fluidité des déplacements dans une métropole de 1,4 million d’habitants. Sur Lyon et Villeurbanne, la part de la voiture a baissé de 40% en dix ans, car la part des transports en commun a augmenté. Le taux d’émission carbone de cette zone ne représente que 2% de la métropole. 60% des émissions sont liées aux 250 000 voitures qui rentrent et sortent chaque jour de la métropole. C’est pour cette raison que nos transports en commun doivent aller plus loin en les associant avec des parcs relais. Nous voulons aussi développer le RER à la lyonnaise pour aller chercher gens à Givors, à Vienne ou dans le nord Isère.

Vous étiez l’opposant de Gérard Collomb pendant trois mandats et vous êtes désormais d’accord sur tout ou presque. Une alliance de circonstance peut-elle être débouchée sur une gouvernance stable pendant six ans ?

Nous avons eu des désaccords sur des projets comme le grand stade ou le métro à la Confluence mais pas sur la stratégie générale de la métropole. En 1989, Michel a mis en place un plan de développement de la communauté urbaine au travers du plan bleu ou du plan Lumière. Ni Raymond Barre ni Gérard Collomb n’ont remis en cause ce fil rouge. Avec les écologistes et les Insoumis nous avons une différence de fond : ils ne veulent pas construire de logements et accueillir de nouveaux habitants alors que 130 000 personnes vont s’installer sur le territoire métropolitain d’ici 2030. Ils ne veulent pas de rayonnement international. Ils veulent se refermer sur même et entre eux. Avec Gérard Collomb, nous allons bâtir une majorité de projets. Il n’y a donc aucune raison que la gouvernance ne soit pas stable. Sur les grands sujets, nous sommes d’accord.

À deux reprises, Gérard Collomb vous a ravi la présidence de la métropole alors que vous étiez censé être majoritaire. Aurez-vous la boule au ventre, si vous l’emportez dimanche, au moment du troisième tour ? L’histoire va-t-elle bégayer ?

Je sais que la question est posée mais la réponse est simple. Je suis le candidat à la présidence de la métropole. J’aurai une équipe à manager dans laquelle Gérard Collomb aura un rôle à jouer compte tenu de son expérience. Je n’ai pas d’inquiétudes. Gérard Collomb a été clair sur ce qu’il veut faire et ce qu’il ne veut pas faire. J’ai confiance en la parole donnée.

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