3 questions à Hervé Simon, président de la Fédération des promoteurs immobilier (FPI)
Alors que le secteur de la construction a été stoppé net par le confinement, le président de la FPI à Lyon veut faire valoir les intérêts de la filière en cette rentrée. Il demande aux maires un effort sur la délivrance des permis de construire pour relancer les constructions.
Lyon Capitale : La ministre du Logement a souligné que peu de permis de construire avaient été délivrés pendant le confinement. Avant cela, la campagne municipale et la rédaction du PLU-H avaient déjà réduit les délivrances à Lyon. Où en est la filière aujourd’hui ?
Hervé Simon : Les chiffres ne sont pas bons du tout. Très peu de permis ont été délivrés, moins de 1 000 en juin, et il y a eu peu de mises en vente lancées. Ce n’est pas lié aux nouveaux élus à la Ville et à la Métropole, mais bien la conséquence de ce qu’il s’est passé en début d’année. Nous nous trouvons dans une situation très inquiétante sur la métropole, avec très peu d’offre et une demande toujours présente dont les deux tiers en résidence principale.
La pression mise par le gouvernement sur les maires, le plan de relance de l’État de 4 à 5 milliards d’euros et la simplification des procédures de délivrance des permis suffiront-ils à relancer la construction immobilière ?
Je n’y crois pas beaucoup. Le plan mis en place par la présidence de la République de choc de l’offre n’est pas réalisable si les dispositions ne sont pas accompagnées localement. Simplifier la procédure de délivrance des permis de construire d’accord, mais si les maires ne veulent pas en délivrer cela ne sert à rien. Nous avons eu une période où l’instruction des permis de construire était contrariée en raison de la pandémie de Covid-19 et des services qui ne travaillaient pas. Mais désormais il y a beaucoup de maires qui ne sont pas favorable à la délivrance ou l’accélération de la délivrance de permis de construire. Il y a une prudence vis-à-vis des citoyens avec davantage de procédures de concertation qui impliquent plusieurs mois d’allers-retours avec les riverains et les associations de quartier.
Risque-t-on une pénurie de logements et notamment de logements sociaux alors que l’exécutif a réaffirmé sa volonté d’en construire de 110 000 à 120 000 cette année ?
Dans la métropole ce sont les promoteurs qui produisent la majorité des logements sociaux. Il y a une péréquation financière avec le logement libre permettant de construire du social sur des sites contraints et chers. Moins de logements construits, c’est moins de logements sociaux bâtis aussi. Ce sont les emplois du BTP de l’an prochain qui sont en jeu. Les collectivités et l’État sont en train de réfléchir à des plans de relance qui coûtent des millions, alors qu’on ne demande pas d’argent mais des signatures. Ça coûte moins cher que des plans de relance.
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Une ville ne peut pas être le terrain de jeu des promoteurs immobiliers jusqu'à la fin des temps.
Une fois que tout est bien bétonné, il reste quoi comme solution ? Détruire ce qui existe pour construire encore plus de tours etc ? Avec Gérard Collomb, le moindre jardin à Lyon a été bétonné.
Maintenant l'économie doit se modifier, ne plus être au service de ceux qui bétonnent, mais au service du bien être. Si vous voulez donner du travail au BTP, qu'il se mette enfin à l'isolation correcte des bâtiments qui existent ! La métropole (de Collomb & Co) a accordé des permis de construire pour des immeubles neufs, où les balcons sont intégrés dans la structure du bâtiment, ce qui rend ces bâtiments pas du tout "isolables correctement" (ponts thermiques). Et les promoteurs sont directement responsables de ce gaspillage et de ces erreurs. Ceci depuis des décennies ! 🙂
Alors si votre règne se termine... tant mieux. Les emplois iront ailleurs car l'argent pas dépensé quelque part, va nourrir d'autres secteurs.