Service de réanimation de l’hôpital de la Croix-Rousse des Hospices Civils de Lyon. @Lionel De Souza _ avril 2020

Coronavirus : à Lyon, bien comprendre ce qui se joue en réanimation ces prochains jours

Les hôpitaux de la région Auvergne-Rhône-Alpes sont au bord de la saturation. Deux fois plus de patients sont déjà en réanimation que les capacités normales. Les prochains jours vont être déterminants. Explications.

"Vous en faîtes trop", "vous êtes alarmistes", "c'est vraiment si grave que ça ?". Légitimement, nos internautes se posent beaucoup de questions. Mais oui, la situation dans la région Auvergne-Rhône-Alpes, la plus touchée par cette 2e vague de l'épidémie de coronavirus, est alarmante. La tant redoutée saturation des hôpitaux de la région pourrait intervenir dans quelques jours. Saturation = choisir entre des malades.

"On redoute d’avoir à se poser, un jour, la question : quel malade, on ne va pas prendre en réa ?" insistait mercredi le chef du service de médecine intensive et réanimation de l’hôpital de la Croix-Rousse, à Lyon, Jean-Christophe Richard, dans Le Progrès. 

Vendredi soir (6 novembre), 6 302 patients étaient dans les hôpitaux de la région des suites du covid-19. Déjà deux fois plus qu'au pic de la 1ère vague mi-avril (3 055). Alors qu'on est pas encore au pic, loin de là...

Attardons nous sur les chiffres :

  • en temps normal, il y a 559 lits de réanimation dans la région (pour toutes les pathologies)
  • d'après un dernier point vendredi soir (6 novembre), 748 patients étaient en réanimation des suites du covid-19 dans la région
  • ce vendredi soir (6 novembre), près de 1 000 patients sont en réanimation en tout dans la région (patients covid et non covid)
  • ce vendredi soir, environ 1050 lits de réanimation sont "armés" dans la région, avec la déprogrammation de nombreuses opérations non urgentes
  • jusqu'à 1250 lits de réanimation peuvent être "armés" avec la déprogrammation de toutes les opérations non urgentes

Sauf que 1250 lits de réanimation dans la région, soit 2,5 fois plus qu'en temps normal, ça risque de ne pas être suffisant... Malheureusement. Car les hôpitaux vont continuer à se remplir ces prochains jours. C'est inéluctable.

Les hôpitaux vont continuer à se remplir...

Les prévisions sont très mauvaises pour ces prochains jours. Car le taux d'incidence dans la région est encore trop haut. Beaucoup trop haut. Malgré une stabilisation depuis une semaine. Mais il se stabilise à un niveau très haut. Le taux d'incidence est un très bon indicateur de la circulation du virus à l'instant t sur un territoire. Qui dit très haut taux d'incidence dit forcément beaucoup d'hospitalisations une semaine ou dix jours après.

"La région Auvergne-Rhône-Alpes, ma région, est la plus touchée par cette 2e vague de l'épidémie de coronavirus en France", a répété plusieurs fois ce jeudi soir le ministre de la Santé, le Grenoblois Olivier Véran. "Même si le confinement est bien respecté, la région Auvergne-Rhône-Alpes pourrait connaître une saturation de ses capacités de réanimation. C'est pour cela que nous procédons à des évacuations vers d'autres régions". Des évacuations qui vont se multiplier alors que pourtant, la région Auvergne-Rhône-Alpes est l'une des mieux équipées de France en hôpitaux.

... Et il n'y a déjà presque plus de places

43 patients de la région avaient déjà été transférés jeudi soir dans d'autres régions, notamment dans l'ouest, à Bordeaux, à Nantes, à Poitiers, moins touchés. 200 nouveaux transferts vont avoir lieu, en urgence, ces prochains jours. Pour tenter d'éviter la saturation.

"Dans la région, on risque d'être à saturation en fin de semaine prochaine, se désole un médecin de HEH (l'hôpital Edouard-Herriot). On ne peut pas indéfiniment pousser les murs. Malheureusement le nombre de cas positifs est encore tel qu'on risque d'avoir un plateau très haut dans les hôpitaux plutôt qu'un pic autour du 15 novembre. La période entre le 12 et le 25 novembre risque vraiment d'être compliquée à Lyon et dans la région, on le sait tous...". Devoir choisir entre les malades est craint désormais par nombre de médecins lyonnais.

Olivier Véran, le ministre de la Santé, a évoqué jeudi soir un pic possible à 1700 patients en réanimation en même temps dans la région. Avec une capacité initiale de 559 lits et une maximale (en déprogrammant tout) de 1250 lits... Que ferait-on alors des autres ?

Lire aussi : Coronavirus : Auvergne-Rhône-Alpes, région la plus touchée de France (graphique)

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