Nos idées cadeaux : sélection coffrets et disques

Pop, rock, classique, Lyon Capitale vous propose une sélection de coffrets et de disques à mettre au pied au sapin.


Pop-rock
Beauté Divine !

“Trente ans de The Divine Comedy”, rien que le sous-titre de ce Venus, Cupid, Folly & Time éveille la curiosité. Ici, il faut préciser que la chose est à réserver, outre de bien inspirés et bienvenus curieux de passage, aux inconditionnels non pas de Dante mais de Neil Hannon, ce petit bonhomme irlandais trimballant ses crooneries entre dandysme victorien et espièglerie d’esprit frappeur, entre romantisme, maniaquerie, emphase et humour à couper à la tondeuse à laine. C’est sur une œuvre entamée en 1993 avec l’album Liberation, qui fit instantanément de lui le chouchou de tout ce que la France comptait alors d’Inrockuptibles, que revient cette quasi-intégrale (les deux derniers albums, trop récents, en sont exclus). Laquelle permet, avec les albums remastérisés mais aussi quantités d’inédits et de raretés, de cerner l’évolution musicale de Hannon, de l’influence Michael Nyman des débuts à la grandiloquence assumée d’Absent Friends (le ravelien Our Mutual Friend est sans doute le plus beau millefeuille de romantisme contrarié jamais écrit) en passant par le drolatique Casanova et l’über-romantique A Short album about Love, tous tenus par la qualité d’écriture d’un immense parolier.

Le coffret de vingt-quatre CD permettra à ceux qui seraient catastrophés d’être passés à côté du bonhomme et aux fétichistes d’assouvir leur appétit. Les autres, comme ceux à qui mémé n’a pas signé un chèque en blanc à Noël, pourront se rabattre sur les rééditions individuelles proposées en deux CD chacune.

Venus, Cupid, Folly & Time, Thirty years of The Divine Comedy, Divine Comedy Records/Pias, 134,99 €.

(Re)Fondus de rock lyonnais

On sait à Lyon le caractère mythique qu’a représenté la scène, disparate, rangée sous le vocable “Lyon, capitale du rock”, auquel la BmL consacra une savoureuse exposition l’an dernier.

On sait donc ce qu’une œuvre inconnue d’un des groupes emblématiques de la période fin 70’s-début 80’s peut avoir d’intrigant. C’est sans doute pourquoi le, certes modeste, premier tirage uniquement en vinyle d’un album inédit de Ganafoul chez Simplex Records et vendu dans quelques bouclards musicaux lyonnais fut rapidement épuisé cet automne.

Pour replacer les choses, se rappeler que les Givordins étaient alors les représentants hard-rock de la scène lyonnaise, fort bien cotés nationalement. Le disque en question baptisé Sider-Rock (Ganafoul se réclamant d’une musique sidérurgique, raccord avec l’économie locale) a été retrouvé un peu par hasard dans un coffre aux trésors, nettoyé et remastérisé et constitue le véritable premier album du groupe, alors même qu’il s’exprimait encore en quintet et en français. Un trésor que les nombreux inconditionnels de la période et de l’efficacité rock de Ganafoul se doivent de posséder. Profitez-en, Simplex vient de represser 200 exemplaires vinyles colorés (et donc d’autant plus collectors) enrichis de photos.

Sider-Rock, Simplex Records, sur commande à simplexrecords@orange.fr

De l’argent au coffret

Avec Noël, s’il a lieu, les maisons de disques dégainent les coffrets à tire-larigot. C’est le cas du géant Warner qui mitraille tous azimuts du Tom Petty, du Françoise Hardy, du Véronique Sanson, du Pink Floyd ou du Linkin Park, tous édités selon des formules extensibles et multisupport (pour s’adapter à toutes les bourses et à tout le spectre du fanatisme musical).

Parmi ceux-ci on conseillera notamment la réédition, sans doute la plus épurée de toutes, de l’American Beauty du Grateful Dead qui fête cette année ses 50 ans, classique indétrônable du psychédélisme distillé en trois CD ou un vinyle (“picture disc” ou classique).

De même, impossible de passer à côté de cette splendide version Deluxe d’un des grands albums de princes de l’alt-country américaine, le Summerteeth de Wilco (et ses classiques en pagaille souvent convoqués sur les BO américaines, comme How to fight loneliness) décliné au choix en quatre CD ou cinq vinyles LP : outre, selon la formule consacrée, une version remastérisée de l’album, une pluie d’enregistrements rares et surtout un concert d’époque enregistré à Boulder dans le Colorado.

Dans un tout autre genre : un coffret super luxe du Power, Corruption and Lies de New Order comprenant un vinyle, deux CD et deux DVD. Au menu, le master original de l’album, des sessions de travail et une John Peel Session à la BBC, et pour les DVD, des concerts de 1982 et 1983 à la mythique Hacienda de Manchester et à Kilkenny, le documentaire Play at Home de Channel 4 et un bouquet de retransmissions live et télévisées rares.

Incontournable également la réédition, 31 ans après, du proverbial troisième meilleur album solo de Lou Reed, le plus intrinsèquement reedien, New York, proposé en un vinyle (l’album remastérisé, une action qui prend tout son sens s’agissant de la maniaquerie sonore de Lou), trois CD et un DVD (le concert au théâtre St-Denis de Montreal, longtemps disponible en seule VHS). À noter, pour les puristes, des notes de pochettes inédites relatant les liens entre l’album et Le Poète à New York de García Lorca.

Enfin, pour les véritables boulimiques au porte-feuille rebondi, on signale également la sortie d’une pièce maîtresse de Prince, Sign O’ the Times, déclinée de mille manières mais que les maniaques (tous les fans de Prince ne le sont-ils pas ?) acquerront en coffret treize vinyles et DVD (inclus deux concerts de 1987 à Utrecht et Paisley Park, en présence de Miles Davis) accompagné d’un livre de 120 pages !

American Beauty 50th anniversary de Grateful Dead, Rhino Records/Warner Music, de 18,99 à 25,99 €
Summerteeth de Wilco, Rhino Records/Warner Music, de 28,99 à 82,91 €
Power, Corruption and Lies de New Order, Warner Music, 104,99 €
New York de Lou Reed, Rhino Records/Warner Music, 66,99 €
Sign O’ the Times de Prince, de 20,99 à 295 € (pour le coffret Super Deluxe édition limitée 13 vinyles)

Classique

250 bougies pour Beethoven

Alors que les 250 ans de la naissance de Beethoven n’ont pas pu être célébrés comme il se doit du fait de la crise de la Covid-19, les disques, eux, ne cessent de paraître… Entre sorties récentes et versions de référence plus anciennes, les idées cadeaux ne manquent pas : on fait le point avant les fêtes.

• Symphonies et “interprétation historiquement informée”

Une chose est certaine, on n’interprète plus Beethoven aujourd’hui comme on avait coutume de le faire au milieu du XXe siècle. L’eau a coulé sous les ponts, et les versions pachydermiques d’antan (Böhm, Karajan…) tendent à tomber en désuétude. Jugées trop pompeuses, les modes changent et on leur préfère aujourd’hui les interprétations plus conformes aux canons du XVIIIe siècle. Les “baroqueux” et leurs recherches musicologiques sont passés par là et c’est désormais toute la sphère classique qui s’intéresse aux conditions “historiques” d’interprétation des œuvres pour leur donner “un coup de jeune”. À tel point qu’un coffret tout juste paru chez le label Alpha va jusqu’à proposer une intégrale des symphonies de Beethoven enregistrées dans les salles qui ont vu, il y a deux siècles, la création des œuvres ! Un défi pour le chef Martin Haselböck à la tête de l’Orchester Wiener Akademie, sur instruments d’époque bien entendu.

Resound Beethoven Complete Symphonies – Orchester Wiener Akademie (Martin Haselböck) / 5 CD, Alpha Classics


Tout juste remis de la Covid-19, notre doyen préféré, Jordi Savall, nous gratifie d’un triple CD pour AliaVox réunissant les Symphonies n° 1 à n° 5 de Beethoven en compagnie de son Concert des Nations.

Si la démarche paraît au premier abord moins jusqu’au-boutiste que chez Haselböck et son choix de salles foulées par le compositeur, l’interprétation soyeuse, la douceur des timbres, la fougue dans les mouvements enlevés et la prise de son luxueuse nous séduisent davantage.

Beethoven Révolution, Symphonies 1 à 5 – Jordi Savall, Le Concert des Nations / 3 CD, AliaVox


Dans la même veine, on recommandera la prodigieuse intégrale de John Eliot Gardiner pour Archiv à la tête de son Orchestre Révolutionnaire et Romantique : un millésime à l’inspiration stupéfiante qui n’a pas pris une ride, 25 ans plus tard…

Beethoven, 9 Symphonies – Orchestre Révolutionnaire et Romantique (Gardiner) / 5 CD, Archiv Produktion


• Piano fortiche

“Même motif, même punition” pour le piano. C’est en tâtant des pianos sur lesquels jouait Beethoven que le pianiste et chef d’orchestre flamand Jos van Immerseel a connu la révélation. Car, bien loin des énormes Steinway et Yamaha de concert d’aujourd’hui, les spécimens sur lesquels Beethoven composait ses sonates induisent beaucoup de la manière de faire sonner les partitions. C’est sur une copie d’un piano-forte viennois de 1800, au timbre clair et profond à la fois, que van Immerseel a enregistré un florilège de sonates de jeunesse de Beethoven sous la forme d’un coffret de 3 CD pour Alpha.

Transparence du phrasé, soin extrême porté à l’articulation : un enregistrement essentiel qui prend des allures de docufiction tant ce qu’on y entend correspond à l’idée qu’on peut se faire de Beethoven interprétant ses propres œuvres au piano.

Piano Works of the Young Beethoven – Jos van Immerseel / 3 CD, Alpha Classics


Et aussi

• Messe à quatre chœurs

Sous-titré Carnets de voyage d’Italie, ce nouvel album de l’Ensemble Correspondances de Sébastien Daucé aborde le style polychoral italien par le prisme de son compositeur totem, Marc-Antoine Charpentier, au retour de son séjour à Rome.

Ensemble Correspondances (Harmonia Mundi)

 


• La Vanità Del Mondo

Le tout dernier album de Philippe Jaroussky voit le contreténor s’intéresser à un style bien particulier, l’oratorio et ses arias n’ayant rien à envier à ceux des plus grands opéras du baroque italien.

Philippe Jaroussky (Erato)


 

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