Premier accro dans la majorité formée par les écologistes et la gauche à la métropole de Lyon. L'exécutif présidé par Bruno Bernard a validé ce mardi une délibération validant le processus de création de l'Arena de l'OL et de l'Asvel dont la construction est prévue à côté du Grand stade à Décines.
La poursuite d'un projet lancé par l'ancienne majorité n'a pas fait que des heureux au sein des écologistes qui se sont longtemps battus contre l'idée même de la création du Grand Stade et de l'OL Vallée. La métropole a entériné ce mardi le bilan de la concertation et décidé de poursuivre la procédure “de déclaration de projet emportant mise en compatibilité du PLU-H”. Si elle a salué certaines avancées environnementales obtenues par la majorité, Nathalie Perrin-Gilbert et son groupe ont voté contre la délibération. “L’économie du spectacle n'est pas extensible à merci. La prolifération des Zenith et Arena a ses limites et avec le Covid, ces grandes salles ne sont plus la poule aux œufs d'or que les investisseurs ont pu croire ces dernières années. Il y a donc un risque à ce que les investisseurs viennent demander un soutien financier. Car il faudra bien nourrir la bête quand elle aura vu le jour. Le modèle économique de ce type de salle est bien plus fragile qu'il n'y paraît. Faut-il parier sur ce type de développement pour l'Est lyonnais ? Nous ne le pensons pas”, a déclaré l'adjointe à la culture de la ville de Lyon.
OL Land, 60e commune du Grand Lyon ?
“Vous proposez la création d'une 60e commune dans la métropole de Lyon dite OL Land”, a attaqué de son côté Idir Boumertit, un autre élu de la majorité. Le représentant de La France insoumise craint que le réseau des salles indépendantes soit mis à mal par cette Arena, notamment la Halle Tony Garnier. “Comment pourrions-nous accepter de favoriser l'émergence d'un acteur privé pour siphonner les 5 millions d'euros de chiffre d’affaires d'un équipement public.” Concernant l'aspect 100% privé du projet, M. Boumertit s'est questionné sur le financement des infrastructures de transports en commun nécessaires que la collectivité va devoir mettre en place pour desservir la zone. “Par ce projet, il nous est proposé de poursuivre sur la voie du sport business. Nous accompagnons cette démarche de marchandisation du sport et de la culture au profit d'une entreprise. Ce dossier nous est laissé en héritage par la majorité précédente. Pour autant, il ne nous appartient pas de valider ce projet tel quel car cette Arena ne peut pas être celle de notre majorité. Peu importe qu'elle soit 100% financée par un acteur privé. C'est une machine à fric, pas un équipement sportif et culturel respectueux de l'équilibre du territoire”, a abondé l'élu communiste Raphaël Debû.
Gérard Collomb aux anges
L'air narquois, l'ancien maire de Lyon, Gérard Collomb, très critiqué par les élus écologistes lors de la construction du stade, buvait visiblement du petit lait face à ce spectacle d'une majorité divisée au moment de prendre la parole. “Ce rapport nous fait chaud au cœur”, a-t-il débuté grand sourire. Puis d'ajouter : “Quand il y a dix ans, je lançais la réalisation du Grand Stade, j’ai fait face à une campagne de tous les instants de la part de ceux qui dénonçaient un grand objet inutile. Un certain nombre de zadistes s'étaient même installés sur le terrain. Mais la délibération de ce soir le montre. La réalisation de ce stade a dynamisé tout un secteur de l'Est lyonnais. Nous nous réjouissons aussi que vous soyez en faveur de la réalisation de l'OL Vallée, ce mélange d'escape game et de Fort Boyard. Oui, c'est un grand projet que vous lancez. Il est de ceux qui font rayonner et augmenter l'attractivité de tout un territoire”. Quant au caractère 100% privé de l’Arena ? Gérard Collomb l'assure : “La métropole financera seulement les transports en commun. Mais vu les ambitions affichées pour ce site, ils devront être conséquents”. De quoi enfoncer un peu plus le coin qui se forme au sein de l'exécutif écologiste. Gérard Collomb a par ailleurs demandé une vote uninominal que chaque conseiller assume son vote publiquement.
Selon nos confrères de Rue89 Lyon avant ce conseil, les écologistes lyonnais ont mis en place une consultation interne sur l'Arena qui a confirmé que l’opposition était très majoritaire dans leurs rangs (38 contre, 5 pour, 21 ne se prononçant pas) et l’hypothèse d’une demande de retrait de la délibération a été approuvée par 29 conseillers (14 contre , 21 ne se prononçant pas).
Équilibrisme
Ce mardi matin, la majorité a essayé de jongler entre ses positions passées et sa volonté de faire passer ce dossier. Vinciane Brunel Vieira a insisté sur ce caractère 100% privé et sur les efforts consentis par l'OL sur “les clauses d’insertion sociale dans les marchés de travaux et d’exploitation du bâtiment, la réduction de l’impact environnemental du projet, la réduction de l’empreinte carbone des spectacles, et la non-concomitance des évènements de l’Aréna et du stade”. Tout en concédant par ailleurs que cette salle “n'est pas un projet écologique”. “De plus, sa réalisation dans un contexte sanitaire, où il n'est pas possible de se réunir en grand groupe, peut poser question”, a-t-elle ajouté.
Bruno Bernard s'est lui défendu d'être le digne successeur de Gérard Collomb. Il avait par ailleurs voté contre le Grand Stade à l'époque. “Non, nous n'avons pas la même vision de l'évolution du territoire de l'Est lyonnais. Ce projet Parc OL a été fait dans des conditions qui n'étaient pas les bonnes. Ce n’était pas un choix pertinent pour son coût pour la collectivité qui a été de 300 à 400 millions, pour le prix de vente de terrains très en-dessous de la valeur des biens et pour les agriculteurs qui ont été expropriés. À cause de cette méthode, le développement de l'Est a été contraint et le territoire maltraité depuis maintenant trop longtemps faute de transports en commun suffisants”, a-t-il répondu à son prédécesseur. Pour autant, “le stade existe” concède-t-il, et le projet d'Arena “répond à une demande de la population”. “Il va permettre à l'Asvel de jouer l'Euroligue, mais aussi d'organiser des spectacles pour plus de 15000 personnes. Ce n'est pas la culture que je préfère et vous ne risquez pas de me voir dans cette salle”, a ajouté le président de la métropole. Et de conclure : “Ce n’est donc pas ici une question d'être pour ou contre, c'est un projet privé mené sur une friche industrielle et c'est pour cela que nous devons modifier le PLU-H. Ce projet doit donc être amélioré pour être le plus écoresponsable possible.”
Une large majorité de votes “pour”
La délibération a été adoptée par 104 votes pour sur les 143 exprimés. 27 conseillers se sont abstenus et 12 ont voté contre. Les élus de La Métropole en commun se sont abstenus à l’exception de Nathalie Perrin-Gilbert qui a vôté contre. Les élus communistes ont voté contre ou se sont abstenus comme la vice-présidente Michèle Picard et les élus de La France insoumise ont voté majoritairement contre (trois contre et une abstention). Enfin, du côté des Ecologistes, Valérie Roch, Joëlle Percet ou encore Matthieu Vieira ont voté contre, tandis que Yasmine Bouagga la maires du 1er arrondissement de Lyon s'est abstenue tout comme l'adjointe à la ville de Lyon Sonia Zdorovtzoff. Grégory Doucet s'est lui prononcé pour. Ce fut aussi le cas de Cédric Van Styvendael, le nouveau maire de Villeurbanne, qui n'a donc pas suivi la position de son prédécesseur Jean-Paul Bret qui a dit tout le mal qu'il pensait de cette Arena ce week-end et début 2020 lors de son départ de la métropole. En tout, parmi les 58 élus du groupe écologiste, 31 ont voté pour, 20 se sont abstenus, 4 ont voté contre et 3 n'ont pas pris part au vote.
Le PLU est une véritable serpillère où il suffit de vouloir faire quelque chose qui n'est pas possible, pour HOP PAR MAGIE changer le PLU ! 😀
Financement 100% privé... donc le prêt garanti par l'Etat à hauteur de 76 millions d'euros accordé début décembre, ne va pas financer ce projet ? :o) ceci après un PGE de 92,6 millions d’euros en juillet !
🙂
Dites, c'est "la fuite en avant" ou pas ?
Quant aux écologistes... il va falloir être "économiquement réaliste" et vous apercevoir que tant qu'on sera dans un système monétaire, c'est toujours "le fric" qui gagne à la fin. Sauf à comprendre enfin l'intérêt d'un système postmonétaire. Mais ça, vont-ils le comprendre avant que tout soit détruit ?
Un prêt garantie par l'état n'est pas de l'argent donné par l'état. C'est un prêt auprès d'un pool bancaire qui doit être remboursé : c'est une possibilité offerte à tous les acteurs économiques dans ce pays y compris donc au Groupe OL
Le privé dans la Culture finance très rarement la création, c'est la Culture à minima pour le maximum de fric.
Abolition nous a fait part de son antienne obsessionnelle. Amen !