Le centre de vaccination de Lyon à Gerland © Antoine Merlet
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Covid-19 à Lyon : les labos accepteront-ils de faire du vaccin un bien commun de l’humanité ?

Alors qu’Emmanuel Macron avait envisagé, avec d’autres dirigeants européens, que le vaccin contre la Covid-19 soit un “bien commun”, les campagnes vaccinales épousent les fractures économiques entre le nord et le sud. L’apparition de variants pourrait relancer le débat.
L’émergence de variants de la Covid-19 alors que les campagnes vaccinales n’en sont, à l’échelle de l’humanité, qu’à leurs balbutiements fait planer la menace d’une épidémie qui pourrait durer encore de nombreuses années. “Si nous ne pensons pas aux pays du sud, nous aurons toujours un vaccin de retard. L’exemple sud-africain est révélateur. Ils ont suspendu leur campagne puisque le vaccin AstraZeneca ne fonctionne pas face à leur variant. Pour casser cette épidémie, il faudra que les laboratoires acceptent de renoncer à leur propriété intellectuelle. Aujourd’hui, ils veulent garder le contrôle de la production, mais à ce rythme l’Asie et l’Afrique ne seront pas immunisés avant 2024. Le vaccin doit devenir un bien commun de l’humanité”, plaide Michèle Rivasi, députée européenne écologiste. Elle met en avant un mécanisme prévu dans les accords de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) : la licence obligatoire. Elle permet, dans le cadre d’une urgence sanitaire, à des pays d’utiliser une technologie brevetée par une entreprise même si celle-ci le refuse. “Il faut plus voir la licence obligatoire comme une arme de dissuasion. Elle permet de rendre raisonnable un industriel qui voudrait privilégier son profit. Mais en dernier recours, il pourrait être pertinent de l’utiliser. En revanche, cela romprait le pacte de confiance entre le pays qui l’actionnera et les laboratoires concernés. Face à la Covid-19, je crois plus à la solidarité. Comme nous l’avons fait pour le sida, il faut que les pays riches paient plus que le prix du vaccin et que la différence permette de proposer aux pays pauvres des doses en dessous du prix de revient. Ce système de solidarité fonctionne pour le traitement contre le sida ou le paludisme”, estime Jean-Louis Touraine, député LREM.

Un fonds pour les pays les plus pauvres

Face à la Covid-19, c’est le programme de l’ONU Covax, piloté par l’OMS et le Gavi (une organisation internationale spécialisée dans la vaccination au sein des pays les moins développés), qui doit garantir l’accès à la vaccination pour les pays les plus pauvres de la planète. Des États abondent ce fonds. Joe Biden, le nouveau président des États-Unis, promet une participation au Covax à hauteur de 4 milliards de dollars. L’Union européenne a adopté en novembre une subvention de 500 millions d’euros. Le programme a déjà réservé deux milliards de doses auprès des laboratoires pharmaceutiques et évoque un coût unitaire de 3 euros. Les prix du vaccin varient de 1,78 euro pour AstraZeneca à 14,68 euros pour celui de Moderna.
Les laboratoires veulent pour l’instant garder la main sur leurs vaccins. Seuls AstraZeneca et Novavax (leur produit n’a pas encore été approuvé par les autorités sanitaires) ont déjà négocié des transferts de compétence pour permettre une production en dehors de leurs chaînes industrielles. “Habituellement les laboratoires déposent assez peu de brevets sur leurs vaccins. Jusqu’à présent la technologie n’avait pas énormément évolué depuis Pasteur. L’ARN messager est une nouvelle technique et les laboratoires n’accepteront jamais de la laisser passer en licence libre”, tranche Matthieu Boutier, délégué syndical CFE-CGC chez Sanofi Pasteur, la branche du groupe spécialisé dans la vaccination.

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