Le trafic de cigarettes revient sur le devant de la scène lyonnaise avec une actualité judiciaire particulièrement chargée en mars. Décryptage.
"Ici, c’est le plus grand tabac à ciel ouvert de l’agglomération lyonnaise", annonce un douanier lyonnais. Cigarettes de contrebande ou contrefaites, place Gabriel-Péri, les petites mains, "en grande majorité de jeunes sans-papiers dans une misère certaine", dixit un fonctionnaire de l’État, ne regardent pas la couleur du paquet. Ils vendent à la sauvette, entre 4 et 5 euros pièce, et se relayent tout au long de la journée. "Marlboro, Marlboro !" Pour se protéger des contrôles, ils n’ont que quelques paquets sur eux, planquant leur petit stock à proximité, dans un trou de mur ou une boîte aux lettres d’un hall d’immeuble. Ce sont les derniers maillons de la chaîne, les tâcherons. Leur salaire se fait sur la maigre marge qu’ils obtiennent à la revente. Car derrière, le trafic s’organise selon un schéma pyramidal classique : guetteurs (à la jumelle à la Guillotière), responsables de points de vente, approvisionneurs, intermédiaires et grossistes. Et les marges deviennent intéressantes. Pour les cigarettes de contrefaçon, le coût de fabrication d’un paquet est d’un euro...
+1 200 % de faux
Selon un audit commandé par Philip Morris France (propriétaire, entre autres, de la marque Marlboro), les cigarettes falsifiées de A à Z représentaient 1,5 % de la consommation totale lyonnaise au premier trimestre 2020 pour atteindre 10,5 % au deuxième trimestre et clore à 20 % en fin d’année. +1 200 % ! "Le trafic grossit à chaque augmentation du prix du tabac (mars et janvier)", soulignent les autorités. "Le confinement, avec la fermeture des frontières et les restrictions de déplacement, a aussi incité les fumeurs à se diriger vers le marché parallèle", ajoutent les douanes.
Un marché parallèle florissant si l’on en croit ces dernières, dont les chiffres annuels consolidés sortiront prochainement : "Ce que je peux vous dire, c’est qu’on est sur une tendance plutôt haussière à Lyon", indique David Cugnetti, directeur des services douaniers et chef du pôle orientation des contrôles à Lyon. Les affaires, quasi quotidiennes, font les choux gras des médias.
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