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Éducation : se faire obéir sans cris ni chantage

Christophe Carré est médiateur professionnel, spécialiste en prévention, règlements des différends et dysfonctionnements relationnels. Il nous donne les clés pour mieux comprendre les résistances des enfants face à nos demandes et retrouver une autorité apaisée et bienveillante.

Quel parent n’a jamais eu à crier, à menacer son enfant de punition ou encore à lui promettre une récompense pour obtenir qu’il obéisse ? Las de parlementer, d’expliquer ou tout simplement d’attendre que l’enfant obtempère, bon nombre de parents utilisent ces procédés pour, en apparence, se faciliter la vie. À tel point que, dans certaines familles, cette manière de communiquer finit par s’imposer comme un modèle éducatif. En effet, élever un enfant peut s’apparenter parfois à une véritable bataille rangée autour de nombreux sujets : faire ses devoirs, aider à la maison, aller se coucher ou tout simplement venir à table… Pourtant, face à un enfant qui semble peu prompt à répondre aux desiderata de ses parents, une autre solution est possible, loin des cris, menaces et chantages. Entretien avec Christophe Carré, auteur du livre Obtenir sans punir. Les secrets de la manipulation positive avec les enfants.

Lyon Capitale : Un grand nombre de parents ont recours aux cris, au chantage à la punition ou à la récompense pour se faire obéir, à quoi est-ce dû selon vous ?

Christophe Carré, médiateur Christophe Carré : Je crois que beaucoup de parents souhaitent une efficacité immédiate quand ils veulent obtenir quelque chose de l’enfant, que ce soit face à un comportement acceptable – l’enfant se montre coopératif, mais pas assez rapidement au goût du parent – ou inacceptable. Et c’est vrai qu’ils ont d’une certaine manière raison : les cris, les punitions, les récompenses, tout cela fonctionne à peu près correctement sur le très court terme. Mais l’expérience montre que cela ne tient pas dans le temps. L’enfant n’intègre pas les nouveaux comportements souhaités. Mais ce n’est sans doute pas propre aux enfants : regardez comment fonctionnent bon nombre d’automobilistes par exemple : une fois le radar passé, on accélère !

Pourquoi un petit n’obéit pas ? Est-ce une tendance naturelle propre à tous les enfants ?

L’obéissance n’est pas une donnée naturelle. Pas plus pour les enfants que pour les adultes. Par ailleurs, il faut bien comprendre que chez l’enfant, notamment les plus petits, le cerveau n’est pas encore mature. Par conséquent, ce dernier ne contrôle encore pas bien ses émotions et ses comportements. Il ne comprend pas non plus toujours clairement ce que le parent attend de lui. Ce que l’adulte va considérer comme de la désobéissance peut aussi s’apparenter à de l’immaturité ou à de l’incompréhension. Mais l’enfant peut aussi désobéir pour tester la qualité de l’attention ou du contrôle de l’adulte : “Est-ce que papa et maman sont toujours bien attentifs à ce que je fais ? Est-ce qu’ils me regardent ?” N’oublions pas non plus que les jeunes enfants sont motivés par le plaisir. Quand un enfant joue, il a envie d’aller au bout de son jeu, pas forcément de ranger ses jouets. Certaines règles, limites ou consignes créent de la frustration chez lui. Alors il cherche à s’affirmer, à acquérir de l’autonomie. Il veut pouvoir choisir pour lui...

“L’obéissance n’est pas une donnée naturelle”


Quels peuvent être les conséquences d’un tel fonctionnement ? Le parent ne risque-t-il pas d’avoir à promettre toujours plus ? N’empêche-t-on pas ainsi l’enfant de se responsabiliser ?

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