Les Grandes Personnes © Romain Tissot

Biennale de la danse : un défilé aux couleurs africaines

Symbole du partage et des rencontres, le défilé de la Biennale se déroulera au grand théâtre de Fourvière les 5 et 6 juin., invitant des amateurs mais aussi des artistes français et africains.

Inscrite dans la saison Africa2020, la Biennale de la danse accueille pour le défilé des artistes français et de nombreux créateurs africains dans le domaine des arts visuels, de la musique et du chant.

Ils ont tous collaboré en amont pour préparer cette édition qui aura lieu au grand théâtre de Fourvière, les 5 et 6 juin avec une conception différente en raison du contexte sanitaire.

Les douze groupes de la région seront divisés par trois avec une représentation pour chacun d’entre eux. Menés par les marionnettes géantes de la compagnie de théâtre de rue “Les grandes personnes” chorégraphiées par Bouba Landrille Tchouda, ils proposeront des formes courtes et festives réalisées par les artistes français et africains.


Re:INCARNATION  revisite l’afrobeat des années soixante-dix avec le hip-hop et la funky house


Cette année, le défilé a deux marraines et pas des moindres : l’icône de la danse africaine traditionnelle et contemporaine Germaine Acogny – dont il faut voir le spectacle À un endroit du début, le 4 juin au théâtre de la Renaissance – et la chanteuse Fatoumata Diawara qui clôt chaque représentation avec un concert.

Le défilé a l’habitude de nous offrir un final grandiose et celui de cette année le sera encore plus que les années précédentes car il sera orchestré par le chorégraphe nigérian Qudus Onikeku. Présent à la Biennale avec sa dernière création Re:INCARNATION qui revisite l’afrobeat des années soixante-dix avec le hip-hop et la funky house d’aujourd’hui, il a accepté d’en offrir une version de quinze minutes au public. Cet extrait sera interprété par dix danseurs de Lagos, amplifié par seize jeunes danseurs en formation dans la métropole lyonnaise.

Ensemble, ils nous feront voyager vers la danse et le son de l’Afrique d’aujourd’hui emportés par la musique live d’Olatunde Obajeun. Avec cette création made in Lyon, spectateurs et danseurs pourront ressentir l’énergie de la ville de Lagos.

La bande dessinée s’invite également à la Biennale qui s’associe à Lyon BD Festival et invite trois auteurs – Barly Baruti, Chloé Cruchaudet et Zelba – à croquer le défilé en direct, réalisant ainsi une performance avec les danseurs.

Cette collaboration se prolongera lors d’une exposition aux usines Fagor de Gerland, les 8 et 16 juin. Reste que le défilé ne sera pas accessible au public mais toutefois il sera largement retransmis sur les réseaux sociaux, sur France 3 Rhône-Alpes à partir du 5 juin et lors d’une émission spéciale le 11 juin à 23 h. À ne pas rater !

Grand théâtre de Fourvière, les 5 et 6 juin.


Focus

Danser sur le groove de Lagos

Qudus Onikeku, l’un des chorégraphes les plus attendus de la Biennale débarque avec Re:INCARNATION, une pièce à l’énergie explosive, et chorégraphie le final du défilé.

Qudus Onikeku @ Ayobami Ogungbe

Né en 1984 à Lagos (Nigeria) où il grandit, il intègre plus tard la compagnie Heddy Maalem à Toulouse en continuant de se former à la danse puis au cirque. En 2009, il crée sa propre compagnie, chorégraphie plusieurs pièces et s’impose définitivement avec son solo Still/Life (2012) où il se révèle un extraordinaire danseur/performeur qui interroge les contradictions de l’homme et sa capacité à se transformer en monstre.

En 2014, c’est le grand virage car il repart s’installer à Lagos pour donner naissance à The QDance Center, un lieu unique de ressources, de formation et de repérage de talents.

À partir de là, il mélange tous les arts, explore un travail interdisciplinaire avec des philosophes – la poésie, l’écriture – il va dans les cafés et réalise des performances avec d’autres artistes, créant un bouillonnement de rencontres dans la ville. Fan inconditionnelle, Dominique Hervieu, la directrice de la Biennale, le suit depuis plusieurs années et le perçoit comme le précurseur d’une nouvelle danse. “Avant tout, dit-elle, c’est un performeur d’une grande puissance physique mais pas seulement. Il cherche à délivrer des messages, c’est un auteur, il a une vision et une réelle personnalité. À un moment, comme beaucoup d’autres chorégraphes africains, il s’est perdu en créant des pièces qui, pour être vendues, devaient rentrer dans un certain modèle français avec une danse conceptuelle, abstraite et un peu asséchée qui éloigne d’une singularité culturelle. Mais en retournant en Afrique, il s’est libéré. Aujourd’hui, c’est ce pays qui l’intéresse. Il est extraordinaire. Il enseigne à l’université de Californie, il invite des artistes de très haut niveau du monde entier et crée avec eux des moments intenses de créativité. Il a élaboré une vraie pensée artistique, il réfléchit à vivre son art autrement, sur les modes de production et sur la présence de la culture africaine dans le monde. Il réfléchit à un écosystème et je suis certaine qu’il apportera de nouvelles impulsions dans le monde de la danse.”

Re:INCARNATION s’inspire de la pensée Yaruba, son ethnie d’origine, dans laquelle il oppose la mémoire vive des corps au temps linéaire de la pensée occidentale. Dans cette création, il crée un pont entre passé, présent et futur et revisite l’afrobeat des années soixante-dix avec le hip-hop, le dance hall et la funky house d’aujourd’hui. Il fait appel à de jeunes danseurs souvent formés via Internet en échangeant des vidéos sur YouTube et qui transforment ce spectacle en un voyage offrant la joie et la profondeur de leur culture.

Re:INCARNATION de Qudus Onikeku – Les 8 et 9 juin au Radiant-Bellevue, Caluire. www.labiennaledelyon.com


 

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