L’ancien site minier des Bois Noirs Limouzat, situé sur la commune de Saint-Priest-la-Prugne

Dans la Loire, les déchets radioactifs menacent la rivière de La Besbre

Le territoire français compte plus de 250 anciennes mines d’uranium réparties sur 27 départements. Si la dernière a fermé il y a maintenant 20 ans, la contamination radioactive de l’environnement reste préoccupante autour de très nombreux sites, notamment dans la Loire.

A Saint-Priest-la-Prugne, village du le département de la Loire, plus de 6 900 tonnes d'uranium ont été extraites de 1955 à 1980 sur le site minier dit Bois Noirs Limouzat. Ce chiffre est l'un des plus élevés parmi les sites français d'extraction du minerai d'uranium.

Le CEA (Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives), puis Areva, multinationale française spécialisée dans les métiers du combustible nucléaire, ont exploité sur le site plusieurs mines. L'exploitation a cessé en juillet 1980, mais la contamination du site perdure.

Entreposage des résidus radioactifs dans le grand bassin

Le lac artificiel "Grand Bassin" de Saint-Priest-La-Prugne est alors utilisé pour stocker 1,3 million de tonnes de résidus radioactifs issus de l’ancienne usine d’extraction de l’uranium.

Lors de débordements du lac, les eaux contaminées par ces résidus radiotoxiques se sont régulièrement écoulées dans La Besbre, une rivière de 106 kilomètres qui coule à Saint-Priest-la-Prune, menaçant et mettant en péril la santé des habitants.

Les rejets radioactifs liquides des installations d'Areva continuent aujourd'hui à polluer la rivière. L’étude conduite en 2014 par le laboratoire de la Criirad (Commission de recherche et d'information indépendantes sur la radioactivité, basée à Valence, dans la Drôme) montre que les mousses aquatiques sont contaminées à l’uranium et au radium 226, jusqu’à 30 kilomètres en aval de l’ancienne mine.


Des valeurs 3 000 fois supérieures à la normale


Dans la zone de rejet, les mousses sont tellement contaminées que l’on peut les qualifier de "déchets radioactifs" selon la Criirad (300 000 Bq/kg sec en radium 226, des valeurs 3 000 fois supérieures à la normale).

Le combat mené par le Collectif Bois Noirs et la Criirad a contribué à ce que l’administration impose à Orano (ex-Areva) des travaux pour traiter les eaux avant débordement. Résultat : Orano a finalement mis en service une nouvelle station de traitement des eaux contaminées avant rejet, en cas de risque de débordement du lac.

Une station sous-dimensionnée

Ces déchets radioactifs, dont la durée de vie se situe autour de 4,5 milliards d'années selon Bruno Chareyron, ingénieur en physique nucléaire et directeur du laboratoire Criirad, soumettent les habitants à des radiations plus élevées que la dose normale et à des risques accrues de maladies (cancer...). Pour cet expert, la contamination du site des Bois Noirs peut également créer un détriment financier sur le long terme pour les habitants, qui résident sur ces sites contaminés.

Malgré tout, en début d’année 2021, le Collectif Bois Noirs a signalé de nouveaux débordements  en raison d'un sous-dimensionnement de la nouvelle station.

Pour la Criirad, “les citoyens et les élus locaux concernés doivent prendre conscience de ces réalités et faire pression sur les autorités pour qu’elles exigent de l’industriel le traitement de ces pollutions". 

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