Laurent Wauquiez © AFP

Régionales à Lyon : ce qu’il faut savoir sur Laurent Wauquiez (LR)

La campagne des élections régionales tourne presque entièrement autour de Laurent Wauquiez, à la fois principal sujet de discussion de ses rivaux et grand favori. La gauche l’accuse de représenter une droite extrême quand le RN lui reproche de mener des politiques façon “Canada Dry”. En cas de large victoire, le président sortant de la Région pourrait se lancer dans la course à l’Élysée.

 

Le destin national de Laurent Wauquiez passe par un plébiscite aux élections régionales de ce mois de juin en Auvergne-Rhône-Alpes. Le président sortant botte d’ailleurs en touche sur le sujet : “La question de 2022 n’a aucun sens aujourd’hui.” Mais ses actes le trahissent. 2022 occupe plus qu’un coin de son esprit. Avant de se lancer, officiellement, dans la course aux élections régionales, il s’est soigneusement repositionné dans le paysage national politique. Après avoir fait vœu de silence pendant des mois, Laurent Wauquiez a accordé quelques entretiens et confidences à la presse nationale. “Il devait s’exprimer pour occuper l’espace et ne pas laisser le champ libre à Xavier Bertrand qui s’est lancé”, nous expliquait l’un de ses proches. Les élections régionales serviront de tremplin, à droite, pour les prétendants à l’investiture des Républicains en 2022. Xavier Bertrand et Valérie Pécresse remettent aussi leur mandat régional en jeu et leurs scores seront scrutés et comparés.

Une image nationale brouillée

Sur la ligne de départ, Laurent Wauquiez démarre avec un vrai handicap par rapport à ses rivaux présidents de Région. L’ancien maire du Puy-en-Velay n’est crédité que de 8 % d’intentions de vote selon un sondage Ifop pour Le Figaro et LCI ; loin derrière Valérie Pécresse (10 %) et Xavier Bertrand (15 %). Au niveau national, Laurent Wauquiez pâtit d’une image dégradée. Le gendre idéal centriste des débuts s’est mué en spécialiste de la transgression. Mais à cliver pour exister, Laurent Wauquiez s’est brûlé. Parfois “à l’insu de son plein gré” comme lors de l’affaire de ses propos peu confraternels envers des élus LR enregistrés par des étudiants d’EM Lyon. Après sa victoire aux régionales de 2015 et à la suite de l’échec de la droite aux présidentielles de 2017, Laurent Wauquiez avait pris la présidence des Républicains. Il en faisait le marchepied d’une candidature à la présidentielle face à Emmanuel Macron en 2022. Ce rêve s’est écrasé un soir de déroute aux élections européennes de 2019. Malgré ou en raison de son implication personnelle dans la dernière semaine de campagne, son camp voit s’effondrer les intentions de vote puis les suffrages. La liste ne recueille que 8,48 % des voix. Les Républicains, qui n’appréciaient ni son positionnement ni ses ambitions à peine voilées, se saisissent de cet échec personnel pour le destituer et le condamnent à une traversée du désert.

Course en tête

Localement, Laurent Wauquiez s’avance en terrain plus conquis. 65 % des électeurs se déclaraient satisfaits de son action à la tête de la Région lors de notre sondage Ifop-Fiducial de novembre dernier. Dans les enquêtes d’opinion, le président sortant fait la course en tête : 38 % d’intentions de vote au second tour selon notre sondage Ifop-Fiducial de la fin du mois de mai. La campagne se joue sur des terrains plus fertiles pour le candidat des Républicains : la sécurité et la crise économique et sanitaire. Il livre une campagne peu aventureuse. Dans l’ordonnancement de ses listes, Laurent Wauquiez, encore plus qu’en 2015, mise sur l’expérience et s’appuie sur ses maires. Au sein de la métropole, sa liste sera menée par Jérémie Bréaud (Bron) et Marylène Millet (Saint-Genis-Laval). Ils sont accompagnés de nombreux maires de l’agglomération : Laurence Fautra (Décines-Charpieu), Jérôme Moroge (Pierre-Bénite) ou Pierre Oliver (maire du 2e arrondissement de Lyon). Dans le Nouveau-Rhône, Laurent Wauquiez compte sur Renaud Pfeffer, président de la communauté de communes de Mornant et vice-président sortant du conseil départemental. Bernard Perrut, député et ancien maire de Villefranche-sur-Saône, est aussi de la partie. “C’est une équipe solide”, met en avant Laurent Wauquiez.

Fort d’un bilan qu’il sait rendre plus lisible que les compétences de la Région, l’ancien ministre de Nicolas Sarkozy mène une campagne qui se veut efficace. Et pour s’éviter tout piège, il fait sien l’adage “pour vivre heureux, vivons cachés”. Confortable dans son costume de favori, il fuie les débats, rompant avec la tradition de cet exercice médiatico-démocratique. Officiellement, le président sortant du conseil régional veut se concentrer sur des visites de terrain.

Sécurité et bilan

Dans ses thèmes de campagne, Laurent Wauquiez va aussi à l’essentiel. Les compétences de la Région étant difficilement lisibles du grand public, il met donc en avant son bilan et en particulier sa gestion financière. Il répète en boucle qu’il est à la tête de la région la mieux gérée de France. Un titre qu’il s’est “autodécerné”, mais qui repose sur quelques éléments factuels : des investissements en hausse et un plan d’économie d’un milliard d’euros. Les Français expriment dans les sondages ou les conversations du quotidien leur inquiétude sur l’insécurité, Laurent Wauquiez embraie. Dans une campagne jouée sur la partition sécuritaire, il propose de doubler le budget de la Région en la matière, passant de 160 à 320 millions, une paille dans le budget régional. Mais une poutre qui peut être gagnante dans le contexte actuel. Surtout qu’en Auvergne-Rhône-Alpes, Laurent Wauquiez est parti pour maintenir le RN en dessous de ses scores nationaux. Et c’est une spécificité qu’il ne manquera pas de mettre en avant s’il renoue avec le destin présidentiel qu’il se forge depuis près de dix ans.

Bio express

Laurent Wauquiez,
46 ans

• Mandat actuel : président du conseil régional
• Anciens mandats : député (2004-2017), maire du Puy-en-Velay, ministre des Affaires européennes puis de l’Enseignement supérieur (2007-2012)
• Conseiller d’État

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