Tant à la mairie qu’à la Métropole de Lyon, la majorité écologiste s’oppose au projet de la future ligne de fret et de voyageurs qui reliera, selon les prévisions, Lyon à Turin en 2030. Si le programme a été lancé en 1991, les travaux – eux – n’ont débuté qu’en 2015. Lyon Capitale décrypte les raisons d’un tel retard.
“Nous voulons mettre des camions sur des trains immédiatement”, a martelé Fabienne Grébert début juin. Pourtant la candidate écologiste aux élections régionales milite pour un abandon net du chantier de la future ligne Lyon-Turin. Cette entreprise européenne d’ampleur – 270 km – avait de quoi faire rêver en 1991 lorsque le Comité pour la Transalpine a été créé : Paris-Milan en 4 heures, Lyon-Turin en 2 heures, 40 millions de tonnes de marchandises et 5 millions de voyageurs annuels. De quoi augmenter les possibilités d’échanges entre l’Italie et la France et réduire l’empreinte carbone du trafic de poids lourds dans les Alpes. Aujourd’hui, le projet a du retard, et c’est peu de le dire. Initialement les travaux devaient se terminer en 2015, année qui a plutôt marqué… leur commencement.
Le point sur la situation :
Où en est-on aujourd’hui ? “Nous avons déjà accompli 20 % du projet : 30 km de galeries ont été creusés sur les 162 km d’ouvrages souterrains, et 11 km du tunnel transfrontalier sont déjà percés sur les 57 km qui le composent”, explique Stéphane Guggino, délégué général du Comité pour la Transalpine Lyon-Turin. Objectif : permettre le passage des premiers trains en 2030, la nouvelle échéance qu’ont fixée la France, l’Italie et l’Union européenne.
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Cette dernière a d’ailleurs accepté de financer à 40 % le tunnel transfrontalier, et devrait annoncer cet été une nouvelle augmentation de sa participation à hauteur de 55 % du coût total. De quoi donner de l’air aux États des deux côtés des Alpes qui se partagent le reste des dépenses. Évalué à 8,6 milliards d’euros en 2012, l’ouvrage d’art est pour l’instant financé à 28 % par l’Italie et 21 % par la France.
La liaison Lyon-Turin
Pour rappel, 1,5 milliard d’euros ont déjà été dépensés pour les études et le début des travaux. Dès lors, malgré les annonces politiques des écologistes à la mairie de Lyon ou de plusieurs candidats aux élections régionales, le débat sur la faisabilité du projet semble définitivement enterré (voir encadré). Reste à comprendre le retard de ce chantier pharaonique, Lyon Capitale vous l’explique en 8 points.
1. Un chantier ferroviaire hors norme
“C’est un fait, les chantiers ferroviaires sont toujours longs car ils engagent de multiples acteurs et demandent de gros investissements financiers”, décrypte Alain Bonnafous, professeur honoraire de sciences économiques à l’université de Lyon et chercheur au Laboratoire d’économie des transports (LET). La durée des chantiers ferroviaires s’explique aussi par la longueur des acquisitions des terrains permettant l’avancée du rail. De plus, le défi technique n’est pas négligeable puisqu’il s’agit ni plus ni moins de creuser le plus long tunnel ferroviaire du monde avec ses 57 km entre la France et l’Italie.
2. Un projet impliquant la coopération de deux États
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