Au mois d'août, Lyon Capitale vous propose de découvrir des lieux culturels parfois méconnus du grand public. Chaque samedi, retrouvez un musée de la Métropole de Lyon à visiter. Cette semaine, on observe au microscope le musée de sciences biologiques du docteur Mérieux.
À quelques encablures des géants de l'industrie biomédicale de Marcy-l'Étoile, le musée de sciences biologiques est embusqué derrière les arbres. Si le panneau n'indiquait pas la nature du bâtiment, on le confondrait avec une maisonnette caractéristique du voisinage. Pour peu que l'on pousse le portail en fer gris et qu'on pénètre l'édifice, le décor se transforme. La lumière est tamisée et les panneaux lumineux renvoient des images de scientifiques et de micro-organismes.
C'est dans une ancienne blanchisserie, qui s'occupait du linge de l'Institut Mérieux, que l'établissement culturel a ouvert ses portes en 2007. Quelque peu restreint par sa taille, le musée a su adapter aux contraintes spatiales un contenu informatif très dense, particulièrement centré sur des images, du texte et des contenus interactifs. En plus de l'exposition permanente, dont les trois pièces retracent l'histoire de la famille Mérieux, de l'infectiologie et de la biologie, il accueille depuis décembre 2019 une exposition temporaire réalisée par le Smithsonian Museum de Washington, sur les épidémies à l'épreuve du numérique et de la mondialisation.
Un musée connecté à l'actualité
Qu'il s'agisse de l'exposition permanente ou de la temporaire importée de l'autre côté de l'Atlantique, le musée fait honneur aux circonstances de son temps. Spécialisé dans la lutte contre les maladies infectieuses, il remonte le temps pour revenir aux origines de la science. Le SIDA, le paludisme, Ebola... l'histoire de ces épidémies qui ont meurtri l'humanité permet de mieux comprendre les mécanismes qui ont mené à la vaccination et aux progrès de la médecine.
À l'origine : deux médecines qui ne connaissaient pas de distinction aux débuts de l'Institut, l'une pour les hommes et l'autre pour les animaux. Marcel Mérieux, le premier d'une lignée de scientifiques, y tenait. Entre l'espèce humaine et les autres, il n'y a qu'un pas, en particulier dans le cadre des épidémies. Si les chauves-souris, les singes ou les vaches ont servi de réservoirs à de nombreuses maladies transmises à l'être humain, les animaux ont parfois le premier rôle dans la recherche du remède. Les oeufs sont par exemple le réceptacle de la culture in vivo, grâce à leur structure très proche des cellules.
Vous pouvez l'éviter, mais le musée a du s'y contraindre, question de timing : au cours de l'exposition un espace est consacré au Covid-19 qui sévit depuis plus d'un an. On peut y observer le virus en version agrandie, ainsi que les principales informations le concernant. Si vous désirez à tout prix vous souvenir de lui, une peluche à son effigie est même disponible en version porte-clés à l'accueil.
À Marcy-l'Étoile, la biologie est une affaire locale
Si le musée est le seul de France consacré uniquement aux sciences biologiques, c'est qu'on ne peut les détacher de l'histoire lyonnaise. Fidèle à son patronyme, il retrace le parcours du docteur Mérieux. Ou devrait-on dire, des docteurs Mérieux, dont l'héritage familial est intrinsèquement lié à la biologie. Marcel Mérieux, homologue de Louis Pasteur, introduit la recherche épidémiologique à Lyon. Avec un peu moins de sept milliards d'euros à son actif, son petit-fils Alain Mérieux est aujourd'hui la plus grosse fortune lyonnaise, avec sa famille.
Après la Première Guerre Mondiale, Marcel déménage son laboratoire de l'Hôtel-Dieu à Marcy-l'Étoile, en partie pour y installer les chevaux et des boeufs qui lui servent dans le cadre de sa production de sérum. Le scientifique prélève les anti-corps équins pour les administrer aux animaux malades de la fièvre aphteuse, dont les chevaux ne souffrent pas. Son fils, Charles, héritier imprévu de l'entreprise familiale, commercialise en masse le remède chez les vétérinaires français et étrangers. À la fin des années 1960, la production Mérieux vaccine un enfant toutes les deux secondes, avec des produits contre la polio, la rubéole... Le site de recherche de Marcy l'Étoile fait aujourd'hui partie des plus importants du monde, même si la famille Mérieux n'en possède plus qu'une partie.
Mais la commune de l'Ouest lyonnais ne représente qu'une portion des espaces historiquement consacrés à l'épidémiologie dans la métropole. Le musée propose d'ailleurs des visites hors de ses murs, pour partir à la rencontre de ces lieux chargés de savoirs. La médiatrice culturelle de l'institution, Alexandra Dubourget-Narbonnet, fait parcourir Gerland, l'Hôtel-Dieu et la Charité, ou encore le 8e arrondissement et l'implication de ces quartiers et monuments dans le domaine de la santé. Gerland héberge notamment l'unique laboratoire "P4" - pour agents pathogènes de niveau 4 - français du civil. Détenu par la fondation Mérieux et géré par l'Inserm, le centre observe les maladies infectieuses les plus dangereuses comme Ebola ou Marburg.
À Lyon, les infections ont d'ailleurs également été traitées dans un hospice religieux, qui s'est spécialisé au XIXe siècle dans les infections sexuellement transmissibles, entre autres. Il s'agit de l'Antiquaille, espace culturel du christianisme, que Lyon Capitale a visité la semaine dernière.
Un espace orienté vers les plus jeunes
Alexandra Dubourget-Narbonnet et et Virginie Rodamel travaillent depuis des années à faire vivre ce musée main dans la main. Elles ont imaginé à cet égard un éventail d'activités et d'indications ludiques pour s'adresser au jeune public. Une cocotte en papier rappelle les gestes à adopter pour éviter la gastro-entérite, un livre pour enfants explique la différence entre les microbes, tout comme un Puissance 4 et un Qui est-ce ? version micro-biologie... Sans oublier les pancartes tout au long de l'exposition permanente, qui vulgarisent les explications pour une meilleure compréhension des enfants.
Le public scolaire, qui représente près de la moitié de la fréquentation du musée, bénéficie de nombreuses activités de la primaire au lycée, en fonction des programmes de l'éducation nationale. Les élèves de seconde apprennent par exemple à diagnostiquer une infection à partir d'un prélèvement, tandis que les CE2-CM1 découvrent le fonctionnement du système immunitaire.
Les deux responsables organisent régulièrement des ateliers, qui font connaître aux enfants les différentes bactéries, virus et parasites qui existent. Dans des boîtes rondes, qui rappellent les contenants en verre utilisés pour la culture in vitro, des peluches représentent la chlamydia, le VIH, ou encore les globules blancs. Elles distribuent également des savoirs pratiques : à l'aide de ballons confettis, elles font par exemple observer la distance parcourue par les microbes lors d'un éternuement. Un atelier conté est prévu pour les 4-5 ans mercredi 25 août à 10h.
Situé au 309 avenue Jean Colomb, à Marcy-l'Étoile, le musée de sciences biologiques du docteur Mérieux est ouvert du mercredi au vendredi de 10h à 12h30 et de 14h à 17h, et le dimanche de 14h à 18h sur réservation (24h à l'avance). Tarifs : de 3€ à 5€. L'entrée est gratuite pour les enfants de moins de 16 ans et les étudiants lyonnais. Le pass sanitaire est obligatoire. Plus d'informations sur le site du musée.