Fraîchement installé dans les locaux de l'ancien collège Lassagne, après avoir déménagé, le centre de vaccination de Caluire-et-Cuire, le 3e plus important de la Métropole de Lyon, attire déjà de nombreux patients. Jeudi 26 août, à quelques jours de la rentrée scolaire, les adolescents y côtoient les personnes éligibles à la vaccination depuis plusieurs mois et qui ont attendu autant que faire se peut avant de recevoir leurs injections. Reportage.
Depuis quelques jours, plus de 64% des habitants du Rhône possèdent un schéma vaccinal complet, synonyme de pass sanitaire valide. C’est légèrement mieux que la vaccination au niveau national, qui était de 62,1 % au 23 août . À l’approche de la rentrée, les opérations pour vacciner les habitants se poursuivent dans la Métropole de Lyon et notamment à Caluire-et-Cuire, où le 3e plus gros centre de vaccination du territoire a quitté le gymnase Lucien Lachaise pour s’installer dans l’ancien collège Lassagne.
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Jeudi 26 août, au lendemain du déménagement du site, les candidats à la vaccination passent les grilles de l’établissement scolaire désaffecté au compte-gouttes. Ici, vous ne verrez pas de longue file d’attente dehors, toutes les injections se faisant uniquement sur rendez-vous, via la plateforme Doctolib. Six boxes de vaccination ont été installés sur ce site qui appartient au Grand Lyon, qui mène les opérations conjointement avec les HCL, l'ARS Auvergne-Rhône-Alpes et la municipalité de Caluire-et-Cuire. Au total, jusqu’à 600 injections, première ou seconde dose, peuvent y être administrées quotidiennement.
Les adolescents en profitent avant la rentrée
À l’approche de la rentrée scolaire, on y croise de jeunes collégiens ou lycéens qui viennent se faire vacciner avec l’un de leur parent. Manuel, vacciné il y a quelques mois dans le centre alors installé dans le gymnase Lucien Lachaise, reconnaît certains membres du personnel déjà présents lors de sa dernière injection. Ce jeudi matin, il accompagne sa fille de 14 ans qui reçoit sa première dose du vaccin Pfizer. Une décision mûrement "réfléchie à la maison", mais qui ne semble pas avoir fait débat, "j’ai préféré prendre les devants avant la mise en place du pass sanitaire pour les mineurs [il doit entrer en vigueur le 30 septembre, NDLR]", nous confie-t-il. Pas une grande fan des piqûres, Pénélope reconnaît avoir été "un peu stressée" avant l’injection, mais, finalement, après avoir été rassurée par son père pendant la procédure, elle admet "que ça ne fait pas mal".
Un peu plus loin, Gabriel, lui aussi âgé de 14 ans, vient quant à lui de recevoir sa deuxième dose de vaccin. Dans sept jours, il sera donc en possession d’un pass sanitaire valide grâce au vaccin, "ça tombe pile-poil avec sa rentrée en seconde la semaine prochaine", se réjouit son père, François-Xavier. Dans les faits, le pass sanitaire ne sera pas exigé à la rentrée dans les écoles et les collèges, mais la vaccination pourrait bien faciliter le quotidien des adolescents. En effet, si un élève devait être positif au Covid-19, sans être vacciné, il lui sera demandé de rester à son domicile et d’assister aux cours en distanciel le temps de sa période d’isolement. Une mesure qui ne sera pas imposée aux jeunes vaccinés. Gabriel, lui, pense plutôt au fait qu’à partir du 30 septembre il aura besoin du fameux pass pour continuer "à jouer au tennis" dans son club.
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"Casser la désinformation et informer"
Outre les adolescents, de nombreux adultes défilent dans les boxes de vaccination, installés dans des salles de l’ancien établissement scolaire. Pour beaucoup, il s’agit de personnes jusqu’à présent réfractaires à la vaccination et qui, aujourd’hui, "se sentent acculées", confie une infirmière. Entre l’extension du pass sanitaire à de nombreux lieux et la vaccination obligatoire pour certains professionnels, ils profitent donc de la fin de l’été pour rentrer dans les clous du calendrier établi par le gouvernement.
C’est le cas notamment d’Éric, un enseignant de 59 ans, qui pensait qu’un certificat de vaccination lui serait demandé pour exercer son métier. Ce ne sera pas le cas, mais, "contraint par les restrictions sanitaires du quotidien", il s’est tout de même fait vacciner, même s’il "aurait aimé ne pas avoir à le faire". Sceptique au sujet du vaccin contre le Covid-19, il explique "si je peux éviter de mettre des produits dans mon corps sans que l’on sache ce que c’est, je le fais généralement".
Le travail des médecins et des infirmiers présents sur place est aussi de rassurer les personnes comme Éric, à grand renfort de pédagogie. "On doit un peu casser la désinformation et informer", précise Benjamin Robin, un médecin généraliste mobilisé sur place. Il reconnaît d’ailleurs qu’avec la mise en place du pass sanitaire ce travail pédagogique est plus fréquent, "on a reçu beaucoup de personnes qui étaient jusqu’ici réfractaires et qui venaient en traînant des pieds. Notamment parmi les patients les plus âgés en bonne santé et qui, jusqu’ici, ne voyaient pas l’utilité de se faire vacciner". Parfois, "il y a même des personnes qui pleurent, il faut les rassurer, leur expliquer comment cela fonctionne", ajoute une infirmière libérale.
Se faire vacciner pour continuer à travailler, le choix est vite fait
D’autres patients, comme cette orthophoniste de 28 ans avec qui nous avons pu échanger, ne sont pas contre la vaccination, mais estiment que la " balance entre le bénéfice et le risque est suffisamment stable pour ne pas se faire vacciner". Néanmoins, au contact de personnes fragiles dans des Ehpad, la jeune femme n’a aujourd’hui "plus le choix si [elle veut] continuer à exercer [s]on métier à la rentrée", alors que l’obligation vaccinale pour les professionnels de la santé, qui travaillent dans les établissements et services sanitaires et médico‑sociaux, va entrer en vigueur.
"Pas anti-vaccin", Nicolas, lui, n’avait jusqu’à ce jeudi tout simplement jamais pris le temps pour se rendre dans un centre de vaccination. Il l’a finalement trouvé, "avant de partir en vacances au mois de septembre". Une décision également influencée par son métier dans la restauration, où le pass sanitaire sera bientôt exigé. "Je n’ai pas envie de me retrouver sans salaire", explique-t-il avant d’ajouter dans un éclat de rire "je me faisais moi-même le vaccin s’il fallait".
Situé au 15 rue André Lassagne, le centre de vaccination de Caluire est ouvert de 8 heures à 18 heures, du lundi au vendredi, sur prise de rendez-vous, via la plateforme Doctoblib.