bus TCL Lyon
@WilliamPham

Grève des conducteurs TCL : reportage à Lyon, environ 250 personnes mobilisées et des dizaines de lignes perturbées

Ce lundi 13 septembre 2021, plusieurs lignes des Transports en commun lyonnais (TCL) ont été touchées par un mouvement de grève des conducteurs. Les agents ont dénoncé une insécurité qui ne cesse de grandir et des conditions de travail désastreuses. Reportage.

Au total, plus de deux cents chauffeurs ont fait valoir leur droit de grève ce lundi 13 septembre, ce qui équivaut selon les organisateurs, à environ la moitié des chauffeurs de bus TCL à Lyon. Par ailleurs, les manifestants ont occupé, dès 4 heures du matin, trois unités de transports (Vaise, Perrache et La Soie), ce qui a eu pour effet de perturber plusieurs lignes de bus tout au long de la journée. Toutefois, le mouvement ne sera pas prolongé selon Christophe, conducteur receveur sur le dépôt de Perrache depuis 12 ans. "Le but n’est pas de bloquer l’ensemble du trafic sur plusieurs jours, mais plutôt de montrer à notre direction qu’on est capable de se mobiliser rapidement", lance le chauffeur.

Les grévistes ont dénoncé une hausse de l'insécurité et une dégradation de leurs conditions de travail. Ils pointent notamment un incident survenu le 1er septembre dernier sur la commune de Sainte-Foy-lès-Lyon, où un chauffeur de bus avait essuyé plusieurs tirs d'arme à feu, alors qu’il n’était même pas en service. Si quatre impacts de balles ont été retrouvés sur le bus, aucune blessure n’a été relevée sur le chauffeur. L'agression de trop pour ce gréviste présent au dépôt de Vaise, prêt à tout que son message soit entendu. "Dimanche dernier, on a également eu un chauffeur agressé au cutter, un autre à reçu un pavé sur son pare-brise. Tout ça, c’est notre quotidien. On est le premier rempart entre notre direction et les usagers, et quand quelqu’un veut se défouler sur un bus, c’est le chauffeur qui prend et personne d’autre". 

Une hausse de l’insécurité et des salaires jugés insuffisants

La CGT des TCL a accompagné les grévistes tout au long de la journée, sans pour autant être au cœur des décisions du mouvement. "C’est la base qui fait la grève et elle n’est pas tirée par les syndicats, rappelle Smaïl, lui aussi chauffeur conducteur, et de poursuivre qu’il y a énormément de jeunes grévistes qui arrivent seulement chez TCL. Ils ont à peine 4 ou 5 ans de boîte derrière eux. Et malgré le fait qu’ils n’aient pas beaucoup d’ancienneté, ils en ont déjà ras-le-bol. Ça veut bien dire ce que ça veut dire, il y a un problème". Également en ligne de mire : la question des salaires. La plupart des chauffeurs concernés, estiment que leur grille salariale doit être revue à la hausse. Smaïl, qui a 20 ans d’ancienneté derrière lui, touche 1600 euros par mois. Un salaire « trop léger » au vu son parcours. "Ça devrait être minimum 2000 euros", s’était-il agacé.

La direction de Kéolis - exploitant du réseau de transports lyonnais - était, elle aussi, présente au rassemblement afin de dialoguer avec les participants. L’entreprise précise que "plusieurs solutions sont à l’étude pour améliorer la sécurité des chauffeurs comme des voyageurs. En ce sens, des plans de sécurisation en lien avec la police sont en cours de réalisation". Concernant les salaires, Kéolis avoue ne pas pouvoir apporter plus d’informations pour l’instant. Toutefois, des réunions avec les grévistes sont prévues très prochainement.

Des usagers désemparés face aux perturbations

Sebastiano, coincé à la Gare de Vaise, utilise régulièrement le réseau et est contraint de s'adapter. "Je dois me rendre à Part-Dieu pour faire des courses. Cela fait une grosse demi-heure que j'attends mon bus". Si Sebastiano semble s'amuser de sa situation, ce n'est pas vraiment le cas de Patricia, visiblement très en colère contre les chauffeurs TCL. "On en a ras-le-bol. Pourquoi c'est à nous de subir ces mobilisations ? J'ai vu ce qui s'est passé pour ce chauffeur début septembre, mais ça n'est pas moi qui lui ai tiré dessus alors laissez-nous monter dans les bus" s'insurge-t-elle. Et comme un malheur n'arrive jamais seul, Patricia n'a pas pu non plus compter sur le métro D, dont la circulation fut perturbée par un colis suspect ce matin. "Insupportable" selon la quinquagénaire. "Je paye un abonnement chaque mois et je me demande bien qui va me rembourser ? Sûrement pas eux ! »

Plus loin, des dizaines de personnes attendent le bus C14 qui continue d'accumuler du retard. "1h10 que je suis parti et je ne suis toujours pas arrivé. Normalement, je mets 40 minutes" explique un étudiant à son groupe d'amis, alors même que son bus arrive enfin. De l'autre côté, la plupart des usagers ne sont pas au fait de la mobilisation et commencent à s'impatienter du manque de communication de la part du réseau TCL. Hamama est l'un d'entre eux et essaye de comprendre la situation. "J'ai déjà vu des chauffeurs se faire insulter seulement car ils demandent aux usagers de prendre un ticket. Je ne sais pas si la grève est une bonne solution, mais la vérité, c'est que l'on ne peut pas mettre la police dans chaque bus non plus."

Les incivilités contre les chauffeurs continuent de croître sur toute la métropole lyonnaise et c'est dorénavant des opérations coups de poing - pas vraiment préparées - comme celle de ce matin à laquelle vont devoir se heurter les usagers des bus. La prochaine ? "Lundi prochain" espèrent les leaders du mouvement. 

 

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