Monument Valley, Utah, 1982 © Raymond Depardon – Magnum Photos

Exposition à l'Institut Lumière : Depardon, voyages au cœur de l’Amérique

Dans le cadre d’une rétrospective sur Raymond Depardon, l’institut Lumière présente une exposition très émouvante autour de son livre Le Désert américain. L’Amérique des années 1980 en noir et blanc.

Photographe, réalisateur, journaliste, créateur de l’agence photographique de presse Gamma en 1966, Raymond Depardon (originaire de Villefranche-sur-Saône) est un artiste majeur qui, depuis le début des années 1960, ne cesse de témoigner de la réalité du monde avec une œuvre sans limites qui s’étend du Sahara aux grandes plaines américaines, des métropoles aux campagnes françaises.


En noir et blanc, le photographe nous transporte dans ses monologues intimes qui interrogent le temps qui passe, la solitude, le vide ressenti


Maître du photojournalisme, il n’en demeure pas moins un grand cinéaste ayant à son actif des films documentaires multi-récompensés qui traitent de sujets aussi variés que la campagne électorale de Valéry Giscard d’Estaing (1974, une partie de campagne), l’institution judiciaire (Délits flagrants), le monde paysan (Profils paysans) ou encore le quotidien de l’hôpital psychiatrique du Vinatier (12 jours).

Dans le cadre d’une rétrospective de ses films, l’institut Lumière propose une exposition photographique autour de son livre Le Désert américain, un de ses ouvrages les plus touchants réalisé en 1983.

Dédié à Olivier Froux, son ami et monteur disparu tragiquement en octobre 1982 alors qu’ils devaient commencer le montage de Faits divers, il est le fruit de trois voyages effectués en 1982 en Amérique dont un avec Olivier Froux qui s’y rendait pour la première fois et un après sa disparition.

Construite autour d’une certaine chronologie et de flash-back, elle témoigne de cette Amérique qu’il a rêvée dès son jeune âge, de ce qu’elle représente pour le cinéma mais aussi des derniers moments vécus avec son ami à Los Angeles dix jours avant sa mort.

L’émotion des grands espaces

Et les images sont bouleversantes. On redécouvre cet art de capter les paysages et les grands espaces, qu’ils soient dans le désert ou l’urbanité.

En noir et blanc, le photographe nous transporte dans ses monologues intimes qui interrogent le temps qui passe, la solitude, le vide ressenti lorsqu’il marche seul dans les grands espaces et les déserts mais aussi le sens de son travail…

Zoetrope Studios, Los Angeles, 1982 © Raymond Depardon - Magnum Photos

Le Colorado, le sable blanc du Nouveau-Mexique, le canyon de Chelly, Monument Valley, la DS de Coppola garée au Zoetrope Studios, la prison d’Alcatraz, Santa Monica Boulevard et ses pauvres. Mais aussi les studios Universal, Rod Taylor en train de tourner un western en 1972 sur Hollywood Boulevard, une prostituée seule le matin sur Las Vegas Boulevard, Denver avec ses bureaux, ses banques et sa misère, Alamogordo et son désert où eut lieu le premier essai de la bombe atomique, des motels ou encore des paysages désolés de réserves indiennes…

L'acteur Rod Taylor, Hollywood, 1972 © Raymond Depardon - Magnum Photos

La confrontation avec ces univers est saisissante tant elle nous plonge de manière abyssale dans les émotions de l’artiste qui deviennent le miroir de nos propres interrogations et nous donnent la sensation de l’accompagner. À son retour de voyage, Depardon passera par la vallée de la Mort…


Le Désert américain (1983) – Raymond Depardon – Jusqu’au 14 novembre 2021 à la Galerie Cinéma de l’institut Lumière. Entrée gratuite – www.institut-lumiere.org


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