En fin de semaine dernière, des commerçants et collectifs de la Guillotière se sont réunis pour tenter de trouver une solution commune afin de faire bloc contre l’insécurité place Gabriel-Péri. En mettant sur pieds des actions fortes, ils veulent "changer les choses" et se faire entendre des pouvoirs publics, même si la mairie de Lyon affirme que "le dialogue n’est pas rompu".
Véritable arlésienne depuis de nombreuses années, le sujet de la sécurité ou plutôt de l’insécurité dans le quartier de la Guillotière et sur la place Gabriel-Péri n’en finit plus de faire couler de l’encre. Les mois et les années passent et la situation n’évolue guère, pour les riverains et les commerçants elle semble même "empirer depuis la crise sanitaire", selon le collectif la Guillotière en Colère.
La blessure par balle d’un homme, sur le cours Gambetta il y a deux semaines, n’a pas arrangé la situation et pour les commerçants l’incident a fait déborder le vase. Il symbolise même l’insécurité grandissante dans le quartier, "avec la multiplication des dealers il risque d’y avoir des guerres de gang", confie un porte-parole de la Guillotière en Colère interrompu dans sa phrase par un commerçant du secteur, selon qui "ça a déjà commencé". "Au début c’était des agressions à l’arme blanche et maintenant c’est une attaque à l’arme à feu", lâche-t-il désabusé, "on est dans une zone de non-droit", insiste un autre.
"Au début c’était des agressions à l’arme blanche et maintenant c’est une attaque à l’arme à feu", un commerçant du secteur Gabriel-Péri désabusé
Au quotidien, leur activité s’en trouve durement touchée selon eux, certains ont du "mal à recruter du personnel" et les pertes financières se font ressentir, quand d’autres ne veulent "plus installer de terrasses, car le mobilier urbain est utilisé lors des bagarres", qui seraient quotidiennes.
"Abandonnés" par les pouvoirs publics
Désabusés, les commerçants de la place Gabriel-Péri et de ses rues adjacentes semblent tous l’être, alors que les mots qui reviennent dans la bouche de la petite dizaine de représentants de collectifs présents jeudi 30 septembre, lors d’une réunion privée, dressent leur état d’esprit : "écoeurés", "en colère", "abandonnés", "morts". Les opérations de police d’envergure comme celle menée le 8 juillet par 90 policiers sur la place n’y font rien, pas plus que les déclarations de la mairie centrale.
"Très attendu", le résultat de la grande concertation publique et des ateliers lancés en janvier 2021 par la majorité écologiste "a déçu", selon Julien Deschamps, le président de l'association Gambetta Commerces. "On espérait beaucoup après cela. Mais quand on a vu les résultats, c’était une mascarade. On se sent complètement abandonnés", assène-t-il.
"Ils ont présenté quelque chose d’idyllique, mais avant d’installer des bacs à fleurs ou de déplacer l’arrêt de tram il faut régler le problème de la délinquance", un riverain en colère
C’est peu dire que le plan d’action présenté le 30 juin par Grégory Doucet n’a pas séduit les riverains, pas plus qu’il n’a convaincu. La soirée de présentation des mesures en présence des riverains avait d’ailleurs été houleuse. Pour "faire de ce quartier un lieu agréable, végétalisé et apaisé où il fait bon vivre", le maire écologiste de Lyon avait dévoilé une cinquantaine de mesures, qui tardent aujourd’hui à se mettre en place.
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Un dialogue difficile
L’ouverture d’une Maison des projets, la destruction du petit clip, la réhabilitation des logements, la piétonnisation, le développement d’un réseau pouvant aider les femmes victimes de harcèlements dans la rue, déplacer l’arrêt de tramway de la place, trouver une alternative au marché sauvage… autant de propositions que les commerçants estiment bien "loin de la réalité" et de l’insécurité qui occupe leur quotidien. "Ils ont présenté quelque chose d’idyllique, mais avant d’installer des bacs à fleurs ou de déplacer l’arrêt de tram il faut régler le problème de la délinquance", tonne un riverain.
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"Il y a une exigence qui est tellement forte, vu le temps depuis lequel ils vivent cette situation, qu’ils ont l’impression que le dialogue ne se fait pas", Mohamed Chihi, adjoint à la Sécurité à la Ville de Lyon
Le dialogue se révèle aujourd’hui très difficile entre les habitants du quartier et la mairie centrale, selon les commerçants, qui affirment ne pas avoir de réponses à leurs courriers. La Guillotière en Colère envisage même "d’attaquer la mairie en justice pour incompétence". Pourtant, contacté, l’adjoint à la Sécurité de la Ville de Lyon, Mohamed Chihi explique à Lyon Capitale que "le dialogue n’est pas rompu". "La Guillotière en Colère nous envoie des doléances, auxquelles nous répondons en permanence. En fait, le lien n’a jamais été rompu et nous continuons à travailler ensemble, pour résoudre le problème et ne pas le déplacer", assure l’élu écologiste.
Alors, comment expliquer ce décalage entre pouvoirs publics et commerçants ? Pour Mohamed Chihi, "peut-être qu’il y a une exigence qui est tellement forte, vu le temps depuis lequel ils vivent cette situation, qu’ils ont l’impression que le dialogue ne se fait pas. Moi ce que je peux vous dire c’est que l’ensemble des actions que nous menons depuis notre arrivée est très important et que nous n’avons jamais rompu le lien avec les acteurs de la place".
Avancer sur la sécurité
Avec son plan d’action, la municipalité entend "résoudre les problèmes de la place en profondeur et pas uniquement faire des actions qui pourraient ne pas être pérennes et ne répondraient pas à la problématique que vivent aujourd’hui les riverains. Il est extrêmement important d’avoir une approche plus globale aux côtés de la répression", fait valoir l’élu.
Il y a eu "112 opérations conjointes avec la police nationale et les Douanes" ,
depuis le début de l'année
Alors que les riverains et les commerçants, eux, attendent des actions rapides et concrètes en matière de sécurité, leur "priorité". Avec notamment une présence policière de "8 heures à minuit" et la "création d’une antenne de police sur la place Gabriel-Péri", espère Julien Deschamps, qui a participé aux ateliers de la mairie. Dans les faits, selon Mohamed Chihi, "il y a des patrouilles chaque jour et deux interventions quotidiennes de la police municipale" et, depuis le début de l’année, il y a eu "112 opérations conjointes avec la police nationale et les Douanes". Quant à l’installation d’un commissariat sur la place, l’idée est écartée par l’élu, car "à 200 ou 300 mètres il y a déjà un commissariat du 3e et 6e arrondissement, donc ajouter un commissariat sur cet espace-là ne me semble pas nécessairement utile".
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Par ailleurs, les effectifs de la police nationale sur la circonscription de sécurité publique sont en train d’être augmentés, "avec l’arrivée de 300 policiers en trois ans, donc 100 par an, à partir de 2021". 39 policiers municipaux ont également été recrutés par la Ville depuis un peu plus d’un an et "un plan de sécurisation et tranquilisation a été créée pour la Presqu’île et la Guillotière et notamment la place Gabriel-Péri".
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"Le marché de la misère" cristallise les tensions
Malgré cela les commerçants estiment que les choses n’avancent pas, d’autant plus lorsqu’il s’agit du marché sauvage, qui occupe la place Gabriel-Péri et où l’on trouve au choix des cigarettes de contrebande, des produits contrefais ou encore volés. "La mairie veut autoriser le marché sauvage. Mais on vit où ? On parle de légaliser la délinquance avec ce marché", s’énerve un membre de la Guillotière en Colère.
"Pour le coup c’est une rumeur urbaine et jamais nous n’avons dit que nous allions légaliser le marché de la misère", Mohamed Chihi, adjoint à la Sécurité à la Ville de Lyon
Toutefois, Mohamed Chihi temporise en rappelant qu’"il n’est pas question pour nous de légaliser quelque chose qui est interdit. Pour le coup c’est une rumeur urbaine et jamais nous n’avons dit que nous allions légaliser le marché de la misère". Il concède néanmoins qu‘"aujourd’hui il est exposé à la vue de tous et effectivement il cause d’énormes problèmes". L’idée de la Ville reste cependant "d’accompagner ses différents acteurs dans une approche d’intégration économique et d’insertion sociale, pour leur permettre de passer par un autre moyen que le marché de la misère pour subvenir à leurs besoins".
Dans le même temps, la municipalité travaille à l’amélioration du cadre de vie sur la place, où l’insalubrité saute parfois aux yeux. À cet égard, "une dizaine d’urinoirs seront installés, dans les semaines qui viennent, tout autour de l’espace Péri pour capter les urines qui contribuent à dégrader le cadre de vie, quand elles sont faites n’importe où", explique l'élu lyonnais.
"Union sacrée" autour d’une manifestation
Mais pour les commerçants de la Guillotière la priorité n’est pas là et ils entendent donc "changer les choses" par eux-mêmes, "il faut agir vite, parce que sinon on est morts", s’alarme l’un d’eux. Une belle volonté qui a pour le moment du mal à s’organiser, alors que les différents acteurs présents jeudi 30 septembre avaient encore des difficultés à s’écouter entre eux. Néanmoins, tous ont compris la nécessité de créer "une union sacrée", en commençant par l’organisation d’une action commune, même s’ils n’entendent pas pour autant se réunir sous un seul et même collectif.
À ce jour, l’idée la plus concrète consisterait à baisser le rideau des commerces du secteur pendant une journée pour manifester et se faire entendre. Aucune date n’a pour le moment été arrêtée, mais Nathalie Balmat la présidente de la Guillotière en Colère n’a pas manqué de rappeler que son collectif essaye de monter une mobilisation de ce genre depuis trois ans, en vain. Selon elle, "les habitants ont la trouille de s’afficher dans la rue".
Fermer les magasins pendant une journée pour manifester
Les autres participants à la réunion se voulaient plus optimistes et estimaient pouvoir réunir plusieurs centaines de riverains et commerçants à bout et prêts à faire changer les choses. Une première étape, peut-être, pour refaire de la Guillotière "le beau quartier avec une belle mixité", qu’il est aux yeux d'un commerçant présent ce soir là.
La fresque ne calme pas la délinquance dans ce quartier ?
Et l'urinoir écolo ne les calme pas non plus ?
Et bien MR Doucet qu'allez-vous nous sortir comme bêtise encore ?
DOUCEXIT
METROPOLEXIT
On pourrait peut-être construire un téléphérique pour aller de Saxe-Gambetta à Bellecour, ça éviterait la traversée de cette favela aux touristes dont le guide conseille la vue sur le nouvel Hôtel-Dieu depuis les quais de Rhône....
L'image de marque de Lyon est en train d'en prendre un coup, je me demande si les acteurs politiques en ont bien conscience.
Après les cocus de Hollande en 2012, les cocus de écolos !
La Mairie a répondu ?
Sans langue de bois ?
Punaise, jour a marquer d'une pierre blanche !!
"Au début c’était des agressions à l’arme blanche et maintenant c’est une attaque à l’arme à feu", un commerçant du secteur Gabriel-Péri désabusé RAS !