Ecrans publicitaires numériques dans le métro lyonnais. (Photo d’illustration Hadrien Jame)

"Un couac", "un contresens" : critiquée pour ses pubs "agressives" sur écrans numériques, la Métropole de Lyon assume

Raillée par l’ancien président de la Métropole de Lyon, David Kimelfeld, pour son usage des écrans numériques installés dans le métro, la collectivité écologiste assume pleinement leur utilisation à des fins de communication institutionnelle. Néanmoins, elle compte toujours les supprimer d’ici trois ans.

Depuis plusieurs semaines le projet du réseau de pistes cyclables des Voies Lyonnaises, porté par la Métropole de Lyon, s’affiche en grande pompe dans les rues de la Capitale des Gaules. Teasé en amont de la révélation du projet, le logo blanc sur fond vert a également fait son apparition sur les panneaux publicitaires numériques installés dans le métro. 

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Un affichage que l’ancien président de la Métropole de Lyon, David Kimelfeld, aujourd’hui membre de l’opposition, n’a pas manqué de relever sur les réseaux sociaux, ralliant la majorité écologiste pour son usage de ces dispositifs numériques. Celle-ci s’étant positionnée contre ces écrans "trop voyants et intrusifs", dès la campagne électorale. De là à parler de polémique il y a un gap, mais le sujet interroge et n’a pas manqué de faire réagir, notamment au sein des collectifs anti-pubs, surpris par ce mode de communication de la Métropole de Lyon. 

À entendre Anthony Geoffroy, le président du collectif Plein la Vue, "l’utilisation des panneaux publicitaires lumineux [lui] semble être une erreur pour un exécutif qui s’est positionné contre ce type de dispositif, c’est déplorable". Néanmoins, plus qu’un virage dans la politique en la matière affichée par la Métropole depuis un an et demi, il y voit plutôt "un couac de communication, un contresens, qui, d’une certaine manière, légitimise cette technologie, qui pose des problèmes environnementaux en raison des matériaux rares utilisés dans sa conception et produit un gaspillage énergétique".


"Un couac de communication, un contresens, qui, d’une certaine manière, légitimise cette technologie." Anthony Geoffroy, le président du collectif Plein la Vue


Utiliser le dispositif tant qu'il est là

"C’est leur avis", se défend Philippe Guelpa-Bonaro le vice-président de la Métropole de Lyon en charge du climat, de l'énergie et de la réduction de la publicité. L’élu écologiste et la collectivité assument pleinement d’utiliser ces écrans numériques  : "le contrat avec Clear Channel court jusqu’en 2024, donc tant qu’ils sont là je préfère que l’on fasse de la communication institutionnelle dessus, plutôt que de la publicité pour des vols low-cost à l’autre bout du monde ou le dernier SUV à la mode". 

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Pour autant, la position du Grand Lyon n’a pas changé, la collectivité veut toujours voir disparaître ces supports "gênants et agressifs" de l’espace public. "D’ici quelques années, je serais très content de me passer de ces écrans numériques qui sont dans le métro, vivement que l’on s’en débarrasse", confie Philippe Guelpa-Bonaro. Toutefois, pas question de revenir sur le contrat avec la société Clear Channel, qui gère les écrans installés dans le métro, "de toute façon le RLP [Réglement local de la publicité, qui doit régir la présence de la publicité en ville, Ndlr] sera voté fin 2022 ce qui laissera ensuite deux ans, jusqu’à fin 2024, pour mettre en conformité les dispositifs. Donc le contrat arrivera à échéance au moment où, réglementairement, on pourra les retirer".

Dans le contrat qui lie la Métropole de Lyon à Clear Channel, jusqu'en 2024, l'affichage sur les écrans numériques du métro se partage entre publicité classique et communication de la Métropole. (Photo : Hadrien Jame)

Pub ou information institutionnelle, pas le même combat

Au-delà des écrans numériques, sur l’utilisation des supports publicitaires par la collectivité de manière générale, le vice-président de la Métropole insiste sur le fait que, selon lui, il faut bien "distinguer publicité commerciale lucrative et l’information institutionnelle. Ce n’est pas la même chose et il y a un enjeu de démocratie, de citoyenneté à ce que les collectivités aient plus d’espace de communication dans l’espace public. Pour parler des festivals, des expositions ou encore des règles de tri des déchets, etc.". Un constat partagé par Anthony Geoffroy, qui pousse pour "défendre une meilleure information d’intérêt général". 


"On parle de communiquer sur les Voies Lyonnaises, un dispositif qui permet de se passer de sa voiture. " Philippe Guelpa-Bonaro le vice-président de la Métropole de Lyon


Autant d’arguments qui laissent à entendre que la Métropole n’estime pas avoir renié sa politique, en faisant la promotion de l'un de ses projets phares : "les Voies Lyonnaises, un dispositif qui permet de se passer de sa voiture pour passer sur un mode de transport extrêmement sobre et synonyme de liberté et santé", vante Philippe Guelpa-Bonaro. Non sans remercier, auparavant, David Kimelfeld de "continuer à faire parler de ce dispositif unique en France". 

Avant de souhaiter que l’élu de l’opposition donne un avis favorable au RLP, lors du premier vote qui doit se tenir en décembre prochain. Afin, à terme, de voir ces écrans "quitter le métro". Jusque là, pas question de se priver de leur utilisation.

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