Acquis en 2018 par la Région, le musée des Tissus, installé dans le 2e arrondissement de Lyon, a entamé sa mue en novembre 2020. Un an plus tard, les travaux de rénovation extérieurs de l’Hôtel Lacroix-Laval, le seul bâtiment du musée classé monument historique, se terminent et dévoilent un édifice qui retrouve son lustre du XVIIIe.
Dans les mois avant sa cession à la Région Auvergne-Rhône-Alpes, le musée des Tissus, dans le 2e arrondissement de Lyon, avait fait couler beaucoup d’encre devenant même un objet politique entre la Métropole, la municipalité et la collectivité régionale. C’est finalement le projet porté par Laurent Wauquiez qui l’avait emporté sur celui des deux collectivités locales pour "sauver" l’institution, véritable témoin de l'histoire de la soierie et des canuts lyonnais.
En janvier 2019, après avoir acquis auprès de la CCI les quelque 8000 m2 de surface du site pour l’euro symbolique, le président du Conseil régional déclarait alors “Nous ne sommes plus dans le sauvetage, mais bien dans une renaissance parceque ce musée est assurément sauvé”. Un peu moins de trois ans plus tard, cette renaissance est belle est bien amorcée.
Le joyau du musée des Tissus fait peau neuve
Les premiers travaux ont débuté en novembre 2020 et donnent aujourd’hui à voir une première image de ce à quoi ressemblera le futur musée des Tissus lors de sa réouverture, prévue en 2026. Dans un premier temps, les rénovations se sont portées sur l’un des deux hôtels particuliers qu’abrite le site, celui de Lacroix-Laval. Attribué à Jacques-Germain Soufflot, l’édifice serait l’un des premiers réalisés par l’architecte à qui l’on doit l’Hôtel-Dieu de Lyon ou encore le Panthéon à Paris.
Étant également le seul monument historique du site "il devait être traité avec beaucoup plus de finesse, de précautions. C’est un joyau, c’est le premier objet de nos collections", explique Esclarmonde Monteil, la directrice générale et conservatrice du musée des Tissus, lors d’une visite du chantier jeudi 21 octobre. Depuis le mois de novembre, trois entreprises se sont donc attelées à redonner à l’hôtel sa splendeur d’origine.
Redonner leu lieu son cachet du XVIIIe
Charpentes, façades, menuiseries, toitures et près de 200 fenêtres ont donc été refaites. Des cheminées ont été reconstruites sur la toiture fraîchement refaite, en se rapprochant au mieux des codes l’époque, des garde-corps dorés à la feuille d’or ont été apposés devant certaines fenêtres, enrichissant ainsi la façade fraîchement refaite. Malgré l’échafaudage encore présent, le rendu est déjà saisissant.
Estimé à environ 4 millions d’euros, sur un budget global de 50 à 60 millions d’euros, financé par la région, le chantier en cours doit permettre de se rapprocher au maximum de l’état de cet hôtel particulier au XVIIIe siècle, tout en conservant les étapes qui on constitué la création du musée au fil des ans et en faisant un lieu capable d’accueillir du public au XXIe siècle. "Les musées sont aujourd’hui des lieux de vie ouverts sur le monde et aux publics, nous ne sommes plus dans les musées des années 20 ou 60 et si l’on veut qu’il perdure pendant 150 ans encore, il faut l’adapter", souligne la directrice des lieux.
Début de la seconde étape en 2023
En parallèle, des études sont menées dans le bâtiment, où les travaux n’ont pas encore débuté, pour définir la conservation et la restauration des intérieurs de l’hôtel, "dans lesquels le projet muséographie de l’équipe de Rudy Ricciotti s’insérera dans le respect des décors existants", fait valoir Magali Perrin, l’architecte du patrimoine associée au projet. Toutes les collections qu’il abritait ont également été déplacées, soit près de 30 000 pièces , afin d’être inventoriées. Un travail colossal qui fait d’ailleurs dire à Esclarmonde Monteil que "finalement ce qui a été fait à l’extérieur c’est presque le plus facile".
La seconde partie du chantier, la plus importante, débutera en 2023, avec la construction de nouveaux espaces reliant l’hôtel de Villeroy à celui de Lacroix-Laval et enfin la rénovation de l’hôtel de Villeroy en lui-même. L’agence d’architecture de Rudy Ricciotti posera alors sa patte sur le projet, en le drapant "d’une soie de verre", composée de fines lamelles de verres "légères et scintillantes", explique Rudy Ricciotti, pour faire du site "un grand musée du XXIe siècle, à la mesure de l’histoire de la soie" et achever sa renaissance, en 2026.