Les migrants sur le parking de la gare routière Part-Dieu. ©Grégoire Gindre

Reportage à Lyon : comment s'est déroulée l'arrivée des 60 migrants mardi à la Part-Dieu ?

Une soixantaine de migrants sont arrivés en bus à la gare routière de Part-Dieu aux alentours de 17 heures ce mardi 26 octobre. Cette nuit, une partie d'entre eux ont pu dormir dans un foyer dans le 8e arrondissement de Lyon. Reportage.

Il est à peine 17 heures mardi 26 octobre, lorsque les deux bus de migrants partis de Briançon se garent sur le parking de la gare routière de la Part-Dieu. À leur bord, une soixantaine de migrants dont femmes et enfants cherchent à continuer leur route vers le nord. Le comité d'accueil est particulier : une dizaine de bénévoles de Médecins du Monde et une vingtaine de policiers. Cependant, en amont dans la journée, la préfecture du Rhône avait précisé "qu'aucune interpellation ne sera effectuée à leur arrivée" assure Paola Baril, coordinatrice régionale Médecins du Monde.


"Certains migrants ont vraiment pris peur lorsqu'ils ont vu la police à l'arrivée. À peine descendus du bus, ils sont partis discrètement"un bénévole présent sur place


La soixantaine de migrants devant les bus venus de Briançon ©Grégoire Gindre

Une prise en charge par Médecins du Monde

Les demandeurs d'asile, pour la majorité Afghans, sont accompagnés vers un camion de la Croix-Rouge française, affrété par Médecins du Monde. Cependant, sur la soixantaine de migrants arrivée à Lyon, seulement 36 récupèrent un panier repas. Le reste est "parti de son plein gré" explique l'ONG internationale. La raison ? "Certains ont vraiment pris peur lorsqu'ils ont vu la police à l'arrivée. À peine descendus du bus, ils sont partis discrètement" continue un bénévole.

Dans le parc Jeanne Jugan, à quelques mètres du camion de la Croix-Rouge française, les migrants sont assis par terre et tentent de comprendre ce qu'il se passe. Aux alentours de 18 heures, ni les fonctionnaires de police, ni les associations ne connaissent le sort de cette nuit pour la quarantaine de migrants installée dans le parc. Le secrétaire général adjoint de la préfecture Julien Perroudon, présent sur place, passe plusieurs coups de téléphone pour tenter de trouver une solution pour les demandeurs d'asile. La situation s'éternise au parc Jeanne Jugan.

©Grégoire Gindre

Une baisse du nombre de demandeurs d'asile à Lyon

Selon les chiffres de la préfecture, en 2020 à Lyon, 4 138 personnes sont des demandeurs d'asile contre 7 237 en 2018. Une baisse qui peut être liée à l'augmentation de près de mille titres de séjour délivrés dans le Rhône. Pourtant, les migrants du parc Jeanne Jugan préfèrent ne pas prendre le risque d'être interpellés. "Nous voulons rejoindre Paris en train dès ce soir" explique l'un d'entre eux. Et lorsque le problème du pass sanitaire est évoqué, la réponse est sans appel : "nous voulons une pharmacie pour faire un test PCR, nous sommes prêts à payer" malgré la possibilité d'un test gratuit le lendemain matin organisé par la Croix-Rouge française.


"Je peux vous assurer qu'aucun enfant ne dormira dehors ce soir",
Julien Perroudon, secrétaire général adjoint de la préfecture du Rhône


La pression se fait de plus en plus intense sur les demandeurs d'asile lorsque la police, qui a doublé ses effectifs présents sur place, fait irruption dans le parc. "Par ordre de la préfecture, nous devons procéder à des contrôles", explique un fonctionnaire. Confusion totale, alors même qu'un membre de la préfecture se trouve sur place. Des bénévoles se mettent en travers et une matraque télescopique est très vite déployée par la police. Cette dernière est finalement repliée avant que les forces de l'ordre rejoignent le secrétaire général adjoint de la préfecture. "Je peux vous assurer qu'aucun enfant ne dormira dehors ce soir" tente de calmer Julien Perroudon.

La solution est finalement trouvée aux alentours de 18h30 dans la soirée de mardi soir. Les 25 derniers migrants présents sur place dont des nouveau-nés ont donc été pris en charge par la préfecture. Ils ont été emmenés dans un foyer du 8e arrondissement de Lyon, porté par Adoma. Selon nos informations, ils doivent repartir "vers le nord" dans la journée de mercredi 27 octobre après avoir effectué un test PCR, offert par la Croix-Rouge française.

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