Exclue le 19 octobre par le parti d’extrême droite, qui lui reproche trois publications Facebook défavorables à Marine le Pen, Muriel Coativy, encartée depuis 2010, a du mal à comprendre cette décision alors qu’elle n’était plus qu’adhérente et ne soutenait pas publiquement un autre candidat.
"Ça y est. Jordan Bardella a tranché. Je suis exclue du Rassemblement national", c’est par ces quelques caractères publiés le 26 octobre dans un tweet, que Muriel Coativy, l’ancienne présidente de la fédération RN du Rhône a annoncé son exclusion du parti. Depuis plusieurs mois, le parti d’extrême droite reprochait à l’ex-conseillère régionale trois publications Facebook critiquant la gestion du RN par Marine Le Pen.
Dans un premier temps Muriel Coativy avait partagé un article du journal Valeurs actuelles en date du 28 juillet, intitulé "Souriez, vous êtes purgé !", assorti du commentaire suivant : "Je souris". Avant de poursuivre dans son fil de commentaire en déclarant : "Moi ce que je vois, c’est que ses idées, elle n’en a plus beaucoup. Elles sont plus électoralistes que de conviction." Autre reproche, le partage d’un second article, cette fois du site Polemia, traitant de la thématique suivante : "Le “turn-over” des cadres du RN : l’autre échec de Marine Le Pen", accompagné de la phrase "Un constat cruel de vérité".
Ça y est. @J_Bardella a tranché. Je suis exclue du @RNational_off pour avoir, par ces 3 publications sur Facebook, porté atteinte à la stabilité ou à la considération du mouvement ... @MLP_officiel
Merci pour ce moment ! 🇲🇫🇲🇫🇲🇫 pic.twitter.com/N8VTiIxeaI— COATIVY Muriel (@MurielCoativy) October 26, 2021
"Mon sang n’a fait qu’un tour"
"Je n’étais plus qu’adhérente, alors sur Facebook je me suis autorisée à mettre deux trois avis personnels, car j’avais une petite rancoeur", confie aujourd’hui l’ex-membre du Rassemblement national, qui avait du mal à digérer son remplacement à la tête de la fédération du Rhône. Toutefois, lorsqu’elle a reçu la première lettre recommandée du parti lui annonçant son passage en commission des conflits, "[s]on sang n’a fait qu’un tour". "On donne pendant 10 ans de notre vie professionnelle et familiale et pour trois publications, parce que personne ne se parle et ne s’écoute, ils viennent vous faire peur. Mais moi je n’ai peur de personne et je n’ai rien à perdre", assure celle qui avait de toute façon décidé de ne pas renouveler son adhésion au parti, qui se terminait en fin d’année.
"Je ne pense pas être la personne à abattre dans le Rhône"
Muriel Coativy ancienne présidente de la fédération RN du Rhône
Alors que le divorce a été acté par Jordan Bardella, le premier vice-président du RN, Muriel Coativy, se dit toutefois plus que "surprise" par les manières de faire de son ancienne famille politique. D’autant qu’elle estime ne "pas être la personne à abattre dans le Rhône ", et de poursuivre, "ils connaissent les noms de ceux qui portent la candidature de Zemmour ici et moi je n’en fais pas partie".
Absence de débat au sein du parti
Elle dénonce d’ailleurs un acharnement de la part de la commission présidée par Wallerand de Saint-Just. "Pendant deux ans, je n’ai pas essayé de militer ou fait la promotion de quelqu’un d’autre. Mais ils se sont acharnés sur moi alors que je n’étais plus qu’une simple adhérente. Je me suis même demandé s’il n’avait pas fait une erreur en pensant que j’étais encore cadre", déclare-t-elle sans colère, mais avec une certaine amertume, comme désabusée. À l’entendre, "aujourd’hui il n’y a plus de débat au sein du parti, quand on veut émettre un désaccord on dégage".
"Aujourd’hui il n’y a plus de débat au sein du parti, quand on veut émettre un désaccord on dégage"
Muriel Coativy ancienne présidente de la fédération RN du Rhône
Pour autant, Muriel Coativy ne regrette en rien ses années au sein du parti d’extrême droite, "j’ai vécu quelque chose de très fort", mais elle veut tourner la page et se consacrer à son activité professionnelle, alors qu’elle vient de réinscrire au barreau de Lyon. Elle assure ainsi ne pas vouloir "refaire de politique dans un premier temps" et qu’elle ne fera "pas campagne pour Zemmour", même si "ça ne veut pas dire que je ne voterai pas pour lui".
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