Raphaël Arnault, porte-parole de la Jeune garde, organisation antifasciste créée à Lyon en 2018, est l’invité de 6min chrono

(Vidéo) "À Lyon, ça fait onze ans qu'on subit ces violences de l'extrême-droite", Raphaël Arnault, porte-parole de la Jeune garde

Samedi 23 octobre, une manifestation contre les violences d'extrême-droite se tenait à Lyon. Le 4 novembre, sept antifascistes lyonnais de la GALE passent devant la justice pour violences. Raphaël Arnault, porte parole de la Jeune garde, organisation antifasciste créée à Lyon en 2018, revient sur ces sujets pour l'émission 6 minutes chrono sur Lyon Capitale.

"Ultra droite : ce groupuscule qui rêvait de renverser l'État", la Une du Parisien du 27 octobre donne un coup de projecteur sur le terrorisme d'extrême droite. Une note de la DGSI révèle un projet de coup d'État d'ampleur. Derrière ce projet : Rémy Daillet, figure des milieux complotistes et d'extrême-droite, et des dizaines de militants dans toute la France. Laurent Nuñez, coordonnateur national du renseignement et de la lutte contre le terrorisme, affirmait déjà en septembre 2021 que 5 attentats d'extrême-droite avaient été déjoués depuis 2017.

À Lyon, considérée comme le berceau des idées fascistes et d'extrême-droite en France par une commission d'enquête de l'Assemblée Nationale, l'inquiétude grandissait déjà depuis plusieurs années. En 2018, se montait "La Jeune Garde", une organisation antifasciste d'un genre nouveau. Le visage découvert, proches de la lutte des classes et des mouvements contre les discriminations, ses militants veulent faire "reculer les idées d'extrême-droite, jusqu'aux attentats terroristes". Raphaël Arnault, porte-parole de cette organisation est l'invité de Lyon Capitale TV.

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Samedi 23 octobre, derrière la Jeune garde, emmenés par Raphaël Arnault en tête de cortège, plusieurs milliers de manifestants ont défilé dans les rues de Lyon "contre les violences de l'extrême-droite". Ils étaient 5000 selon les organisateurs et 1800 selon la préfecture. Aux côtés de l'organisation antifasciste, on retrouvait des associations (Planning Familial, Alternatiba), des partis politiques (France Insoumise, Nouveau Parti Anticapitaliste...) et des syndicats (CGT, Solidaires, UNEF...). Retrouvez le récit de cette manifestation par Lyon Capitale.

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Levée de boucliers contre des locaux d'extrême-droite

En ligne de mire de la Jeune garde et leurs soutiens : "La Traboule" et "L'Agogé", un bar et une salle de boxe dans le Vieux Lyon. Ces locaux ont ré-ouvert début septembre. Ils accueillaient auparavant Génération identitaire, association d'extrême-droite dissoute pour incitation à la discrimination, la haine et la violence. "À Lyon (...) cela fait 11 ans qu'il existe des locaux d'extrême-droite. Des attaques partent de ces locaux et reviennent dans ces locaux. On dénonce cette situation qui s'empire", soutient Raphaël Arnault. Il demande à la préfecture de fermer définitivement ces deux salles.

Dans 6min chrono, le militant fait référence à des coups de couteau portés sur des mineurs en 2014, pour lesquels un cadre de Génération Identitaire a été condamné. Il évoque également l'attaque d'un tram à la gare Perrache le 29 septembre 2021 par des militants d'extrême-droite, à la sortie d'une conférence organisée par la ville de Lyon. Attaque revendiquée, comme plusieurs autres fin septembre et courant octobre, dans le canal fasciste "Ouest Casual" sur Telegram. Lyon Capitale en avait recensé quelques unes à l'occasion de la venue de Gérald Darmanin à Lyon le 7 octobre.

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Du côté de la préfecture, on tranche : "Il n'y a aucune impunité pour les groupuscules violents d'ultra-droite. Grâce aux services locaux de l'État, Génération Identitaire a pu être dissout en conseil des ministres". Si l'institution constate la réouverture de la Traboule et de l'Agogé, elle explique que contrairement à l'association Génération Identitaire, "ils ne sont pas frappés d'une interdiction". En effet, c'est une nouvelle association "Les Remparts" qui gère le lieu et dit vouloir jouer "un rôle communautaire, culturel et sportif plutôt que politique".

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Des antifascistes de Lyon scrutés par la justice

Très actif sur les réseaux sociaux, Raphaël Arnault se positionne régulièrement contre le terrorisme d'extrême-droite, qu'il vienne d'Occident ou d'organisations islamistes. Pourtant, selon nos confrères du Progrès, une enquête a été ouverte début contre l'un des membres de la Jeune garde pour apologie du terrorisme. Sur ces accusations, le porte parole botte en touche et dénonce une "intox de l'extrême-droite" car l'information avait été sortie en premier lieu par un média étudiant d'extrême-droite. "J'attends les résultats de cette enquête s'il y a une enquête en cours là-dessus", ajoute-t-il, avant de détailler l'engagement de militants antifascistes. "Des militants plus ou moins proches de notre organisation sont partis combattre Daesh en Syrie", soutient-il. Contacté, le parquet de Lyon n'a pour l'heure pas répondu à nos sollicitations sur l'avancée de l'enquête.

Et la justice garde un œil sur le milieu antifasciste lyonnais. Sept membres ou sympathisants du Groupe Antifasciste Lyon et Environs (GALE) vont passer devant le tribunal jeudi 4 novembre. "Il leur est reproché d’avoir commis des violences en réunion sur une personne à raison de son appartenance présumée à un groupe d’extrême droite dans le contexte de la manifestation anti-pass du 28 août 2021", rapporte le parquet, qui précise que ces violences n'ont pas entraîné d'Interruption temporaire de travail.

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"Pendant des semaines il y a eu des agressions de la part des militants d'extrême-droite sur des personnes dans les mobilisations anti-pass sanitaire. Des jeunes antifascistes se sont organisés pour répondre à ces violences. (...) Et là, qu'est-ce qui se passe ? Le parquet saisit la justice et on envoie des militants antifascistes au cachot", s'indigne Raphaël Arnault. Quatre de ces antifascistes sont en effet en détention provisoire. Il dénonce, en miroir,"l'impunité" de l'extrême-droite lors des attaques qui ont eu lieu à Lyon, notamment ces dernières semaines.

Avec la Jeune garde, l'antifascisme prend un tournant, montre un nouveau visage. Les antifascistes se faisaient auparavant plus discrets, sans porte-parole, loin des médias. Pour faire "reculer les idées et les violences de l'extrême-droite" dans la rue comme dans tout l'espace public, la Jeune garde change de stratégie. Elle vient maintenant défendre l'antifascisme sur les plateaux télés, à Lyon Capitale TV comme ailleurs.

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