Symbole ces derniers mois de la fronde des maires, à l’égard de la Métropole de Lyon, la construction d’un cimetière métropolitain à Charly est désormais en suspens. De nouvelles études de site vont être conduites afin de déterminer le lieu idéal pour accueillir ce projet. Un rétropédalage fort de la part de la majorité, alors que le maire de Charly s’interrogeait fin août sur la présence de sa commune dans la Métropole de Lyon.
À la fin du mois d’août, la Métropole de Lyon avait dévoilé un projet de création d’un troisième cimetière métropolitain au sud de Lyon afin de répondre "à la saturation, à échéance de 6 à 8 ans, des cimetières métropolitains de Bron et de Rillieux et de nombreux cimetières communaux de son territoire". Il était alors prévu que celui-ci voit le jour sur 14 hectares de réserves agricoles à Charly, une bourgade de 4500 âmes au sud de la Métropole de Lyon. C’était sans compter sur l’opposition ferme au projet du maire de la commune, Olivier Araujo, qui avait alors dénoncé un manque de concertation et de dialogue de la Métropole. À ses yeux, rien n’était arrêté après de premières discussions avec la collectivité.
Le cimetière de la discorde
Il nous avait alors confié sa version, expliquant que : "Lors d'une visio' avec la Métropole le 19 mai dernier sur un autre sujet, on m'a annoncé que la Métropole souhaitait faire un 3e cimetière métropolitain et que Charly était bien placé. Ce n'est pas allé plus loin. […] Ensuite, le 28 juin, j'ai reçu le courrier sur la PPI dans lequel on m'annonce le choix du cimetière métropolitain à Charly. En un mois, ce qui était une simple discussion et une attente de notre part d'informations complémentaires s'est transformé en une information officielle. Inscrit donc à la PPI."
“Dans ma ville, la Métropole a prévu quelques plantations d’arbres, une étude sur la densification du centre de la commune que nous ne voulons pas et la création du cimetière”, s’insurgeait Olivier Araujo, le maire de Charly, en septembre
Devenu un véritable cimetière de la discorde et une sorte de symbole de la fronde entre les maires et la Métropole, le sujet était allé jusqu’à parasiter la rentrée politique de Bruno Bernard. Les frondeurs y voyant le signe d’une Métropole allant contre la volonté des maires. “Dans ma ville, la Métropole a prévu quelques plantations d’arbres, une étude sur la densification du centre de la commune que nous ne voulons pas et la création du cimetière”, s’insurgeait alors Olivier Araujo, maire de Charly.
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"À un moment donné il faut que les équipements de l’agglomération arrivent quelque part", déclarait Bruno Bernard fin août
De son côté, le président de la collectivité expliquait lors de sa rentrée politique, que les "discussions ne sont jamais fermées", mais qu’"à un moment donné il faut que les équipements de l’agglomération arrivent quelque part. Donc quand le maire de Charly prendra le temps, enfin, d’échanger, nous devrions arriver à rapprocher les points de vue".
De nouvelles études, pour apaiser la grogne
Les positions étaient alors tellement éloignées que le maire de Charly, au même titre que de nombreux autres édiles, s’interrogeait sur l’avenir de sa commune au sein de la Métropole. Fin août, il nous avait ainsi confié : "Oui, on s'interroge sur la présence de Charly dans la Métropole de Lyon. Car si sur tous les sujets, ils décident pour nous sans nous concerter…". Depuis, beaucoup d’encre a coulé sur le sujet de la fronde des maires, d’autres épisodes de tensions entre les édiles métropolitains et l’exécutif sont venus perturber la vie politique locale, mais il semble que les doléances du maire de Charly aient finalement été entendues par Bruno Bernard.
"De nouvelles études des sites susceptibles d’accueillir un cimetière […] afin de réactualiser le dossier avec des données récentes"
La Métropole de Lyon et la Ville de Charly
En effet, ce mercredi 10 novembre, la Métropole de Lyon et la Ville de Charly cosignent un communiqué annonçant le lancement "de nouvelles études des sites susceptibles d’accueillir un cimetière […] afin de réactualiser le dossier avec des données récentes". Un rétropédalage fort de l’exécutif, qui n’avait jusqu’ici pas infléchi sa position face à la pression d’Olivier Araujo et des habitants de sa commune. Ces derniers étaient allés jusqu’à organiser une manifestation dans un champ de Charly et avaient monté une pétition contre le projet, réunissant près de 30 000 signatures.
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Charly reste tout de même une option
Le communiqué envoyé ce mercredi a donc des airs de branche d’olivier, alors que le président de la Métropole de Lyon y rappelle "le besoin criant de places dans nos cimetières", mais reconnaît que "ce projet doit s’élaborer dans un rapport étroit avec les territoires. C’est ce que nous faisons pour ce projet à vocation métropolitaine, comme pour les autres sur l’ensemble de la Métropole de Lyon", affirme Bruno Bernard.
"Ce projet doit s’élaborer dans un rapport étroit avec les territoires"
Bruno Bernard, président de la Métropole de Lyon
Une décision dont s’est réjoui Olivier Araujo, qui estime toujours que le projet d’une telle structure sur sa commune est "démesuré", non sans rappeler que le dialogue est primordial et que sa commune et ses habitants "sont toujours force de proposition lorsqu’ils sont associés aux décisions qui les concernent". Toutefois, le lancement de ces nouvelles concertations ne signifie en rien l’abandon du site de Charly comme option, en effet "tous les sites étudiés en 2017, dont celui de Charly, vont de nouveau être étudiés", précise la Métropole. Le projet d’un cimetière métropolitain à Charly est donc seulement en suspens et non enterré.
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