Jean Castex, le Premier Ministre, à Villeurbanne, le 12 novembre 2021 @AnthonyFaure

Lyon Capitale a suivi Jean Castex, le Premier ministre, toute la journée de vendredi dans la Métropole de Lyon : reportage

A La Duchère, dans le 9e arrondissement de Lyon, aux Minguettes à Vénissieux, à Vaulx-en-Velin, aux Gratte-Ciel à Villeurbanne, Jean Castex a sillonné la Métropole de Lyon ce vendredi 12 novembre. Lyon Cap' y était. Sécurité, politique de la ville, insertion, transformation urbaine. De nombreux sujets ont été évoqués. Reportage.

Jean Castex a pris le temps. Au contact de la population. Jeunes, moins jeunes, le Premier ministre a enchaîné les photos et les selfies ce vendredi 12 novembre dans la Métropole de Lyon. Il a sillonné quatre communes de la Métropole, plusieurs quartiers populaires. Il a aussi voulu envoyer plusieurs messages forts. Sur différents sujets. Pour montrer que le gouvernement, selon lui, agit tout le temps. Sur tous les sujets. Et partout. Même dans les quartiers populaires.

Accueilli à Lyon par Grégory Doucet le maire écologiste de la cité, Jean Castex s'est d'abord rendu au commissariat du 9e arrondissement. Le 25 octobre, des policiers de ce commissariat ont été la cible de coups de feu devant la barre Sakharov, le point de deal le plus important du quartier de La Duchère. "Je suis allé les voir (les policiers) pour qu'ils m'expliquent ce qu'il s'était passé. Ce sont des phénomènes liés au trafic de drogue contre lesquels nous avons amplifier les moyens. Nous les dérangeons et nous allons continuer de les déranger", martèle Jean Castex. "Ils font un travail très difficile nos policiers et nos gendarmes, l'Etat doit être derrière eux. Ceux qui les combattent savent qu'ils perdront la partie", ajoute-t-il.

Ce n'était pas prévu au programme mais Jean Castex s'est ensuite rendu au coeur du quartier de La Duchère, toujours dans le 9e arrondissement. Il a notamment été à la bibliothèque municipale du quartier. Directement impliqué sur le fait que le pass sanitaire obligatoire dans les bibliothèques faisait chuter la fréquentation, le Premier ministre a été ferme. Hors de question, à court terme, de lever cette obligation. Alors que le nombre de cas repart à la hausse en France. Fin de non recevoir. Jean Castex a aussi slalomé dans la grande pharmacie du quartier, rappelant à l'envi l'importance de la 3e dose pour les personnes les plus fragiles. Discours entendu par les clients.

"Pourquoi vous venez dans le pire quartier de Lyon ?", demande un jeune adolescent de La Duchère au Premier Ministre

En sillonnant le quartier, il a pris le temps de discuter avec des habitants de La Duchère. "Pourquoi vous venez dans le pire quartier de Lyon ?", lui demande un adolescent. "Si au motif que c'est le pire quartier, je n'y allais pas, ce serait pire", rétorque Castex. "Je vous considère comme les autres", ajoute-t-il. "Vous en pensez quoi de Macron", lui demande un autre adolescent. Aux côtés de Jean Castex, le maire écologiste de Lyon, Grégory Doucet sourit. "Que du bien, lâche Castex. Sinon je ne serai pas son Premier ministre". Jean Castex continue ensuite à déambuler dans le quartier, en se rendant jusqu'à la barre Sakharov, un point de deal important de la Métropole où des tirs ont eu lieu sur des policiers de la Bac fin octobre. Le Premier ministre échange aussi avec Grégory Doucet sur les caméras de surveillance dans le secteur.

Après le quartier populaire de La Duchère, Castex prend la direction des Minguettes, un autre quartier très populaire de la Métropole de Lyon, à Vénissieux. Dans la 3e commune la plus peuplée de la Métropole, la maire communiste Michèle Picard présente au Premier ministre le projet de transformation urbaine des quartiers du plateau des Minguettes. Démolitions, reconstructions, aménagements, la transformation urbaine est au coeur des échanges. Ils sont nombreux. "L'idée, c'est de relier les cinq quartiers du plateau au reste de la ville", confie la maire PC Michèle Picard. 1000 logements vont être démolis.

Ensuite, accompagné de la maire, le Premier Ministre va à la rencontre des commerçants des Minguettes. Chez l'opticien, le boulanger, où il se voit proposé une tarte à la praline, spécialité locale. "Je suis plus salé que sucré", décline Castex qui enchaîne, déjà, les photos et selfies. Des selfies, des photos, il en fera des dizaines et des dizaines quelques minutes plus tard au lycée Jacques-Brel de Vénissieux. Au milieu des élèves, le Premier ministre est comme un poisson dans l'eau. Au CDI, dans les couloirs, mais aussi dans les salles de classe. Une à une, il ouvre les salles de classes, interrompt le cours, papote avec les enseignants et se prêt au jeu des photos. Il prend le temps. Il aime le contact. "La transformation urbaine, les changements, vous en pensez quoi vous ?", demande Castex à de jeunes élèves. "Ca fait bizarre, répond l'un. Toutes ces tours, c'est aussi notre histoire. Il y a des problèmes. Oui. Mais on aime notre quartier".

"Oui, il y a des problèmes, mais on aime notre quartier", souffle un jeune des Minguettes, à Vénissieux

Une rencontre qui n'a pas plu à toute l'équipe de l'établissement. Dans un communiqué, des personnels du lycée ont dénoncé une "opération de pure communication". Ils pointent directement du doigt le gouvernement et dénoncent la dégradation de leurs conditions de travail, la situation des AESH (accompagnants d'élèves handicapés) et demandent "un véritable statut d’éducation prioritaire pour le lycée Jacques Brel". Ces personnels s'opposent aussi au Service national universel (SNU) pour les adolescents et à la loi Blanquer de 2018, qui fait passer une partie du bac en contrôle continu.

Direction ensuite Vaulx-en-Velin où il est notamment question de politique de la ville. Des passants s'arrêtent et interpellent le Premier ministre : "Tout n'est pas parfait mais ça a changé ici. Regardez les immeubles, on n'est plus dans des grandes barres. Il faut continuer le travail, continuer à transformer la ville". Hélène Geoffroy, la maire socialiste de la commune, et Jean Castex approuvent. Le Premier ministre échange plusieurs minutes avec des acteurs associatifs, des médiateurs nouvellement recrutés dans le cadre de France Relance.

Bain de foule aux Gratte-Ciel à Villeurbanne

"Le terrain, toujours le terrain, encore le terrain. Pour voir comment se déploie la politique gouvernementale. Comment aussi nous devons adapter nos dispositifs et éventuellement les corriger en vue de ce que nous constatons. La politique de la ville est un sujet capital. Ces quartiers, à La Duchère, à Vénissieux, à Vaulx-en-Velin, rencontrent un certain nombre de difficultés mais sont aussi extrêmement dynamiques et qui travaillent fortement à leur avenir. Elus, associations, entreprises, établissements scolaires, forces de sécurité, on a tous le même message : que la République soit partout chez elle. C'est le symbole de ma présence ici à Lyon", explique Jean Castex.

Enfin, passage par Villeurbanne. Castex rejoint le maire socialiste Cédric Van Styvendael à l'entreprise d'insertion Unis Bike, un atelier vélo. Puis il part déambuler au coeur des Gratte-Ciel, sur la très commerçante avenue Henri-Barbusse. Il s'arrête notamment de longues minutes à une institution locale, la pâtisserie Bettant. Le Premier ministre fait le tour des tables, des clients. Enchaîne, encore et toujours, les innombrables photos dans une atmosphère très conviviale, et pas du tout hostile.

En conclusion de se journée grand lyonnaise, Castex est revenu sur les grands thèmes qu'il voulait aborder à Lyon. Il a confirmé le recrutement de 100 policiers supplémentaires dans la Métropole. "Les arrivées vont s'échelonner", a-t-il ajouté. Mais il a fortement insisté sur la prévention, sur la politique de la ville, sur la transformation urbaine. "Il ne faut pas négliger la prévention avec plus d'une cinquantaine de postes crées dans le cadre de la politique de la ville d'éducateurs et de médiateurs. Nous déployons tous les moyens pour assurer la sécurité pour laquelle nos concitoyens ont le droit. Nous sommes intransigeants sur ce point. Nous nous attaquons à la réponse pénale. J'ai parfaitement conscience qu'elle mérite d'être confortée et renforcée. La politique dans ces quartiers suppose aussi que la République continue à être une promesse, un ascenceur social. Nous agissons sur tous les terrains, déjà celui de l'éducation, l'école". Jean Castex a aussi évoqué le phénomène lyonnais des "Daltons". "Il faut agir sur le terrain de la répression et de la prévention", explique-t-il. A lire ici.

"Notre devoir, c'est de répondre à la promesse républicaine"

Le Premier ministre poursuit : "Nous faisons aussi de lourdes opérations de rénovations urbaines. Nous avons augmenté très sensiblement les moyens de la politique de la ville au début de l'année 2021. C'est un investissement d'avenir, il faut que l'intégration républicaine reprenne sa marche en avant. C'est un impératif pour permettre à la société de rester unie. On l'a vu aussi sur le champ de l'insertion professionnelle. Au moment où l'économie repart, il est impératif que les quartiers de la politique de la ville en bénéficient. Il faut aussi que les habitants, ceux qui sont les plus éloignés de la formation et de l'emploi, que nous allions les chercher. Les aider. J'ai rencontré ici, comme ailleurs, des acteurs engagés. Des élus qui y croient. Personne ne nie les difficultés. Mais ils sont sur le terrain pour y faire face. L'Etat doit être à leurs côtés".

Avant de conclure : "J'ai rencontré à Lyon des habitants de ces quartiers fiers d'y habiter. Ils comprennent mal le discours très négatif, très décliniste qui est apporté. Notre devoir, c'est de répondre à cette promesse républicaine. Il faut être intransigeant sur le respect de la loi et ambitieux sur l'intégration de tous pour être le plus uni possible et que tous ces quartiers soient comme tous les autres, tournés vers leur avenir".

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