Les 4 tracés soumis à la concertation du projet de transport par câble entre Francheville et Lyon

Téléphérique : la concertation lancée, le Sytral souhaite un débat apaisé mais les piques continuent de fuser

La concertation du projet tant commenté dans la Métropole de Lyon de transport par câble entre Francheville et Lyon a débuté ce lundi 15 novembre. Elle doit durer trois mois. Le Sytral, qui pilote ce projet, réclame à l'envi un débat apaisé. Mais les passions restent vives. Décryptage.

Depuis son annonce et sa mise au plan du mandat du Sytral en décembre 2020 (pour une réalisation espérée par le Sytral en 2025-2026), le projet de transport par câble fait débat dans la Métropole de Lyon. Et le mot est faible.

Depuis des mois, Lyon Capitale a donné la parole aux acteurs. Aux pour, aux contre. Aux opposants comme aux défenseurs du projet qui pourrait relier Francheville à Lyon, en passant par Sainte-Foy-lès-Lyon et La Mulatière.

Dix mois après l'annonce du projet, la concertation publique a débuté ce lundi 15 novembre. Elle va durer trois mois. "Tout est sur la table" promet Bruno Bernard, le président du Sytral et de la Métropole de Lyon. "Tout". "Même l'opportunité du projet", clame Bernard.

Car, il le sait, les oppositions sont vives depuis des mois. Elles se font entendre. Lundi, lors de la conférence de presse du lancement de la concertation, certains opposants avaient choisi "la chaise vide". Invité, Pierre Oliver, le maire du 2e arrondissement de Lyon, n'a pas répondu. Véronique Sarselli, la maire de Sainte-Foy-lès-Lyon, qui évoque une rupture de confiance avec le Sytral depuis des semaines, a décliné. Alors que Véronique Déchamps, le maire de La Mulatière, après avoir un temps dit "oui" pour participer à la conférence de presse, a finalement annulé sa venue lundi matin.

Pour défendre "son" projet, Bruno Bernard a égrené les arguments du transport par câble, un transport notamment "proche de la vitesse commerciale d'un tram, qui permet de franchir des obstacles, qui permet de mailler le secteur, une alternative à la voiture". "Il suscite de l'envie mais aussi des inquiétudes", citant notamment les questions de survol et d'implantation des pylônes. Bernard veut une concertation qui permet de "discuter de l'opportunité du projet et des alternatives".

Les 4 tracés soumis à la concertation du projet de transport par câble entre Francheville et Lyon

Avec son vice-président délégué du Sytral, Jean-Charles Kohlhaas (en charge du projet), Bernard a répété à l'envi son souhait d'un débat, enfin, apaisé. "Il n’y a pas de concertation s’il n’y a pas de débat serein", souligne Kohlhaas.

Le Sytral avait invité l'association "Touche pas à mon Ciel", en pointe dans l'opposition à ce projet depuis des mois, à venir exposer son point de vue. "On ne peut pas avancer dans un affrontement permanent. Il faut chercher un chemin ensemble pour sortir par le haut. L’opposition frontale ne servira à rien, il faut trouver un chemin, avance Patrick Romestaing, représentant de Touche pas à mon ciel. Nous faisons la promotion  de la concertation. Il faut que les gens s’expriment. On fait toute confiance aux garants de la concertation", ajoute-t-il.

Non sans réaffirmer haut et fort son opposition totale. "La position de Touche pas à mon Ciel est immuable depuis le début. C’est une opposition franche au transport par câble, quels que soient les tracés imaginés – il y en a 4 maintenant -. Touche pas à mon ciel est absolument opposé à ce projet : ce projet n’est pas une bonne réponse, ça ne transportera pas le nombre de passagers annoncés par le Sytral, ça ne participera en rien à l’amélioration de la circulation dans l’ouest lyonnais, ça ne va pas désencombrer l'ouest lyonnais. Ce n’est pas pertinent comme projet, et ça porte atteinte à l’environnement dans plusieurs secteurs. Un pylône reste un pylône", poursuit Romestaing.


"Maintenant, il convient d'entendre la majorité silencieuse"

Michel Rantonnet, le maire LR de Francheville, favorable au projet


Une position différente, évidemment, du maire écologiste de Lyon, Grégory Doucet, mais aussi du maire LR de Francheville, Michel Rantonnet. Le seul maire de droite favorable au projet. "Ma position n’a pas bougé depuis le début, explique Monsieur Rantonnet.Il convient qu’un élu ait une vision pour son territoire. Cette vision était partagée en 2017 avec les autres maires. J’ai été élu sur un programme. Dans mon programme, il y avait le transport aérien. Aujourd’hui, il est normal que j’essaye de mettre en œuvre ce projet. On a beaucoup entendu les opposants depuis 6 mois, maintenant il convient d’entendre la majorité silencieuse, celle des gens qui se lèvent de plus en plus tôt le matin pour mettre de plus en plus de temps dans les déplacements, pareil le soir pour rentrer chez eux. Il y a eu un temps pour les opposants, vient le moment maintenant des gens qui ont quelque chose à dire et qui souhaitent exprimer aussi leur point de vue".

Lire aussi : Téléphérique à Lyon : des déclarations de travaux qui ne passent pas, nouvelle passe d'armes entre Sainte-Foy et le Sytral, interview

Puis est venue la question du référendum consultatif, organisé par les mairies de Sainte-Foy-lès-Lyon et de La Mulatière le dimanche 28 novembre sur leurs territoires. Deux mairies complètement opposées au projet. Les discours, assez tenus, se sont alors quelque peu tendus. "Un référendum, ça ne s’imagine qu’après de longs mois de discussions, de débats, d’échanges d’arguments, et de connaissances du dossier", souligne Jean-Charles Kohlhaas, le vice-président du Sytral et de la Métropole de Lyon.


Le référendum de Sainte-Foy et de La Mulatière ? "Un déni de démocratie"

Bruno Bernard, président EELV du Sytral et de la Métropole de Lyon


Bruno Bernard, le président de la Métropole de Lyon et du Sytral, embraye : "La concertation est en cours et deux maires (les maires de Sainte-Foy-lès-Lyon et de La Mulatière) font des référendums particuliers quand même. J’ai eu la curiosité d’aller voir (lundi) sur les sites des deux communes ce qu’ils disent sur le référendum. Il n’y a qu’une information : venez voter le 28 novembre. Même la question n’est pas connue. Deux maires invitent la population à aller voter dans moins de deux semaines et on ne sait même pas sur quoi. On ne connaît pas la question. Est-ce que vous êtes pour ou contre le transport par câble de manière générale ? Sans aucun argumentaire. C’est vraiment un déni de démocratie".

"Je suis né à Sainte-Foy-lès-Lyon. Ca fait 50 ans que je suis dans l’agglomération (lyonnaise). Je n’ai pas souvenir d’un seul référendum fait par l’un des maires de l’une des 59 communes sur un projet municipal. Je trouve l’idée de référendum intéressant dans l’évolution de nos démocraties. Pourquoi pas sur certains projets. Mais après des débats, pas en début de concertation avec seulement des informations très partiales et incomplètes", peste Bernard. "En 2017, ces maires disaient qu'il fallait étudier absolument le transport par câble. En 2017, ils imaginaient peut-être un transport par câble sans câble et sans pylône. A priori, la technique n’a pas tellement évolué depuis. Tout cela ne participe pas au débat serein", raille le président de la Métropole de Lyon. Avant de conclure : "Il y a beaucoup de choses qui ne seraient jamais faites si on s’était arrêté au 1er obstacle".

Le Sytral décidera au final

Un référendum consultatif auquel certains Fidésiens ont choisi de ne pas participer, le 28 novembre. "Nous vivons un rouleau compresseur de la municipalité pour alimenter les peurs. Avec des arguments ni raisonnables ni étudiés. Des caricatures d’arguments", exprime Monique Cosson, du "collectif des futurs usagers du transport par câble aérien" Un collectif pro-projet. Porte-parole, Monique Cosson est  ancienne conseillère régionale EELV et ancienne conseillère municipale d'opposition à Sainte-Foy, présidente aussi de l'association "Sainte-Foy Avenir" (quatre élus au conseil municipal de Sainte-Foy). "Le référendum ? Ce n’est pas de la démocratie. La question on ne la connaît, le cadre juridique n’est pas respecté. Ce n’est pas normal, la population est prise en otage par un référendum comme celui-là, on ne va pas participer à cette mascarade", prévient Madame Cosson.

Au mois d'octobre, d'après une étude commandée par la ville de Sainte-Foy à l'IFOP, sur un échantillon de 502 personnes (il y a 22 000 habitants à Sainte-Foy), 77 % des habitants de la commune  de Sainte-Foy-lès-Lyon étaient contre, dont "61 % tout à fait défavorables". "Un transport par câble sans les maires, c’est très compliqué, sans la population, c’est suicidaire", avait réagi Véronique Sarselli, la maire LR de la commune, farouchement opposée au projet (en savoir plus ici). Sainte-Foy a donc décidé d'aller encore plus loin. Et de proposer un référendum à sa population. Le dimanche 28 novembre. Comme La Mulatière. Ce référendum sera consultatif. Il ne sera pas décisionnel. C'est le Sytral qui décide au final. Et qui décidera. Mais avec cet outil, les deux mairies comptent clairement mettre la pression au Sytral. Encore un peu plus. Et de mettre le Sytral dos au mur.

Désormais, place à la concertation. Elle est devrait être très suivie. Sans doute la concertation la plus suivie et plus commentée de toutes celles en cours dans la Métropole de Lyon...

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Plusieurs 6 minutes chrono ont été consacrés au sujet, notamment avec la maire de La Mulatière, Véronique Déchamps, à retrouver ci-dessous :

Ou encore le 6 minutes chrono avec Michel Rantonnet, le maire de Francheville, à retrouver ci-dessous :

POUR ALLER PLUS LOIN

- 6 minutes chrono avec Christophe Quiniou, le maire de Meyzieu : (Vidéo) Le maire de Meyzieu défend la prolongation du métro A et ouvre la porte à un téléphérique... à Meyzieu ( à retrouver ICI)

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