Alors que le mercure descend dans les rues de Lyon, les bars, cafés et restaurants de la ville n’ont plus la possibilité de recourir aux systèmes de chauffage en extérieur. Une "aberration écologique", à laquelle le maire de Lyon a mis fin, anticipant ainsi de plusieurs mois une mesure nationale. Une décision pas vraiment critiquée par les commerçants, qui regrettent néanmoins son timing, juste après la crise du Covid-19.
Cet hiver, pour profiter d’un moment en terrasse au chaud, il faudra s’équiper d’un bon manteau ou d’un plaid. Bannis de Lyon par le maire de la Ville, Grégory Doucet, les bars, cafés et restaurants ont désormais interdiction d’utiliser des systèmes permettant de "chauffer l’air extérieur", qui représentaient une véritable "aberration écologique". Alors ce mercredi 24 novembre, sur les coups de 8 heures quand le thermomètre était arrêté sur 1°c, c’est une boisson chaude entre les mains ou un plaid sur les genoux, que le maire et ses adjoints ont dévoilé les contours de cette mesure, installés à la terrasse d’un café du 1er arrondissement de Lyon.
À l’agenda de la majorité depuis son élection, cette interdiction s’inscrit dans la volonté de la Ville "d’aller vers une neutralité carbone en 2030", le chauffage en terrasse étant responsable, d’après eux, "de l'émission d’un demi-million de tonnes de CO2 par an", au niveau national. Devant la dizaine de journalistes réunis sur la terrasse du café Comme à la maison, Grégory Doucet a donc insisté sur le fait qu’"on ne fera pas la transition écologique sans sobriété. Considérer qu’il suffit de remplacer toutes les sources d’énergies fossiles par des sources électriques, qui seraient magiquement decarbonnées ça n’existe pas. Il faut aujourd’hui investir massivement dans la sobriété et avec un plaid ou un bon manteau on s’en sort très bien", lâche-t-il avec un brin d'humour.
"Il faut aujourd’hui investir massivement dans la sobriété et avec un plaid ou un bon manteau on s’en sort très bien."
Grégory Doucet, maire de Lyon
"Est-ce que l’on était à 3 mois près ?"
La décision n’a pas suscité de levée de boucliers de la part de la majorité des commerçants, car, comme le souligne Geoffrey Clavel, le président des bars et brasseries à l’Union des métiers et des industries de l'hôtellerie (UMIH) du Rhône, qui compte près de 800 adhérents à Lyon, "c’est ridicule de chauffer les extérieurs, c’est une certitude". Il l’assure, le secteur est prêt à prendre sa "part d’effort dans la lutte contre le réchauffement climatique" et l’UMIH appelle donc "tout le monde à respecter la décision".
Pour autant, celui qui est aussi propriétaire de plusieurs commerces regrette "le timing de cette décision". "En 2021 nos établissements ont déjà été fermés cinq mois, aujourd’hui est-ce que l’on était à 3 mois près ?", s’interroge-t-il. Mary Année, la directrice du Broc, une institution du 1er arrondissement, est plus véhémente : "C’est un peu ridicule de nous enlever ça pour l’hiver, surtout après les difficultés que l’on a rencontrées avec le Covid. On a déjà eu une perte d’activité, on n’avait pas besoin de plus de restrictions", déplore-t-elle. Le manager d’un bar place Sathonay, lui, ne "comprends pas qu’il y ait des arrêtés locaux et pas nationaux".
"La crise sanitaire a bon dos"
Car, dans les faits, en décidant d’interdire dès cet hiver ces systèmes de chauffage, avec la prise d’un arrêté municipal le 28 juillet, Grégory Doucet n’a ni plus ni moins qu’anticipé une décision nationale, qui doit s’appliquer en 2022. Demandée par la convention citoyenne pour le climat, cette interdiction avait en effet été actée par la ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili, il y a plusieurs mois, avant qu’elle ne fasse le choix de la repousser en raison de la crise sanitaire.
Si la mairie de Lyon a décidé de passer à l’acte en 2021, c’est parce que "le climat n’a pas grand-chose à faire de nos considérations politiques. Son changement n’attend pas et la crise sanitaire a bon dos", fait valoir l’édile écologiste. Pour lui, le gouvernement " procrastine pour ne pas l’appliquer", pendant que Lyon "applique sans filtre l’une des mesures de la convention climat ".
"Dès demain, lorsque l’on va couper le chauffage, je pense que l’on va perdre des gens en terrasse, c’est une évidence."
Mary Année, la directrice du Broc, un bar du 1er
Conséquence, les commerçants qui utilisaient des chauffages extérieurs, au nombre de "1 sur 10" estime la mairie, vont devoir s’adapter en prenant exemple sur des établissements comme le coffee shop "Comme à la maison", qui utilise des plaids depuis son ouverture. Chauffer l’extérieur n’est "jamais venu à l’idée" de sa propriétaire Camille Point, qui reconnaît toutefois que sa terrasse "est très peu utilisée l’hiver", car ses clients "préfèrent être en mode cocooning à l’intérieur". Ici, à chaque fois qu’un plaid est utilisé il est ensuite lavé, "c’est une question d’hygiène", précise Camille.
Les pertes de chiffre d’affaires inquiètent
Au Broc, qui compte principalement sur sa terrasse d’une quarantaine de places, les plaids sont proposés aux clients depuis de nombreuses années, mais ils venaient en accompagnement des "chauffants" installés sur la tendue qui peut couvrir la moitié de la terrasse. D’ailleurs, ce matin, certains de ces systèmes de chauffage sont encore allumés, la directrice des lieux étant persuadée que l’interdiction n’entre en vigueur que ce jeudi. Installée derrière son bar, elle craint déjà la "perte de chiffre d’affaires" à venir, "dès demain, lorsque l’on va couper le chauffage, je pense que l’on va perdre des gens en terrasse, c’est une évidence".
"Certains établissements de la place des Terreaux, qui ont de petits intérieurs et qui exploitaient vraiment leurs terrasses grâce à ça, en hiver, vont perdre 30 à 40% de leur chiffre d’affaires."
Geoffrey Clavel, le président des bars et brasseries à l'UMIH du Rhône
Le manager d’un bar de la place Sathonay, qui compte une centaine de places en terrasse, lui ne se fait pas plus d’illusions, "avant, quand le chauffage ne fonctionnait pas le matin on avait moins de monde en terrasse, moins de fumeurs. Ce n’est pas pour rien que tous les grands bars de Lyon avaient ce système". D’après Geoffrey Clavel, "certains établissements de la place des Terreaux, qui ont de petits intérieurs et qui exploitaient vraiment leurs terrasses en hiver grâce à ça, vont perdre 30 à 40% de leur chiffre d’affaires". Et, selon Grégory Doucet, "il n’y aura pas de système de compensation".
Des contrôles sont prévus
Certains, comme Christophe Cédat, le patron du Café 203 dans le 1er, ont donc décidé de passer outre l’interdiction. Celui-ci assurait ainsi à nos confrères du Progrès : "en cette période sanitaire, interdire le chauffage c’est renvoyer les clients à l’intérieur des établissements, rendant la distanciation impossible sans parler de la baisse du chiffre d’affaires, déjà sérieuse depuis plus d’un an et demi", alors que son café propose 70 places en terrasse.
Lire aussi : Lyon : le Café 203 va continuer de chauffer sa terrasse, la maire du 1er réagit
Les commerçants avec qui nous avons pu échanger ne sont pas prêts à prendre le risque d'écoper d'une amende ou de voir leur commerce fermer. D’autant que Valentin Lungenstrass, l’adjoint aux mobilités, à la logistique urbaine et aux espaces publics, l’assurait ce matin des contrôles seront menés. Et, en cas d’infraction, "des mises en demeure pourront être appliquées dans un premier temps, avant des sanctions avec des amendes [de 35 euros, NDLR] et des suspensions temporaires ou plus longues [des terrasses, NDLR] pour ceux qui ne jouent pas le jeu". Alors, cet hiver, n’oubliez pas gants, bonnets et écharpes avant de vous installer en terrasse.
Sacré chiffre d'affaire.. quans tu nous tiens !
Puis pour être attablé en terrasse entre "ami-e-s" chacun sur son phone mobil est ce que ses chauffages sont justifiés ? Iels ont tous des chauffrettes dans les mains ..; 😉
"Tu as du faire chauffé ton neurone pour trouver une telle réponse.. Repose toi bien!"
"il n’y aura pas de système de compensation" Le khmer n'a pas tout le dictionnaire politique. C'est à ça qu'on le reconnait !
"il n’y aura pas de système de compensation" Le khmer n'a pas tout le dictionnaire politique. C'est à ça qu'on le reconnait
"après les difficultés que l’on a rencontrées avec le Covid", à d'autres car ils ont été bien indemnisés... du moins sur ce qu'ils déclaraient auparavant. S'ils ont triché avec le fisc ils méritent des poursuites., surtout pas des aides financées sur nos impôtss.
La seule "aberration écologique" à Lyon, c'est son maire et toute sa clique.
Et pendant ce temps là, la Chine produit !
Et on continue d'acheter chez eux ! 😀