Une mise en impasse de la rue Jérôme Dulaar va être expérimenté pendant plusieurs mois, pour « apaiser la rue ». (Photo Hadrien Jame)

Lyon : à la Croix-Rousse des riverains protestent contre la mise en impasse de leur rue

C’est peu dire que la perspective du passage en impasse, à titre expérimental, de la rue Jérôme-Dulaar ne fait pas que des heureux. De nombreux riverains de cette rue du 4e arrondissement se sont réunis le week-end du 20 novembre pour protester contre ce changement de circulation qu’ils estiment "inadapté", même s’ils ne sont pas contre l’idée de renforcer la sécurité des usagers dans la rue. 

Coincée entre les rues Henri Gorjus et Denfert Rochereau, la rue Jérôme Dulaar, à la Croix-Rousse s’apprête à connaître un changement radical. À partir de ce lundi 29 novembre, la mairie du 4e arrondissement de Lyon doit conduire des travaux d'aménagement afin de transformer la rue en impasse, (Edit 29/11/12 - 11H30) ces derniers ont débuté sur le haut de la rue ce matin.

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Jusqu’à présent cet axe ne pouvait être empruntée qu’à sens unique, les véhicules rentrant par la rue Henri Gorjus, avant de ressortir par la rue Denfert Rochereau. La voie étant placée en zone dite de "rencontre", la vitesse y était limitée à 20 km/h et les piétons étaient prioritaires sur la chaussée, les trottoirs étant trop étroits, selon le Code de la route. 

Couper la rue pour la sécuriser 

Malgré ces dispositions, la municipalité a estimé que les conditions n’étaient pas réunies pour assurer la sécurité des piétons et à donc décidé d’installer des barrières de "type pompiers", " entre le numéro 13 et numéro 15", pour couper la rue en deux tout en permettant aux "bennes à ordures ménagères et [aux] secours" de passer. Une nécessité, d'après elle, car de "nombreux automobilistes" utilisent cette rue "comme raccourci entre les rues Henri Gorjus et Denfert Rochereau" et y "roulent à une vitesse excessive". Selon le plan présenté par la mairie, visible ci-dessous, les riverains continueront à avoir accès en voiture à leur domicile, mais ils devront rentrer et sortir par la même rue. 

Après les travaux qui seront menés du 29 novembre au 3 décembre, L’entrée et la sortie des véhicules s’effectuera par la même rue. (Crédit mairie du 4e)

La situation aurait pu en rester là, mais, à la découverte du projet de travaux dans leurs boîtes aux lettres, de nombreux riverains ont fait part de  leur incompréhension. "Moi je voudrais savoir d’où ça sort. Ça ne me dérange pas outre mesure, mais ça ne va pas solutionner grand-chose par rapport aux scooters [qui passeraient aujourd’hui à contresens, NDLR]. L’idée est bien, mais dans la pratique cette mesure n’est pas forcément adaptée", déplore une habitante de la rue présente à un rassemblement organisé le 20 novembre.

"Une mesure pas forcément adaptée"

Son constat est plus ou moins partagé par la cinquantaine d’habitants réunis ce matin-là dans le froid qui baigne la rue Jérôme Dulaar. À les entendre, de meilleures options, moins contraignantes, auraient pu être proposées, l’installation d’un "feu tricolore" ou d’une "borne escamotable", la création "de ralentisseurs" ou la pose d’un "panneau sens interdit, sauf riverain". Des solutions qui auraient été écartées par la mairie lors d’une réunion organisée le 19 novembre avec des représentants des habitants de la rue. Certaines auraient été jugées trop chères, quand d’autres seraient inadaptées à cette voie. 


"Là ils veulent faire faire des marches arrière aux voitures dans une rue où il y a des piétons et des cyclistes", explique perplexe un habitant de la rue


Certains craignent que l’installation de cette barrière marque le début de nouvelles contraintes. "Les éboueurs ne vont plus venir jusque chez nous du coup. Ils vont demander aux gens d’aller déposer leurs poubelles au bout de la rue", s’inquiète un habitant, quand, à côté de lui, un autre estime qu’après ce sera au tour des livreurs de faire pareil "ils vont dire qu’ils sont passés, mais qu’il n’y avait personne". "La rue mesure trois mètres de large, alors comment on va faire pour faire demi-tour", s’interroge une femme, mètre à la main. "C’est important de faire preuve de bon sens, abonde un buraliste du quartier qui habite dans la rue. Mais là ils veulent faire faire des marches arrière aux voitures dans une rue où il y a des piétons et des cyclistes", lâche-t-il perplexe.

Sur la partie supérieure de la rue, du côté de la rue Henri Gorjus, les véhicules devront faire marche arrière pour ressortir s'ils ne possèdent pas de garage ou d'entrée pour faire demi-tour. (Photo Hadrien Jame)

Un manque de concertation 

Dans les faits, ce nouveau plan de circulation qui devrait être opérationnel dès la fin des travaux, le 3 décembre, n’est pour le moment qu’une expérimentation qui doit durer jusqu’au mois de septembre avant un bilan et une concertation. Pourtant pour les habitants, la pose d’une barrière à comme air d’irréversible. "Ils envoient un courrier un mois avant et arrivent ensuite avec une barrière. Elle est où la concertation", s’agace ainsi une riveraine.

Au milieu de tous ces habitants qui échangent entre eux et partagent leur regard sur le projet dans un grand brouhaha, une tête détonne, celle de David Kimelfeld. Que l’on ne s’y trompe pas, le conseiller métropolitain et ancien maire du 4e arrondissement n’est pas un habitant de la rue, il assure être  seulement "là pour écouter". "Moi je n’ai pas d’opposition ferme contre ce projet, mais il faut d’abord convaincre les riverains. Il faut mettre les gens autour de la table et leur donner des éléments. Il faut discuter avec eux, car installer des barrières ce n’est pas une expérimentation", relève l’élu. 

Le 20 novembre, jusqu'à cinquante personnes se sont rassemblées rue Jérôme Dulaar, pour échanger sur la mise en impasse. (Photo Hadrien Jame)

Pour Cécile, une habitante, qui réside du côté de la rue Denfert Rochereau, plus d’échanges auraient notamment permis à la mairie de réaliser que "le carrefour avec la rue Denfert Rochereau va devenir dangereux [avec la sortie et maintenant l’entrée des voitures, NDLR] alors qu’il y a une école juste à côté et de nombreux enfants qui passent ici. Pour moi c’est un dossier technique non étudié, et c’est grave", alerte-t-elle. 

(Edit 29/11/12 - 11H30). Selon nos informations, le sujet devrait être abordé lors du prochain conseil municipal du 4e arrondissement, qui se déroulera ce mercredi 1er décembre. Les riverains de la rue Jérôme-Dulaar ont d'ailleurs prévu de s'y "déplacer en nombre pour marquer le coup, afin que nos élus se rendent compte de notre mécontentement sur cette mise en impasse", nous confie l'un d'entre-eux.

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