"A Avenas, on prend de la hauteur !". L'adage demi-décennal du Trail d'Avenas, dans le Haut-Beaujolais, a montré toute sa vérité ce dimanche 16 janvier, à l'occasion de sa 5e édition.
De là-haut, à 8h00 du matin, un panorama superbe et architectural : équilibre des volumes, rythme des lignes de force, harmonie et grandeur de l'ensemble. Et une mer de nuages.
Villié-Morgon, dix kilomètres en contrebas, et terroir du morgon, le plus étendu des crus du Beaujolais, était dans un brouillard épais, avec -7°C au mercure. Avenas ,où selon la tradition son église fut construite par Louis le Débonnaire en souvenir de la défaite du traître Ganelon par Charlemagne qui aurait eu lieu près du village , était tapissé d'un ciel bleu. D'un bleu qui annonce le froid. -4°C.
Les dizaines de coureurs sautillent sur place en attendant le coup d'envoi.
22 kilomètres et 900 mètres de dénivelé positif. Sur le papier, petit trail. Sur le terrain, il a fallu cogner et tenir. Car les gentils organisateurs, l'association de l'Amicale des Avenaudis, outre le fait d'avoir caché le parcours jusqu'au matin de la course, l'avaient joué cachotterie au saut du lit : la seconde moitié du trail était nettement plus raide que la première ! Avec des montées abruptes et même un (quasi) kilomètre vertical en toute fin de course pour grimper jusqu'à la croix de Rochefort, à certains moments à quatre pattes.
Joie des crampes auX molletS, résultant d'une hyper-excitation des nerfs des membres inférieurs. Certains coureurs étaient d'ailleurs surexcités au point d'envisager de faire courir les organisateurs avec des poids rivés aux chevilles, les yeux bandés en canicross.
Mais ça en valait le voyage - plaques d'immatriculation de 01, 69, 73 ou 74 et même un 2B mais pour le coup il a dû (sacrément se perdre). Peut-être une confusion avec canzona...
Bref. On connaît la chanson, là-haut au milieu des reliefs boisés, des prairies et des forêts de résineux.
Ce qui fait la spécificité du trail d'Avenas, c'est la période à laquelle il se court. Mi-janvier, après une (grosse) pause dans la saison et les épanchements bachiques de fin d'année. Dire que "ça passe crème" ne serait que balivernes de coureurs qui n'ont jamais couru Avenas. C'est certes roulant, mais sur un sol gelé, avec de la glace, de l'eau glacée boueuse (quand la glace fond) - c'est toujours sympa de courir avec les pieds gelés - et donc boueuse. Sans (re)parler des bosses cassantes.
Quand on part, le corps chauffe rapidement. On transpire, au point de se dire qu'on aurait du mettre un short. Sauf que les passages en sous-bois ou dans les combes sans soleil vous pétrifient instantanément.
Mais la beauté des paysages et la bienveillance joyeuse des bénévoles fait passer les douleurs en seconde zone. On sort ainsi de sa zone avec plaisir. Le dimanche après-midi avec des poteaux en béton armé à la place des jambes. En se disant qu'on reviendra l'année prochaine.
Tous les résultats de l'édition 2022 du Trail d'Avenas ici.
> 660 arrivants (dont 243 sur le 22 km, 118 sur le 33 km, 248 sur le 14 km, 24 sur le 14 km canicross; pour les enfants, 10 sur le 3 km et 17 sur le 1 km).