Jacques de Larosière, ancien président du FMI, ancien gouverneur de la Banque de France
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"Un système qui développe le nombre de chômeurs en les traitant correctement est un système antisocial" Jacques de Larosière, ancien président du FMI

L'ancien président du FMI Jacques de Larosière établit pour Lyon Capitale un diagnostic éclairé sur la situation très dégradée de l’économie française. Il met en avant les nombreux retards accumulés depuis 45 ans par notre économie.

Jacques de Larosière a fait sa carrière au sein d’institutions financières, comme le Fonds monétaire international, qu’il a présidé, ou la Banque de France dont il a été gouverneur. Il est aujourd’hui conseiller du président de BNP Paribas, où il a reçu Lyon Capitale. Lyon Capitale : De quelle interrogation est né votre livre ? Jacques de Larosière : De l’interrogation suivante : comment la France, pays doté d’immenses atouts, nation de haute culture, patrie des grands génies scientifiques, un des phares de la pensée universelle, peut-elle être si mal placée aujourd’hui dans les classements internationaux concernant la performance économique et l’éducation. Qu’est-ce qui, selon vous, résume le mieux notre retard ? La croissance du produit intérieur brut français a décroché par rapport à la moyenne de l’OCDE depuis quarante ans. C’est là l’indicateur le plus synthétique du retard français. En 1975, nous étions au 5e rang mondial concernant le niveau de vie par habitant après les États-Unis, la Suisse, le Luxembourg et la Suède. Aujourd’hui, nous sommes 26e. Jacques de Larosière Vous expliquez que l’un des fléaux en France est la désindustrialisation… C’est effectivement l’un des retards le plus important et le plus grave parce que lorsque vous avez une industrie forte, basée sur une recherche importante, une compétitivité qui vous permet de vous placer sur le marché mondial, vous avez un atout économique fondamental. L’industrie est en effet génératrice de postes qui ne sont pas uniquement ceux de l’industrie concernée. Elle sécrète de la logistique, de la recherche, du marketing, etc. Étant donné que chaque emploi dans l’industrie génère en moyenne deux emplois dans le secteur des services, on peut calculer que si le secteur industriel français ne s’était pas atrophié, notre population active compterait plus de cinq millions de travailleurs supplémentaires. L’industrie est, en définitive, un cercle vertueux. Oui parce que notre désindustrialisation entraîne de lourdes conséquences collatérales : hausse du chômage et, par là même, augmentation de la dépense sociale, affaiblissement du revenu par tête… Bruno le Maire, l’actuel ministre de l’Économie, a pourtant expliqué, lors d’un débat télévisé avec un candidat à la présidentielle qu’ "il n’y a pas de grand déclassement de la France” et “que nous sommes en train de retrouver le niveau de croissance, le niveau d’emploi, le niveau de réindustrialisation que nous avions pendant les Trente Glorieuses" C’est un déni et c’est inexact.

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