La majeure partie des personnes transportées dans ce dernier convoi était détenue à la prison Montluc. © Tim Douet

Lyon : polémique autour de la restauration du musée - mémorial de Montluc

Un projet de nouvelle exposition permanente doit voir le jour à la prison de Montluc, dans le 3e arrondissement de Lyon, haut lieu de mémoire de la 2e guerre mondiale. Une restauration qui fait polémique. Explications.

Pendant plus d’un an, entre février 1943 et août 1944, la prison de Montluc, dans le 3e arrondissement de Lyon, réquisitionnée par l’armée allemande, va être transformée en antichambre de la mort. En an et demi, entre 8 000 et 11 000 détenus ont été emprisonnés dans la prison du 3e arrondissement de Lyon par le "boucher" de Lyon, le chef de la Gestapo de Lyon, Klaus Barbie. Parmi eux, en 1943, le plus célèbre résistant français, Jean Moulin, arrêté à Caluire quelques jours plus tôt.

Lyon Cap' vous raconte l'histoire de la libération de la prison de Montluc "antichambre de la mort" en 1944, à retrouver ICI

Depuis 2010, le fort de Montluc est devenu un mémorial de la seconde guerre mondiale, de l'histoire de la résistance. Une mémoire de ce qui c'est passé dans ce lieu pendant un an et demi... Le projet de la nouvelle exposition permanente est d'inclure toute l'histoire de la prison et de ne plus se limiter uniquement à la seconde guerre mondiale, de narrer l'histoire de la prison de 1921 à 2009, de son ouverture à la fermeture. Montluc a aussi été une prison militaire, Montluc a aussi connu un rôle important pendant la guerre d'Algérie.

"On ne fait pas de l'histoire en mélangeant les histoires"

Un nouveau projet qui ne passe pas chez les associations à l'origine de la création du mémorial, en 2010. "Vichy et l'Algérie ne doivent pas rentrer à Montluc, c'est incompatible avec notre pensée, nous avons promis à ceux qui sont morts dans cette prison que nous serions les vigiles contre le nazisme", explique Jean Lévy, délégué régional de l'association « Fils et Filles des déportés juifs de France » sur France 3. "C'est déjà très difficile d'expliquer ce qu'il s'est passé dans cette prison, c'est déjà très difficile d'expliquer la Shoah en Europe, il faut raconter cela avec une clarté sans nom [...] On ne fait pas de l'histoire en mélangeant les histoires, il faut être précis, et la deuxième guerre mondiale, avec ses cinquante millions de morts, mérite qu'on s'y intéresse en détail", ajoute Monsieur Lévy.

Philippe Cochet, le maire de Caluire-et-Cuire, la commune où a été arrêté Jean Moulin, est également vent debout contre ce projet de restauration. "Ce projet, s’il venait à voir le jour, viendrait noyer la période la plus sombre de la prison de Montluc, l'une des plus sombres de notre histoire, au milieu d’une rétrospective globale de l’historique de la prison. Il n’est pas concevable de voir reléguer au second plan l’hommage aux 10 000 hommes, femmes et enfants, victimes de la barbarie Nazie, qui y furent internés", explique Philippe Cochet.

"Il n’est pas imaginable d’effacer purement et simplement la nuit d’horreur passée entre ces murs par les 44 enfants d’Izieu, à la mémoire desquels un espace devait être consacré. Enfants dont, ne l’oublions pas, le martyr fut l’un des chefs d’accusation permettant de faire condamner le criminel de guerre Klaus Barbie pour crime contre l’humanité", ajoute le maire de Caluire-et-Cuire.

Lire aussi : Lyon : c'était un 24 août, la libération de la prison de Montluc "antichambre de la mort" en 1944, récit


POUR ALLER PLUS LOIN

Le CHRD (Centre d'histoire de la résistance et de la déportation de Lyon) fête ses 30 ans en 2022. Un musée situé dans un bâtiment qui a une histoire lourde, dans un ancien haut lieu de barbarie nazie. Isabelle Doré-Rivé, la directrice du CHRD, était l'invitée de 6 minutes chrono, la quotidienne de Lyon Capitale, le 26 janvier. Elle retrace l'histoire du musée et présente la nouvelle exposition.

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